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MÉMOIRES, |
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DE M. LE COMTE |
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„ DE ST. GERMAIN. |
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Miniftre & Secrétaire (T Etat dé la guerre ^
Lieutenant générai des armées de France , Fe/d - Maréchal au Service de Sa
Majeflé, le Roi de Dannemark, Chevalier Commandeur de rôrdre de l'Eléphant,
écrits par lui-même. |
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|
à |
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^A AMSTERDAM, Chez MARC-MICHEL REY. M D C C L X X I X. |
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T |
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CONTENU |
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DE CES MÉMOIRES. |
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Administration.
Pag, |
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SeStion
I.i |
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Se&ion
H.il |
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Méthode
que doit obferver M. le Comte de St, Germain pour parvenir avec fureté à
rexécution de fes projeté.16 |
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|
Ordonnancer en confiquence de ce plan.
2.1 |
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|
Méthode
à obferver.
•23 |
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Mèyens
de confolider cet ouvrage.24. |
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·
Section III.43 |
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|
·
Section IV. |
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Nouvelle
Constitution.84 |
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Premier
projet pour Fétabliffement S un confeil de guerre.89 |
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Second
projet.98 |
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Seconde
Partie des Mémoires Militaires.* 128 |
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Du
Confeil de guerre, de fa compofition & df fes fonctions.i$5 |
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Du
Confeil du Tribunal.161 |
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De
la Solde de F Etat militaire.164 |
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De
là Compofition des troupes.166 |
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Suite du Mémoire Militaire, 171 Compofition
à un Régiment <F Infanterie de deux |
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Bataillons.18$ |
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Compofition <d’un Régiment * de Cavalerie, Dragons, &c.
Tpi |
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· • 2 |
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Gouvernement
intérieur des Régiment. , >' 194, Enrôlement, habillement, armement
& équipement des Soldats.200 |
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Des différentes fournitures à faire aux troupes. 208 |
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Des
hôpitaux militaires.mit |
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Des
fortifications.213 |
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|
Des
états majors des farter effet.215 |
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Deuxieme Suite du Mémoire Militaire. 217 |
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|
Des
veuves dOfficiers.ibid. |
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|
Des
exercices des troupes.219 |
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|
Le
manimenf des armes.220 |
|
|
|
Le
feu.221 |
|
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|
La
marche.228 |
|
|
|
Les
évolutions & déploymens.229 |
|
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|
Des
états majors de formée.230 |
|
|
|
Des
Officiers généraux.232 |
|
|
|
Des
changemens de garnifons. <234 |
|
|
|
Des
cazernes.235 |
|
|
|
Divifion
de formée.236 |
|
|
|
Des
campemens.241 |
|
|
|
Du
mot ou de la parole.244 |
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|
|
Des gardes extérieures ou grandi gardes.
ibid. |
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|
|
Des
décampemens.249 |
|
|
|
Des
galeres de terre..251 |
|
|
|
De
la conduite dune armée viftorieufe dans le pays ennemi.. 253 |
|
|
|
Avis
de l’Editeur.257 |
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|
.XI Lettres dun Officier général adreffées. à M. le Comte de
Sr. Germain, avec les ni réponfes de ce Minifire.
258*306 |
|
|
|
AVERTISSEMENT |
|
|
|
AVERTISSEMENT |
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|
D B |
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|
L’E D I T E U R |
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' DE CES |
|
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MÉMOIRES. |
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|
Les Mémoires que nous publions, qui font très-intéreffants par
leur objet & par la célébrité de celui qui en eft fauteur, ne font
pas de ces ouvrages de pure ima-ginqtion, tels que les tefiamens
politiques-de différons grands Msnifires; nous ne pouvons douter qu'ils ne
foient le fruit des réflexions de M. le Comte de Saint Germain pendant fa
retraite, puifquil n'y a pas un mot, dans les papiers qu'on i nous a confiés, qui ne /bit
écrit de fa main. D'ailleurs, fes mémoires militaires 1 j qui en forment la féconde partie ^ &que i précédemment à fon élévation
au Minifferè' |
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|
A |
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|
|
If AVERTISSEMENT. |
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|
|
il avait envoyés au feu Maréchal du Muy & à M. le
Comte de Maurepas /ont trop connus pour qu’on pui/fe en impofer. |
|
|
|
Ce Miniftre avoit confervé une liaifin intime avec un homme de
qualité d*Allemagne parent de Ma#, la Comte/fi de Saint Germain
& qui jouijfoit à un tel degré de /a confiance & de fin
amitié que dans toutes les Situations oà il s’efi trouvé, il lui a
conftamment ouvert fin ame. Dès qu’il a vu qu’il étoit en danger de mourir,
il a ra/femblé tous les papiers qui fi avaient aucune relation avec fis
intérêts ou fa fortune perfonnelle & les a envoyés à fin ami en
Allemagne, en lui laiffant la liberté d’en faire, après fit mort, tel ufage
qu’il croiroit utile à fa réputation. Cefi de cet homme de qualité, qui ne
veut pas être nommé, que nous les avons reçus. Nous regrettons |
|
|
|
infiniment dé cé qu'il n'a pas voulu nous permettre dé publier
en meme tems la correspondance de M. le Comté de Saint Germain avec M. de
Cremille; elle aùroit ajouté un nouvel intérêt à cet ouvragét mais il a
craint que cette publicité ne Compromit des perfonnes confîdérables
& auxquelles on doit des égards & du res-peët. Ceft par un
effet de cette même circonfpeBiw quil ne nous a pas permis de copier les
conditions qui lui avoient été prefcrites, lorfqu'il fut appelé au Miniftere,
ni les lettres que Louis XVL lui a écrites dans différentes circonftances,
.Par le premier écrite on aurait vu qu'il n'a rempli aucune de ces
conditions; &, dans les lettres dé Louis XVI, au contraire ^ on aurait
obfervé avec plaifir combien tous les mouvement de l'âme de ce Prince font
marqués au coin de la bonté. |
|
|
|
IV AVERTISSEMENT. |
|
|
|
fie la' bienfaifance & de la juftice. On aurait
furtout admiré cet amour invariable four le bien & ce devoument
ab-folu, fi rare dans les. Souverains, pour tout ce qui pouvait y conduire,
Mais dé-toit la publicité de ces différons écrits, que, par refpe^pour le
Roi, M. le Comte de Saint Germain avait interdit à fon ami ; & cet
ami n'a pas voulu qu'on eût à lui reprocher d’avoir manqué aux devoirs d’une
amitié fidele, |
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|
|
PREMIERE PARTIE ' |
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|
ADMINISTRATION. |
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|
S E C T I O N . L " |
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Les differentes deffinées que j’ai ^prouvées dans le cours de'
ma vie /ni-ont allez apris à fuporter avec courage lés viciffitudes des
chofes humaines. En quelque fituation que je me fois trouvé, j'ai toujours
adoré les relforts fecrets de la divine providence» La même' tranquillité
d’efprit avec laquelle j’ai Vu dans l'aurore de-ma vie là fortune fécônder
mes vœux & mon ambition en m’éîe-vant rapidement àüx premières
dignités militaires,je l’ai coiifervée dans les revers que j’ai éprouvés; réduit,
pour ainlt «lire, à -l’aumône par la banqueroute du Banquier de Hambourg à
qui j’avois confié toute ma foraine,' j’ai trouvé la confo- |
|
|
|
talon la plus douce dans la démarche générée <X noble des
Colonels Allemands, qui a pour ainfi dire rapelé dans le fouvenir de ma
nation mon exiftence, & je leur dois la penfion que le Roi m’avoit
accordée ; elle fuffifoit à mes befoips* Parvenu ^lois à l’âge de 68 ans, U
ne fubfiftoit plus d’autre defir I dans mon ame que de jouir d’un repos bg^
J’avois $œouvé à un tel point ^:& faujrq fortune, que tout fenti-jpentd’gmbidou était
éteintèen
moi. Mais àpeine^-je eu Je terns de goûter les douceurs d’une vie fi
agréable, que je me fuis vu entraîné de nouveau dans Rembarras
& dans l’agitation des affaires. ^ielé à la: tête de
l’aMBjfla&lw mili-taire de .FraQçe par un. de ces., hasards, qui tiennent
.du prodige a. je, ne ç^ fuis, déterminé qu? pour, né pas .paître; me
refufçr à ma paqie* à qui je penfai que ines f^viçes p^qyçdenr .^.li... T^wt
Çfc. <we. M fiwrté de travaux ^. tout ÇÇ.WW dW de çontTadi&Qas dans
cçtte pénihlQ ^nouvelle carrière ne |
|
|
|
DE S*. GERMAIN. $ peuvent fe concevoir; mais, comme tous mes
efforts n’ont pas fuffi pour furmon-ter les obftacles qui s’opofoient au bien
que je défîrois & que j’étois fincérement intentionné de faire, que
j’ai vu une grande & dangereuTe Anarchie s'élever par le choc de
tant d’autorités qui con-trarioient la mienne, j’ai préféré de nou* veau le
repos à l’éclat de la place que j’occupois & qu’il in’étoit
déformais im-poflïble dé remplir aveé la dignité com venable. Je ne penfe pas
pouvoir employer plus utilement le loifir que me laifïè ma retraite qu’en
rendant compte du plan que je m’étois propofé dans-mon adminiftration; c’eft
une jufbficà-tion que je me dois & qui pourra peut-être ramener lés
opinions- qui me .font-devenues fi contraires. Je n’ai pas droit de m’en
plaindre ; on ne peut me juger que fur les effets que l’on connoît, puis*
qu’on ignore là caufe qui les a produits; J’efpere que mon exemple fervira de
leçon à tous ceux que la fortune ou les' talons apelteront à une
âdminifhation? |
|
|
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$ MÉMOIRES du COMTE |
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|
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quelconque. En lifant avec attention ces mémoires, ils
connoîtront tous les piégés de l’intrigue ou de fa méchanceté, les dangers de
fa flatterie, & furtout ceux de fa foiblefTe; iis verront qu’un
Ministre qui veut le bien, éprouve des con-tradiétions fans nombre
& fouvent les plus fortes, de fa part de ceux même qui devroient y
concourir avec lui; & ils conviendront de l’impoffibilité évidente
d’arriver à fon objet lorfqu’une force fupérieure lui fait fa loi, que fa
corruption eft parvenue à un tel degré que le bien que l’on fait fe tourne en
mal par l’abus dont il eft fiiivi & qu’à chaque pas les préjugés
s’oppofent à toute inftitution, à tout arrangement patriotique. Us le
plaindront fiirement d’être dans la dure néceffité de lacrifier fans ceflè
fes bonnes intentions aux vues in-téreffées d’autrui. Maiheureufèment, plus
un adminiftratêtir qui voit les chofes de près, envifage fa grandeur de ce
mal, plus Ton ameen eft accablée, & plus rapidement elle eft
entraînée dans une. |
|
|
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DE S*. GERMAIN. 9 infenfibilité dangereufe pour tout événement
bon ou mauvais, & dès lors il y a à craindre qu’il ne laiffe aller
les chofes au gré du fort |
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Je conviens que ce feroit une grande qualité en lui de ne
jamais defefpérer du falut de l’état, de fe roidir contre les événemens, de
leur oppofer une fermeté fi grande que l’on puiflè prelque Ce flatter de tirer le bien de
l’excès du mal. Ce feroit même là une fituation où il éprouveroit le plus de
fecours de la part des gens de bien dont malheureufement le nombre eft fi
petit Si au contraire il fe décourage, il fera couvert de blâme & il
deviendra coupable envers la nation qui a droit de le juger. Voilà par
malheur où m’ont conduit le manque de fermeté, une confiance & une
défiance également déplacées: j’ai été trompé; je n’accufèrai perfonne; je me
bornerai à faire le récit exaft de tout ce qui s’eft pafïë pendant mon
miniftere, & je lais-ferai au leéteur le foin de juger ceux qui ont
concouru au fuccès de mes opéra- |
|
|
|
#ons, ou qii .les ont morcelées ou dé* gradées. Comme ces
mémoires rte dob vent paraître qu’après ma mort, je ne craindrai pas de dire
la vérité. Mon lùc-cefièur pourra y puifer d’utiles leçons. |
|
|
|
S E C T I ON U |
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|
|
Tout le monde fàit que ce fut M, l’Abbé Dubois, Aumônier dé M.
le Cardinal de Rohan, que le nïiniftere chargea de me prapofer la place de
Secrétaire d’Etat de la guerre. Il ne me paraît pas bien intéreflànt de
détailler ici toutes les çirconftancés de là million, mon extrême étonnement
& l’embarras où d’abord me jeta une propofition fi peu attendue;
mais enfin, par les motifs dont, j’ai déjà parié, j’acceptai & je
partis incontinent après pour Fontainebleau où étoit la Cour. Toute la France
s’y étoit ras-femblée, & jamais on lie vit autant de démonfirapon de
joie & une plus grande |
|
|
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©Il, ST. GERMAIN, j: |
|
|
|
: unanimité de fuffisges.
J’avoue que mon ?mom propre en fut extrêmement flatté. Mais une longue
expérience, une profonde connoiflànce des hotnmes & moi çaratee
naturellement froid & indiffèrent, me fàuvereilt du danger de tant
d’hommages, & ma tête au milieu de ce brouhaha n’en fut point
troublée. |
|
|
|
Je ne cairncaffois aucun des miniftres à qui étaient confiés tes diffèrens
dépar-temens, & je connoiflois encore moins M- le Comte de Maurepas.
J’en avois entendu parler divertement, & , dans ce qui m’étoit
revenu de lui dans ma retraite, il me tembloit que l’opinion publique lui
accordoit beaucoup d’efprît & furtout beaucoup d’agrément .dans
Tefprit, une conception rapide & facile, une mémoire qui n’a jamais
rien oublié, une grande habileté à iàifîf le vrai point des aflàires & à
les.manier avec dextérité; un ca-laftere doux porté à Tirtdplgençe, à la
bienfàifançe ; mais légers, plais capable defacrifien dé grands intérêts à un
bon çiot: ?<(^nt ç# cjuel^uqs-unçs dq |
|
|
|
t» MÉMOIRES du COMTE ces qualités & de ces vertus qui
font les hommes d’Etat, mais suffi perdant la plupart de fes avantages par la
légéreté de fon caraétere. |
|
|
|
Dès mes premières converfàtions avec lui, je m’apperçus de ces
triftes vérités. Si je m’étois laiiTé aller aux mou-vemens de mon aine,
j*aurois dès lors demandé la permiffion de rentrer dans mon hermitage
Quelques pérfoniies à qui je m’en étois ouvert me diflûaderent; cm me fit
entrevoir qu’une pareille démarche affermiroit l’opinion qu’on avoit de mon
inconûancé; on me flatta enfin que le caraftere du Roi*- fa fermeté, ia
fimplicité, fon amour pour le bien & pour la juftice;
& furtout ion averfion pour tout ce qui avoit l’air de la cabale ou
de l’intrigue, pouvoient, malgré la légéreté & l’indifférence dé M.
de Mau-repas , me féconder & me faire arriver à mon objet Je me
livra d’autant plus facilement à cette efpérance que, dans quelques
entretiens particuliers que j’eus avec ce Prinçe, je le trouvé plein d’une |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 13 bonté féduilànte; tous les mouvemens de ion
ame l’entraînoient vers la juftice & la bienfaifance, & il
ne relpiroit que l’amour de la vertu & du bien. Je ne devois donc
pas prévoir qu’il viéndroit un tems où tous les malveillans, qui étoient en
grand nombre, parviendroient au fuccès de leurs vues intéreffées,
& que le bien de Ton fervice, peut-être même la gloire de fon régné,
feroient ainfi facrifiés aux avantages de quelques individus particuliers. |
|
|
|
En même tems que je me plains avec tant de raifon, de quelques
hommes puis-lànts & mal intentionnés, qui ont fi fort contrarié mes
projets, je dois m’accufer moi-même d’avoir mal commencé l’ouvrage de la
grande réformation que je mé-ditois. Il eft vrai que je n’ai pas oblèrvé un
allez profond lècret; je me fuis livré avec trop de confiance à quelques
hommes qui avoient calculé mon âge, l’in-ftabilité de ma place
& l’elpérance de fe faire des amis puiflans aux dépens du .bien. Ces
hommes pervers fe font fait un jeu |
|
|
|
14 MÉMOIRES du COMtE de divulguer mes Vues & de me
prépare# par-là de grands obftacles à vaincre, &j lorfque ces obftacles
fe préfenterent en foulé, au &ü de m’encourager & de m’aider à
les combattré, ils ne cherchoient qu’à m’entraîner à des condeicéndances
qu’ils me fàifoient envifager comme peu importantes tandis que cependant
par-là tout mon plan fe trouvoit dérangé. |
|
|
|
Ramené par la réflexion à mes vrais principes, je fus faifi
d’une juite crainte & d’une défiance fondée; je pris alors là
réfolution de recourir à d’autres fècours; j’appelai près de moi un Officier
Général dont je connoiflois depuis longtems la probité, le défintéreflèment,
l’amour ardent, pour le bien, la franchife, la loyauté & fon auftere
vertu. Je fàvois qu’il corn facroit toute là vie à des travaux relatifs à fon
état; j’étois d’ailleurs sûr que la Gouf qu’il fuyoit ne pouvoir l’avoir
corrompu; mais ce qui m’affermit encore davantage dans cette réfolution,
c’eft un mémoire de lui que j’ai trouvé dans les papiers du Maréchal du Muy,
rempli de lumières & |
|
|
|
de vues patriotiques, qui me l’indiquoient comme l’Officier le
plus profondément inftruit& le plus capable de me féconder* |
|
|
|
Quoique j’euflè déjà traité avec le Roi divers objets importans
que je n’aurois pas dû féparer de l’enfemble de mon plan » comme j’en avois
reconnu les inconyé-niens, j’étois bien réfolu de retourner fur mes pas
& de recommencer mes opérations. |
|
|
|
J’inftruifis donc l’Officier Général dont je viens dé parler,
dé mes projets & de mes vues : je les dilcutai avec lui; il me fît
quelques obfervations très-juftes & très-lumineufes : je lui fis
lire mon plan qui étoit difcuté dans mon grand mémoire que je lui confiai r& je le chargeai
de mé-tablir fon opinion par écrit, en s’aftréi-gnant à mes principes dont je
ne voulois plus m’écarter. Deux jours après il me remit le mémoire qui fuit.
* |
|
|
|
Méthode que M. le Comte de Saint Germain doit observer pour
parvenir avec fureté à l'exécution de fes projets. |
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|
|
Première Opération. |
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|
i°. Il doit commencer par conftater de la maniéré la plus nette
& la plus pré-cife, les fommes que le Roi attribue au département de
la guerre, les moyens par lefquels on les verfe dans la caiffe des
Tré-foriers, le déficit qu’elles éprouvent & enfin la fomme qui en
réfulte net, & dont par conféquent M. le Comte de Saint Germain peut
difpofer. |
|
|
|
· 20.
L’emploi aétuel de cet argent, article par article,
détaillé, motivé, afin qu’on puiflè juger de fon abfolue néceffité. |
|
|
|
3°. Le même détail pour les fonds attribués, à la dépenfe de
l’artillene & du génie. |
|
|
|
.4® Le |
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|
|
4®. Le même détail pour les fonds connus fous la dénomination
d’ordinaire des guerres^ |
|
|
|
5°. La difcuffion de la forme à ob-ferver pour reverfer de l’un
à l’autre les épargnes. |
|
|
|
Cette première bafe établie, il en ré* fultera une fomme
quelconque; toutes les différentes dépenfes miles en compa-raifon avec cette
fomme donneront la folution de la poffibilité de faire face à toutes les
dépenfes actuellement exiftantes» |
|
|
|
Seconde Opération. |
|
|
|
Établir le projet des réformations à faire & l’arrêter
avec le Roi dans le plus grand filence & lé plus gfand fecret ainfi
qu’il fuit. |
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|
|
F. Réduction des quatre compagnies des gardes du corps au
nombre purement & Amplement nécéflàire pour là garde de la perfonhe
du Roi, lavoir: Chaque Compagnie à ioô gardes non compris les Officias
& bas Officiers» & |
|
|
|
s 5 fumuméraires toujours établis à Ver-failles & ne
marchant à la guerre que lorsque le Roi y marchera en perfonne; régler leurs
appointemens, leur (bide & leur traitement en conféquence. |
|
|
|
11°. La réforme totale des Grenadiers à cheval, des Compagnies
des Gendarmes, Chevaux légers & Mouiquetaires, ainfî que la
iupreffion de la Gendarmerie, Fincorpofation des 30 Compagnies du Corps des
Carabiniers dans les 30 Régi- ; mens de Cavalerie, & les légions
dans i les Dragons.
■
i |
|
|
|
RI0.
Le rembourfement de la finance au moyen d’un intérêt à raifon de 1 o pour i
cent pendant 15 ans, dont 5 pour cent pour opérer le rembourfement fucceflîf. |
|
|
|
IV°. Supreflion totale des grandes charges de la Cavalerie
& le rembourfement de leur finance par les mêmes moyens. |
|
|
|
V°. Conftater la fomme qui réfultera en épargne de ces
différentes opérations, en déduire les traitemens confervés- & les
intérêts à payer pour l’extinétion de la finance pendant 15 ans afin d’avoir
une , idée jufte du produit net. |
|
|
|
Troisième Opération. |
|
|
|
F. Établir une nouvelle administration pqur les vivres » pour
les hôpitaux, pour le fourage de la Cavalerie & poup les Bureaux de
la guerre, ainfi que pour l’hôtel des Invalides , voir a quoi peut monter,
année commune, l’objet d’épargne dans ces différentes parties. |
|
|
|
11°. Attaquer dans toutes lès parties l’adminiftration de
l’artillerie & du Génie pour croître les économies réelles que l’on
pejÿ .^ faire. |
|
|
|
in°. Réunir enluite toutes ces Tommes enfenjble
& établir les forces de. l’armée dans la proportion de l’argent que
le Roi a à dépenlèr en y comprenant l’éventuel qui doit s’étendre
liicceffivement; mais en réglant Chaque année l’augmentation progreffive ,Tur
les lommes qui rentreront par ces extinctions, afin de ne jamais s'engager
dans des dépenfes excédentes. |
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|
|
HL Celle de conftitution de l’Infanterie, de la Cavalerie, des
Dragons & des Huflàrds. |
|
|
|
· IV.
Celle d’adminiftration, de difci-pline, de fubordination, |
|
|
|
· V.
Celle delàdéfertion, des crimes fit délits militaires,
& des ConTeils de guerre, • VI, Celle du fervice des Troupes en
garnifon, en cantonnement, en marchant dàns le Royaume & en
campagne. |
|
|
|
· •
VIL Arrêter le tableau des Officiers généraux à employer
aux divifions ou ^oûr commander dans les Provinces. |
|
|
|
; VUI. La nomination des
Régimens Vàcans, des places de Colonels en fécond, des Lieutenans Colonels,
des Majorités, des Majors & Aide-Majors, des divifions, tous emplois
qui feront accordas par préférence à ceux qui parles différentes fupreffions
auraient perdu les places qu’ils occupoient, en examinant fie ën apréciant le
mérite & les talèns de chacun, afin de les placer fuivant qu’on
jugera' qu’ils pourront fervir le Roi plus utilement, • |
|
|
|
Méthode à obferver, |
|
|
|
A mefîire que chacune de ces ordon* nances fera faite, examinée
& corrigée, préfentée au Roi & approuvée par Sa Majesté,
toujours dans le fecret & le filence, on les renfermera dans le
cabinet jufqu’à ce que tout foit confolidé; enfîiite, avant de les publier,
on enverra chaque Officier, foit général, foit fupé-rieur, foit particulier,
à fà deftination, & on réglera l’envoi de ces ordonnances de maniéré
qu’elles arrivent toutes dans toute» les garnifons du Royaume le jour même où
on les diftribuera à VerfàiÛes,. avec ordre de les exécuter dans la huitaine.
C’eft le feul moyen d’arrêter daiis fou principe toutes les prétentions, les
réclamations & les plaintes, & de parvenir avec fureté à
l’exécution d’un fi grand projet. Tout autre le feroit échouer*. |
|
|
|
Moyens de consolider cet ouvrage» |
|
|
|
Etabliflèment du Confeil de guerre à Verfailles à, l’hôtel de
la guerre. |
|
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|
Ce Confeil fera compofé d’un Maréchal de France Préfident, d’un
Lieutenant général Vice-Préfident, d’un Secrétaire. d’Etat Raportçur, de
qüatre autres Lieu-tenans généraux; un de Cavalerie, deux d’Infanterie
& un du çprps d’Artillerie & du génie; de huit Maréchaux de
camp, d’un Confeilier d’Etat, d’un Intendant des finances, qui tous auront
voix délibérative. Il y fera auffi attaché un Secrétaire garde des Archives, |
|
|
|
Le nombre de huit Maréchaux de Camp eft d’autant plus
néceflàire que la. plus grande partie de l’année il n’y en aura que quatre
qui feront préfens au tribunal, les quatre autres feront con- । ftamment occupés à
parcourir le Royau-me‘pour vifiter les places, les arfenaux, les travaux, les
troupes, voir fi les loix, fes réglement, les ordonnances font oh^ |
|
|
|
fervées & en faire le raport au Confeil à leur retour. |
|
|
|
L’objet de l’établifièment de ce Confeil de guerre étant de
pourvoir d’une maniéré fûre à l’exécution exafte & littérale des
loix militaires, à la difpenlà-tion jufte des grâces & des
récompenfès, tout ce qui eft relatif à l’adminiftration de la guerre y fera
mis en délibération, décidé à la pluralité des voix, infcritfllr le Regiftre
par le Secrétaire garde des Archives, ligné par tous les membres préfèns.
L’extrait motivé fera enfuite préfenté au Roi par le Préfident, le
Vice-Préfident & le Raporteur, pour que Sa Majesté puiffe y faire
droit & que l’expédition en forme d’ordre & le comman-ment
fbient faits en conféquence. |
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Il fera fait un Réglement de police & d’adminiftration
pour ce confeil, qui conftatera l’état des membres qui le com-pofent, leurs
droits, leurs prérogatives & leurs fondions. |
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. Je trouvai ce mémoire fi net, fî précis & fi
conforme à mes idées, que je pris la réfolution de le fuivre de point en
point, & j’avois déjà en conféquence ordonné un nouveau travail;
mais on parvint encore à m’inipirer de la crainte fur les obftacles qu’on me
fit envifàger; on me repréfenta d’ailleurs avec affez de vivacité que,
puifque le. Roi avoit déjà les projets d’ordonnance de là maifon,
& M. de Maurepas ma parole, je ne pouvois plus rien y changer fans
me rendre coupable d’infidélité. On me fit entrevoir.enfin, que de telles
variations pou-voient donner des impreflions défavorables à un jeune Prince
qui ne me con-noiflbit pas. Effrayé par ces raifonnemens captieux, je
terminai le travail commencé dans la perfiiafion que cette condes-dance
n’influeroit pas fiir les.autres grandes opérations qui me reftoient à faire;
mais par-là je fus jeté hors de ma route; &, quelques efforts que je
fille pour y |
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DE ST. GERMAIN, a? rentrer, je trouvai partout des obftacles
impoffibles à vaincre. |
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Je dois un hommage à la vérité. Le même Officier général qui
avoit rédigé le mémoire qu’on vient de lire vint me trouver pour m’engager à
renoncer à mes projets, qui ne pouvant plus avoir cette liaifon
& cet enfemble néceflàire, ne pro-duiroient pas le bien que je
defirois; il voüloit qu’en laiflànt tout fubfiiter, je bomaflè mes opérations
au rétabliflèment de la conffitution militaire de 1763; il fe fondoit fur ce
que, de l’aveu de tous les Officiers inftruits, elle étoit la meilleure, la
plus analogue au génie de-la nation & la plus propre à procurer au
Roi une bonne & folide armée. 11 ajouta à ces raifons des détails
qui fembloient prouver d’une maniéré évidente la force de fon opinion; mais
il ne put rien fur moi. J’étois trop perfiiadé de l’avantage de ma
çonftitution militaire fur toutes les autres pour ne pas perfévérer dans le
parti que j’avois pris. Cependant je ne tardai pas d’éprouver de très-grandes
difficultés. |
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Dès que les Courtifàns virent, que je m’étois relâché de la
rigueur de mes principes en faveur des Chevaux légers & des
Gendarmes de la garde, leurs espérances fe ranimèrent; on employa alors tous
les refïbrts de l’intrigue pour faire conferver, n’importe à quel prix, ni
fur quel pied, les Carabiniers & la Gendarmerie: je m’étois engagé
envers Mon-fieur frere du Roi & MM. de Mau-repas & de
Caftries, fans lavoir par quel moyen je parviendrois à donner à ces corps une
conftitudoif qui pût parer aux inconvéniens qu’ils avoient par leur nature.
Le Roi qui avoir mieux fend çette vérité que perfonne, avoit l’intention de
réformer ces corps ; mais enfuite on l’en détourna en lui repréfentant que
loin d’être une opération d’économie, ç’étoit au contraire un objet de
dépenlè dans le moment de plus de quatre millions pour le rembourfement des
charges , & je fus encore forcé de me relâcher fur ce point. |
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Cettç marche chancelante encouragea |
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les malveillans & leur procura les moyens de donner au
Roi des impreflions défavorables , dont je ne tardai pas à refièntir les
effets; mais je ne m'occupai pas moins de quelques autres opérations utiles,
telles que l’arrangement des Gouvememens & h profcription de la
vénalité des emplois militaires. Par un effet des mauvais génies qui me
maîtrifbient, futilité, les avantages & la lolidité de l’ordonnance
des gouvememens dirent encore afibiblis par des modifications auxquelles on
me força. Elle a cependant reçu des aplau-dtfTemens; il eft vrai qu’elle en
auroit eu bien davantage fi les premiers principes & la première
bafe n’avoient pas été altérés; elle avoit au refte l’inconvénient de
paroître ifolée au lieu d’être liée à fenfemble de la machine & de
faire partie dans le Réglement du Chapitre des récompenfes militaires. |
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De tout ce qui tient à l’adminiftration du département de la
guerre, rien ne m’a donné plus de peines ni caufé plus d’embarras que
L’arrangement des vivres; il |
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étoit queftion de détruire & de fuprimer une compagnie
diftinguée par les lumières, fon intelligence, fes talens & les
grands & importons fervices qu’elle avoit rendus pendant la derniere
guerre, mais dont h dépenfe abforboit des fommes fi confidérables en plus
values, qu’il étoit prefque impoflible. d’y faire face. Dans mon premier
projet je voulois fier cette partie à l’adminiftration générale & en
charger les corps; j’avois déjà fait préparer le réglement qui devoit
l’établir , quand les eflàis que j’avois fait faire m’en démontrèrent les
difficultés & le danger. J’eus alors recours aux lumières de
quelques Intendans; leurs mémoires ne me préfenterent pas des idéesafiez
fatisfailàntes pour les adopter; &, après avoir été agité longtems par
une très» grande incertitude, je donnai la préférence à la régie; mais, avant
de parvenir à celle qui exifte aujourd’hui & dont les avantages font
démontrés par une économie de plus d’une million, le Sr. Delille m’avoit entraîné dans un arrangement fi |
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DE ST. GERMAIN. 31 compliqué, fi dispendieux, où il avoit tant
iàcrifié à fon intérêt perfonnel qu’il eût été impoffible de le ibutenir
& j’au-rois été forcé de revenir à la compagnie des vivres. Mrs. de Cbamifot
& de Gui-bert me démontrèrent cette vérité effrayante
& eurent le courage, malgré le danger qui en réfultoit pour eux, de
me propofer le plan que l’on fuit maintenant Tout ce que le menibnge
& l’impofture purent imaginer d’imputations horribles, Rirent
épuifées fiir M. le Comte de Cha-mifot On l’accufoit devoir reçu de l’argent,
tandis qu’il avoit rejeté avec indignation, les fommes confidérablés qu’on
lui propofoit pour m’engager à renoncer à mon projet II m’étoit d’autant plus
impoffible de fufpeéter fa probité qu’à mefure qu’il recevoir des lettres
& des foumiffions, il me les aportoit; enfin, on a pouffé
l’animofité fi loin qu’on s’eft fervi de la police même pour foire foire des
recherches qui n’ont eu aucun fuccès. H n’eft pas moins vrai que, pour avoir
rendu un fervice effentiel au Roi, il eft |
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devenu l’objet de la haine & de l’ani-madverfion de
tous ceux qui avoient quelque intérêt dans les vivres, & qui étoient
en grand nombre» Ils avoient dans leur parti un homme très-dangereux par fon
caraétere, c’étoit M. de Pezay, fans naiflànce, fans talens & fans
mérite, mais ayant beaucoup d’elprit & plus d’intrigue encore. Cet
homme avoit trouvé moyen de s’élever au point de faire rétablir pour lui une
charge qui avoit été précédemment remplie par trois Maréchaux de France.
Abufant de là faveur, il avoit acquis le pouvoir d’em-barrafTer toutes les
opérations quand il ne les aprouvoit pas. Celle des vivres, quoique fes
avantages fulTent géométriquement démontrés, eut à lutter contre les mêmes
obftacles, de maniéré que je commençai à être affefté de l’idée affligeante
que le Roi fufpeéfoit ma probité. J’avois fuporté beaucoup de dégoûts
jufqu’a-lors; mais j’étois bien décidé à ne pas fuporter celui-là parce qu’il
attaquoit trop vivement mon honneur. J’eus donc dans cette |
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bE s*, germain. 33 cette üccàfîon une converfàtion fi ferme
avec M. de Maurepas, que Sa Majesté ne refufa plus d’approuver ce pian; à il
eut ion entière exécution. L’expérience & le téms prouveront fi j’ai
eu tort ou raifort. . |
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t)ans le même tems j’ai rompu auffi le marché des fourages qui
étoit très-onéreux au Roi. Les entrepreneurs, qui faifoient des profits
îmmenfès, avoientfait jouer tous les reïforts imaginables pour me faire
renoncer à ce projet; fis ont îorigtems cherché à féduire par des intérêts
& de l’argent tout ce qui m’envi-ronhoit; mais, loin de féconder
leurs vues » tous fe firent gloire de me les dénoncer; & je conçus
aflèz par-là combien il ÿ avoir à gagner pour le Roi. j’en ai fait faire le calcul
peu de ten^ avant d’àb-diquer le miniftere; &, quoique le Ré-, glement
n’ait pas été généralement fuivi avec cette exâftitude^défirable, que
d’ailleurs les cofps prévenus trop tard de ces nouveaux arrangemens, fuflèht
dans les, commeneemens gênés for lés moyens & |
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C |
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entraînés par conféquent à des marchés onéreux, il en rélùltoit
cependant déjà fur toutes les troupes à cheval une économie de près d’un
million; & je fuis petfuadé qu’à mefiire que les troupes du Roi
feront habituées à cette adminiftra-tion, il en réfultera chaque année un
bénéfice plus confidérable. Je délire donc que l’intérêt, ce mobile fi
dangereux qui produit tant d’erreurs & tant de mal, n’entraîne pas à
quelque changement dans cette partie. Il eft toutefois certain que je ne luis
parvenu à me ménager les moyens de donner une augmentation de folde que par
les économies que j’ai faites lur les vivres & les fourages. |
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Depuis longtems l’abus & l’inutilité des grandes
charges de la Cavalerie & furtout de leurs Etats-Majors étoient
démontrés. Il n’y avoir pas un militaire éclairé qui ne s’élevât contre
& qui ne réclamât leur fupreffion. Cet objet faifoit partie de mon
plan général; mais j’avois manqué le moment, & il étoit difficile
d’y revenir. Lorfque j-’entretins le Roi |
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DE S*. GERMAIN. 35 de ce projet, je jugeai par les objections
que Sa Majesté toe fit, que l’intrigue & la cabale l’avoient déjà
préparé à la réfiftanct: il me dit que, dans un grand Etat Comme le fien, il
ftlloit de grandes grâces pour attacher & confervet à fon fervice de
grands feigneurs; comme fi avant la création de ces places abufives, la
nobleflè françoife ne fervoit pas, & que routes les fois qu’un mal
eft très-évident, aucune confidération doive arrêter; maïs tel eft le malheur
des meilleurs Princes, qu’ba les abufe plus facilement Æt plus hafdiinent que
les autres, & què les hommes qui les environnent & qu’ils
accablent de leur affeCtion & de leurs bienfaits, ne font occupés
qu’à tromper leur inexpérience & à égarer leur jeu-neflè, polir
fàusfàire leur cupidité ou leur ambition. |
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Quelque certain que je fufle de la réfiftance que j’allois de
rechef éprouver, je ne préfentai pas moins à Sa Majesté un mémoire raifonné
-fur la néceffité de cette fupreffion. Un jeune C 2 |
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Colonel, aufli diftingué par fes talens, par l’étendue de fes
connoiflànces, par fon efprit, que par la chaleur de fon ame qui peut-être
quelquefois l’entraîne au-delà du but, mais dont les écarts-mêmes peuvent
être juftifiés par le plus ardent amour pour le bien, & par le
patriotifme le plus rare, ayoit fait ce mémoire; & il avoit donné
une telle force aux motifs qui me déterminoient, que j’ofai prefque me
flatter du fiiccès. Mais le Roi y jeta à peine un coup d’œil, i me le rendit & n’en
devint que plus obftiné dans fon refus. Il me dit cependant qu’en laiflànt
fubfifter les char- J ges, on pouvoir en détruire les incon-véniens; &,
du ton dont Sa Majesté me .parla, je devois concevoir quelques efpérances,-
je fis en conféquence rédiger une ordonnance que j’avois combinée, de maniéré
que les abus contre lefquels pn s’élevoit le plus, fè trouvoient
naturellement détruits, c’eft-à-dire ceux des charges attachées à ces grandes
places, fous le titre de Maréchaux ou aide- |
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Maréchaux des logis, qui donnoient lé droit & la
certitude de parvenir au grade d’Officier général à des hommes de la lie du
peuple, qui a voient amaffé afièz d’argent pour les acheter, fans qu’ils
eus-fent belbin de fervir, ni d’efluyer des coups de fufils, ni même fans
être jamais en fituation de mériter ou d’acque-rir la moindre connoiffince
militaire; & par malheur le tableau des Officiers généraux n’eft que
trop furchaigé de pareils fujets, qui dégradent & aviliflent cette
dignité. |
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Ce mal fe trouvoit totalement détruit par cette ordonnance fi
intéreflànte & fi néceflàire à futilité & au bien du
lèrvice. Mais après que le Roi l’eut examinée, approuvée, & permis
qu’on l’imprimât ; le jour même où je devois la diftribuer, SA Majesté
m’ordonna de la fufpendre, & la fùprima enfuite d’autorité : c’eft
encore l’intérêt- particulier qui prévalut dans cette circonftance fur
l’intérêt pUbHc. Il en réfulta que quatre mois après on fubftitua à cette
ordon- |
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08 MEMOIRES du COMTE nance, une qui perpétue à jamais ces
grands abus. |
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Quelque aflÿgé que je fufiè de tant de contradictions, je ne
continuai pas moins mes opérations; je fis rendre au Roi une ordonnance qui
fuprimoit les Inipeéleurs qui eoûtoient 7 20000 ® & ne yemplifloient
point l’objet de leur in-ftitution, tant par le choix de quelques fujets peu
en état, que par la négligence avec laquelle la plupart d’entr’eux fii-foient
leurs fondions. Ici on me repré-fenta les incônvéniens & les
dait^ers de cette fupreffion après raffojbliflement de mon pouvoir & le
peu de liberté que j’aurais à propofer les Officiers généraux les plus
méritans pour remplir les places des divifions que je voulois fuhftituer aux
Infpeéteurs. Je n’éprouvai que trop par la foite la vérité de ces avis. On
m’obfcrva auffi que cette fupreffipn étoit prématurée; mais que, dès que je
m’y obftinois, elle devoir du moins marcher de niveau avec la formation des
divifions, afin de ne pas çxpofer les troupes à une anarchie dangereufe. |
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|
Toutes ces petites opérations n’étoient que des parties
féparées & morcelées de mon grand plan, dont il ne m’étoit plus
poflible de refaifir l’enfemble; il ne me reftoit que l’elpérance de fortir
de cet embarras &.de débrouiUer ce cahos, lorsque tout feroit achevé. On
m’avoit donné le projet d’un code qui pouvoir me procurer cet avantage. |
|
|
|
Dans le même tems je venois de finir l’arrangement des écoles
militaires qui avoit reçu d’autant plus d’approbation
& d’applaudiflèmens, qu’il procu-roit plus de débouchés à la pauvrç
np-bleflè & une éducation meilleure, J’avois deftiné le fomptueux
& vafte bâtiment de ce grand établiflement au raffemble-ment des
quatre Compagnies des gardes du corps- H y eut encore dans cette occafion un
grand choc & un grande con-tradiétion d’opinions; mais les raifons
de ceux qui penchpient pour ce raffemble-ment m’ayant paru plus folides, plus
militaires ^ plus propres à remplir l’objet de l’infiruétion & de.
la difciplipe, je |
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pris le Bon & les ordres du Roi, & pn àlloit
s’occuper des difpofitions né-ceRaires pour y établir fucceflivement les
quatre Compagnies, quand on parvint encore à me faire renoncer à cet
arrangement APr&
^ balancé longtems fur la deftination dp ce bâtiment, je m’arrêtai à celui
qu’on a vu depuis dans l’ordonnance approuvée par le Roi. Je dois dire, pour
ma juftification, que cette ordonnance n’a pas paru telle que je l’avois
d’abord propofée, Sa Majesté l’ayant gjardée parjdpvers Elle plus de fix mois
pour la communiquer à je ne fais qui* & elle m’a été rendue avec
-des chan-getpcns quç j’ai été forcé de fuivre. |
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On a étrangement abufé dans cette circonftance de la bonté
& de la confiance du Roi, & on a pris pouf texte l’école
des Aumôniers. On en a fait un moyen d’intrigue qui a eu tout le fuccès qu’on
efpérojt. Comme j’avois. été au? trefois aux Jéfuites, que j’étois d’ailleurs
dans une liaifon d’eftime & de vénéra-, ^on avec ^L l’Archevêque de
Paris, on |
|
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|
crut déjà voir renaître cette fociété de fes cendres,
& on fe permit dans cette occa-fion les affertions les plus
calomnieufes ; pn étoit bien fûr qu’en parvenant à me donner un dégoût
marqué, je n’y réfis? terois pas.. On fit intervenir dans cette grande
affhire M. le Garde des fceaux & le premier Préfident du Parlement;
on indilpolà enfin tellement Sa Majesté contre moi, qu’il me fu; impoflible
de me le diflîmuler à la maniéré dont Elle me donna fes ordres fiir cet objet
Dès lors pçffuadé que je ne parviendrois plus à faire aqcun bien, je pris
fiir le champ le parti S’abandonner ma place qui ne pouvoit plus avoir aucuns
charmes pour moi; je fis donc demander à Sa Majesté la permiflïon de lui
remettre ma démiffion. |
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Je protefte ici, & je renouvellerai cette proteftation
à l’article de la mort, que jamais aucune idée de Jéfliite n’eft en? trée
dans mon projet de l’école des Aumôniers , que j’ai demandé indiftinflement à
plufîeurs Evêques des fùjets inftruits \ & vertueux fous la
condition expreflè |
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qu’aucun n’eût été Jéfoite: & en vérité on me faifoit
plus d’honneur que je ne méritois» de crotre que depuis 50 ans que j’avois
abjuré les donnes de cette fociété, je puffe y tenir encore par aucun
fentiment d’attachement. Mais cela prouve avec quel art les courrions lavent
rapprocher les extrêmes & rendre vrai-femblables les choies les plus
disparates, quand il s’agit de tromper leur maître, de perdre quelqu’un ou de
le calomnier. |
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|
|
Mon projet. pour les Aumôniers des corps était de leur faire un
traitement convenable, afin que de bons lujets re-cherchafTent ces places
dont la plupart font aujourd’hui remplies par des prêtres fans mérite
& fouvent fans moeurs. Les 600 W que Je Roi leur donne ne fuf-filènt
pas à leurs befoins. Je trouvois dans le clergé de France des refiburces qui
auroient doublé leur état fans qu’il en coûtât rien au Roi. |
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|
|
Pendant que tous les premiers arran-gemens faits pour l’école
militaire fe confolidoient, on travaillait à l’prdon- |
|
|
|
nance de conflitudon de Farinée, & à celle de
réglement & d’exercice. J’avois en même tems chargé le Bon. de Salis,
Brigadier, Officier plein d’elprit & de talens, de rédiger
l’ordonnance du fervice des places : j’ai vu fon plan qui m’a infiniment
féduit, je ne crois même que lui, capable de donner une forme avan-tageulè à
cet ouvrage important J’exhorte mon fucceflèur à y recourir quand il s’en
occupera. |
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SECTION IIL |
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Lorsque les Ordonnances de confti-tution & de
Réglement furent achevées & que le Roi les eut aprouvées, Sa Majesté
m’autorilà à faire Joindre les Colonels & les officiers inférieurs.
Comme j’avois fuprimé les Infpeéteurs & que les diviïions n’étoient
pas encore établies, il fàlloit bien que ce fuiTent les Colonels eux-mêmes
qui procédaient à donner à tour corps la nouvelle formation & à y |
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|
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établir l’adminiflratïon prefcrite; On m*a-voit vivement
repréfenté le danger & les inconvéniens de cette méthode ; mais je
ne m’y fuis rendu que pour les Ré-gimens de quatre Bataillons qu’il étoit
queftion de-dédoubler. J’ai eu tort, je le confeflb, car il en a réfulté
beaucoup de défordre. Quoique les ordonnances fliflènt claires, tout le monde
n’en fih fiflbit pas l’efprit „ où par malice ne vou-loit pas le faifir. On
multiplia les questions qui forcèrent à des explications & à des interprétations
qui procuroient un nouveau moyen à mes ennemis de me tçndre des pièges
& de m’entraîner dans l’erreur. De tous les embarras, le plus
pénible & le plus grand, celui qui m’ab-forbôit & me
tourmentoit le plus, étoit de débrouiller le cahos effrayant des Colonels,
dont le nombre foys le Ministère de mes prédéceflèurs, s’étoit accru 'à un
tel point, qu’il étoit bien difficile de s’en démêler. Toutes les protections
étoient en aétion dans ce moment-là ôç je fùs.aflàilli de toute paçt, ' |
|
|
|
Cette partie de l’adminiftration militaire eft peut-être la
plus épineufè & la plus difficile en France, en même tems qu’elle
eft la plus intéreflante. Comme c’eft de la claflè des Colonels que doivent
fortir les officiers généraux & que, s'ils font mal choifis, ils ne
peuvent en fournir que de mauvais, il étoit bien important d’y aporter la
plus lévere impartialité & la plus férieufè attention. D’ailleurs,
les Colonels étant, par état, chargés de diriger les corps, il n’eft as-furément
pas indifférent, que ces corps foient bien ou mal conduits, puifque c’eft
de-là que dépend la bonne ou mau-Vaife conftitution d’une armée, par
con-féquent la gloire & le falut des Empires. |
|
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|
Malheureufement en France, comme je l’ai oblèrvé dans mon grand
mémoire, il s’eft introduit une diftinétion pemi-cieufe entre la noblefle de
la Cour & celle des Provinces, qui vaut presque toujours mieux,
entre la riche & la pauvre, de maniéré que l’une a tout, làns rien
mériter, & que l’autre ne parvient à |
|
|
|
rien, quelque chofè qu’elle mérite; que tout le monde à des
prétentions, &qué peu de perfonnes le mettent en devoir de les juftifier
pat des fervices & par des talens. Dans cet état des chôfes , il
m’étoit bien difficile de faire un bon choix de Colonels. J’avois perdu de
vue le fer-vice de France depuis trop longtems pour connoître les fujets qui
préten-doient à ces places; les notes des Bureaux, dont j’avois fait faire le
dépouillement, ne pouvôient pas même me guider furement. Je pris donc le
parti d’abandonner ce foin entièrement au Prince de Montbarëy, qui, ayant
vécu confta-ment en France & exercé longtems une Charge
d’Infpeéteur, pouvoit être plus en état d’en juger que moi. |
|
|
|
Je né justifierai ni ne blâmerai ce choix; il n’a pas été àuffi
libre que le public penfe; tout s’eft réuni à le contrarier, parce qu’il eft
dans la deftinée dé la France d’écarter du commandement des corps ceux qui en
font les plus dignes & qui feraient le plus en état de les bien |
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DE S1. GERMAIN. 47 commander; & par malheur on y attaché
fi peu d’importance, qu’on n’a pas craint d’intéreflèr la bonté & la
fenfibilité du Roi en faveur de quelques fujets dont le choix étoit
diamétralement oppofé à la loi que Sa Majesté venoit de figner & de
publier. Quoiqu’elle ne prononçât pas d’autorité, & qu’au contraire,
die me laüTât le maître de faire au travail arrêté les changemens que je
jugerois convenables, cependant il étoit difficile de fe livrer à de nouvelles
repréfenta-tions. Tout ce que j’ai eflùyé de blâme & de reproches
fiir ce choix des Colonels, ne peut fe concevoir; mais il m’étoit impoffîble
alors de me difculper. Le même embarras ayant exifté pour le choix des
Officiers généraux des divi-fions, j’avois également les mêmes combats à
livrer, des prétentions à repouflèr & des obftaçles à vaincre. 11
réfulta de ces longues difcuffions un rétardement nuifîble, & un
défordre dont le mal pouvoir s’accroître par les circonftances. Je me
déterminai cependant à faire ce choix |
|
|
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fi difficile & à former les divifions. Si j’ai eu ün
tort dans cette occafion, ce n’eft que de les avoir peut-être trop
multipliées* Car ce jpremier choix, à trois ou quatre Officiers généraux
près, qu’on y avoit admis de complaifance, mais qu’on avoit en même tems
placés dans des points où ils pouvoient le moins nuire, avoit été fi bien
fait qu’il fiit généralement apiaudi; il n’y avoit donc d’autre changement à
y faire que de diminuer le nombre des divifions, de rendre ces Officiers
généraux permanens & de ne les remplacer que dans le cas de
prévarication aux ordonnances, de maladie, ou de ceflàtion volontaire de
leurs fonctions, ainfi que le réglement le preicri-voit. Us fe féroient
inftruits eux-mêmes, habitués dans les détails & attachés à leurs
devoirs, d’où il auroit réfulté de grands avantages pour la difcipline; mais
il y a une fatalité, qui eft particulière à l’adminiftration françoife, c’eft
cette cruelle inftabilité dans les choies même reconnues les plus avantageuies*
Ce |
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|
* choix |
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choix , des officiers^ généraux n’a pas été plutôt connu que
toutes les prétentions les plus mal fondées fe font élevées; j’étois bien
réfolu de les repoufler pour maintenir mon ouvrage, mais une autorité
fupérieure, qui ne pouvoir ni con-noître, ni fentir le mal qui en réfultoit,
m’a forcé de céder encore; il y a donc eu au mois d’Oétobre un bouleverlèment
général dans l’arrangement des ^virions; la plupart. des. meilleurs Officiers
généraux, .ceux qui- étoi.ent le plus en état de confolider les avantages
& l’utilité dç cette inftitution, ont été révoqués ? & oq
les a remplacés par des hommes qui n’a-voient jamais fervi , qui n’avoient
aucune notion du détail des troupes, ou qui les ayoient perdu de vue depuis
fi long-tenis» ou &’en étaient fi peu occupés, qu’ils n’ont pu manifester
qu’qne très-grande incapacité ; & ils font «devenus par-U l’objet de
-laplaifanterie des Officiera & dps Soldats» r. Il en a çéfulté un
grand . mal pour la,discipline,,-par con-foqueïtt de;.défordre .^p^s efl^yant
& |
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D |
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le plus complet On eft parti de-là pour foutènir que le Syftême
des divifions étoit impraticable en France, quoique tout le monde fbit obligé
de convenir qu’il n’y a que ce Syftême qui fbit véritablement- militaire.
j |
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- Mais précédemment à ce bouleverfe-meht '& à ce défbrdré
dont je me défens, & ddrit certainement je ne fuis pas la caùfe/iï ÿ
eut des plaintes, des réclamation^ des queftions & des doutes fur
les ordonnances de conftitution & de Réglement qui ont donné lieu à
des ëclairciflèmens, à des interprétations contre îefquelles 3 m’a paru qu’on
s’étoit beaucoup élevé. Ceft dans cette cir-conftance que j’ai éprouvé
combien on pouVoit tromper un miniftre & abufer de fà confiance; Ces
doutes, ces ques-tiôfii m’ayant toujours été préfentées îfolées '
& fans que la loi fur laquelle elles1 portôient fût mile en opofition, & dans les moniens
oîf j’avois la tête remplie ’ de mille autres objets plus : impor-tans',-ôn
"eft parvènû à me faire donner |
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des décidons contraires à l’efprit de la loi & toutes
contradictoires entr’elles. Je fus averti de cette trahiibn criminelle par un
mémoire qu’un Officier général eut le courage de m’adreflèr, qui met-toit en
opofition les lois avec les interprétations; mais ce mémoire étoit écrit avec
tant d’humeur & de fiel que je le brûlai après l’avoir lu. J’en fuis
fâché aujourd’hui. Si je pouvois le mettre fous les yeux du public éclairé,
on verroit, par la critique même, la force & la fétidité de la
conftitution militaire aftuelle, en la dégageant des changemens que ces
interprétations y ont occafionés, & en ramenant tout au fens
littéral des ordonnances. |
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Je me perfuade d’après cela qu’il n’y a pas un militaire
deftitué de préjugés qui ne ibit obligé de convenir que, ce feroit faire un
mal irréparable à la France en renverfant de nouveau cet édifice dont le tems
feul peut faire connoître la beauté & la force. J’adrefle donc mes
vœux. au ciel & je le prie d’inipirer au |
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Roi la fermeté néceflàire pour écarter toute propofition
contraire. Je n’y ai d’autre intérêt que celui du bien & de là
gloires Un nouveau bouleverlement décourageroit & effraieroit
d’autant plus qu’on n’y verroit de rechef qu’une affaire d’un moment
& dont la durée feroit encore foumife au changement de miniffre;
& tant que ces maux fe renouvelleront, la conftitution militaire
françoife ne prendra aucune force, aucune folidité, ni aucune confiftan-ce.
La conftitution pruflienne renferme-certainement une multitude de défauts
& de vices que le Roi con-noît; mais il aime, mieux -les laifler
fob-fifter que de changer; il cherche à en affaiblir les effets par
d’excellentes loix -de difcipline & d’adminiftration-qui font
rigoureufement fuivies; & c’eft parce que depuis foixante ans» il
n’y a pas eu la' moindre variation, que fes- armées ont une fi grande
fiipériorité for toutes celles de l’Europe. Je biffe-à penfer quelle feroit
celle-des armées françoifes. |
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DE ST.GERMA1N. A 55 fi les corps, qui les compofent pouvoient
elpérer quelque, fiabilité. Les. lois que j’aipropoféps, & que le
Roi a adoptées, fi on veut les examiner. &. les. juger avec équité, font
toutes excellentes. Ce n’eft pas la faute de ces lois fi. elles ne font ni
fiiivies ni rçfpeélées :. je conviens que jamais on n’a vu tant de
prévarications, ni tant d’impunités; mais ce mal ne peut? être imputé ,;aux adminiftrateurs;
il eft une fuite, prefque inévitable, de l’efprit d’une Cour jeune, livrée
aux. diflïpations & aux plaifirs. Il eft bien difficile d’en fentir
les, dangers dans l’âge des. pas-t fions. Une guerre vive , qui ne peut «être
que malheureufe, parce que la corruption ne produit que des malheurs, peut
feulq faire connoître ces triftes vérités, & peut-être ramener à la
raiïbn; mais plus l’égarement aura été long, plus le mal fe fera enraciné,
& plus il y aura de difficultés à le détruire. Je n’ai pas ignoré
une feule des clameurs. qui fe. font, élevées, contre moi & .contre
la* foiblçfle qu’on me reprochoit* .Je ne contefte pas. que je n’eüs- |
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fe eu le pouvoir de faire un exemple fur des prévaricateurs
obfcurs ou fubalternes; mais , par cette raifon même, cet exemple n’auroit
produit aucun effet, & la trop grande bonté du Roi le rendoit
impoffi-ble fur des hommes puiflànts. J’étois d’ailleurs déjà découragé. Je
voyois le mal s’acroître & le bien impoffible, je voyois enfin que
toutes les chofès étoient parvenues à un tel degré de perverfité, que les
places, les dignités, les décorations & les grâces alloient être envahies
par tous les courtifàns, &, de préférence, par ceux qui étoient les plus
corrompus; mais ce qui mit le comble à mon dégoût & à mon défefpoir,
c’eft quand le Roi, par fon autorité abfolue, me força à rétablir les
Officiers des Gendarmes de la garde & des chevaux légers qui avoient
été fuprimés un an auparavant; quand, contre la teneur de la loi la plus
formelle & la plus pofitive, on créa cent com-miffions de Capitaines
en finance. De tous les maux qu’on peut faire à une confti-tution militaire,
il n’en eft poin; qui puis- |
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DE ST. GERMAIN/ 55* fe être comparé à ceux qui rëfultèront de
cette création ; je dis plus : c’eft que cent commiffions de Colonels
n’auroient pas fait le même mal, parce que ces places de capitaines
dégoûtent, aviliflènt & dégradent tout le corps fubalterne du
militaire François. Je protefte donc ici que je n’ai eu aucune part à toutes
ces. monftruofités, & on peut d’autant plus m’en croire que je ne
crains pas d’a-. vouer franchement, les fàutes que je crois avoir faites. |
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|
|
C’eft toujours par amour pour cette même vérité que je confefïê
que l’arrangement de l’artillerie eft l’ouvrage de M. de Gribauval. Je l’ai
laiffé le maître de donner à ce corps la conftitution qu’A croiroit la
meilleure; &, fi on reproche quelque chofe à l’ordonnance qui concerne le
corps, il faut adreilèr ces reproches à cet Officier général. Il exiftoit
dans l’artillerie une fi grande divifion, que pour rétablir quelque tordre,
il falloir né-ceflàirement fe déterminer à un parti: j’ai donné la préférence
à celui qui réunis- |
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|
foit la pluralité des. fuffiagess ce n’eft pas que je. ne fois
très perfuadé que-M. de Saint Auban n’ait des talens & de
l'expérience; mais il m’a paru, par tous les mémoires qu’il m’a donnés, qu’il
avoit le défaut de tous les vieux Officiers, c’eft d’être trop fervilement
attaché aux an-ciens ufages, fans examiner les progrès qu’un art peut avoir
fait pour fe per-feéüonner. M de Valiere, dont il a été lé difciple
& l’ami, avoit bien auffi ce défaut-là. Quoique je n’euflè fur
l’artillerie que des connoiflànces très-fuperfi-cielles, il m’a cependant
paru que les principes de M. de Gribauval méritoient la préférence. IP eft
vrai que ïon Sy-ftême coûte plus que celui de M. de Saint Auban. |
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|
|
De tous les corps militaires qui- font en France, celui du
génie m’a le plus pénétré d’admiration par tous .les fujets du plus grand
mérite & en grand nombre qui le compofent; on y trouve toutes les
lumières ■& tous les talens réunis au plus haut degré. Leur probité
que l’en- |
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DE S* GKWAiN. 5^ |
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vie, la jaloufie &*la haine ont fi fouvenc attaquée, a paru
dans tout ion éclat par: la réunion de toutes les opinions des Officiers
généraux des- divifions que j’avois autorifés d’examiner leur adminiftration;
& ce n’eft «ju’après m’être alluré de toutes ces connoiflances que
je me luis dé» terminé à donner à ce corps laeonlti-tution avantageufe qu’il
a maintenant Si j’avois eu- plus de crédit & de force, j’aurois
pKmonpéUe-motj-&. j’aurois as-figné aux1 Officiers «du génie exclufive-ment à - tous . les -autres,
les fondions des Etats-Majors;-des -armées;* ;Cet
ar-rangement,Uoplusr.uçile.aivfervice & le plus r^fenable,.
n’-auroitnpus ôté aux Généraux. d’armée la liberté de choifir les fujets qui-leur
convenoient pour ces fonctions importantes,: ils auraient feulement été
afireintS ' do les prendre dans le coips du génie & par-là je-
parvenais à' écarter, en.cas de guerre, toutes les prétentions des gens, de
la Cour, fi peu propres à des fondions où-l’inflrudion çft néceflàire
& où la valeur nîdbpw |
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|
la première ni la plus eflèntielle des qualités. Toutes les
fois que l’on fe trouve dans une claflè où l’on peut tout obtenir làns avoir
befoin de mériter, il faut être bien hêureufement hé pour fe livrer au
travail, l’homme étant par là nature très-pareflèux. |
|
|
|
Si je me repens de ce que j’ai fait relativement à quelques
établiflèmens mi-' litaires, je m’aplaudis en revanche infiniment de
l’arrangement & de la com-polition des Bureaux. La plupart des chefs
font des hommes pleins d’honneur, de probité & du premier mérite;
mais le plus diftingué de tous, celui qui réunit l’univerlàiité des luflrages
du public & de l’armée; c’eft M. de Saint Paul. Il eft impoflible de
joindre à une grande' élévation d’ame, à l’étendue de toutes les connoiflànces,
plus de fentimens d’intégrité, dé juftice, & plus de probité. M.
Melin dans là partie peut être', en tout point, comparé à M. de Saint Paul,
& je fais pareillement une diftinétion marquée de MM, Sevin
& de Gampyr |
|
|
|
Ces quatre hommes, quand ils auront fous leurs ordres de
très-bons commis, feront très en état de conduire tout l’en-femble de la
Machine; & peut-être, fi pavois demeuré à la tête du département de
la guerre & que peufie eu la liberté de revenir fur mes pas pour
former un Confeil de guerre, j’aurois changé quelque chofe dans la forme
projetée en diftribuant tous les détails à ces Meilleurs. Leurs fondions
auroient été d’en être les Raporteufs au Confeil de guerre. Le plus grand
reproche que paie à me faire, c’eft de n’avoïr pas fortné ce tribunal; je
fens plus que jamais qu’il eft impoffi-ble que la conftitution militaire
françoife acquière de la folidité,: de la permanence, ni que les lois y Ibient obfervées
& relpeftées làns confeil de guerre. Lorsque les détracteurs de tout
ordre, ces ennemis puiflàns de tout blbi, opofent l’impoffibilité d’un pareil
établilfement en France, qu’ils citent pour apui de leur opinion, ce qui
s’eft palfé du tems de la régence; je leur répondrai que le Con- |
|
|
|
ço mémoires to comte feilde guerre d’alors n’avoit pas la foaue
qui lui convenoit, & que, s’ilavpit&é bien confUtué, on en
aurait lu bien fend les. avantages qu’il eût fubfifté . toujours;
& comme dès-lors,il.y aurait eu de la fiabilité dans, les principes
^ notre état militaire , auroit une bien autre cop, fiftance, & à; coup sûr la
fupériorité qui lui apartient^ ,
\ |
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|
|
La paffion, la prévention, la haine & l’ignorance fè
font vivement élevées contre mon arrangement des Invalides; on a crié à
l’injuftice & à la barbarie fans rien examiner; Cette partie de
l’administration militaire, étoit dans un fi grand défordre. qu’il en coûtoit
des fommes im: menfes au Roi, pour fàirelanguir dans l’oprobre
& dans le malheur ceux que leur fituation forçoit à recourir à cette
relTource, au lieu d’y . trouver un asile qui pût les#fàire. jouir de la.
cpnfolaûoQ & du bonheur, que.rEtafc devrôt Mews fervices. Le nombre
.wédoib toujours, celui que .comporte^,l’emplacement; je n’ai donc
#mdio&: que de jamenes |
|
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|
cet établiflèment aux vrais principes de fon inilitution; j’ai
Amplifié fon administration& diminué la dépenfe. Ceux qui font
aujourd’hui dan^ te néêeffîté de recourir à' cette refToûrce, gouiflent d’un
bonheur mérité'; ' ils font proprement tenus: & parfaitement
foignés, & cependant le nombrer des: débouchés n’eft pas diminué;) J’ai augmenté1 les compagnies
détachées dans^ la même proportion. Tout le monde* fait combien la plus
grande partie de ceux qui étoient à l’hôtel de Paris briguoient
& follicitoient des places dans les Provinces. Ce même defir
& ce même empreffement n’exiftent plus; il faut donc conclure de-là
qu’ils font mieux. J’avouerai même que ce n’étoit pas là mon plan. Je voulois
au contraire anéantir & détruire ce1 monument delà vanité plutôt que de la bienfaiiànce de Louis
XlV; -imotï intention étoit de former 3 6: étabtilfemens de récompenïès
miiitairés dans le# 3 6 principaux gouver-nemens, dont le nombre dans chacun
nlauroit-puexdéder a-68 -Bas-Officier* |
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ou Soldats invalides, à la tête defquels établiffemens j’aurois
placé d’anciens Officiers d’un mérite & d’une probité reconnue, pour
être chargés de l’administration fous l’autorité & l’infpeâion des
Commandons des Provinces & des Officiers généraux employés. En
entretenant ainfi un nombre plus confidérable d’Invalides, j’aurois procuré à
ces vieux militaires la douceur fi confolante de vivre au milieu de leurs
familles & de terminer leur carrière dans le bonheur & le
repos. Ce plan étoit même lié à un autre plus confidérable & tout
auffi inté-refTant; c’étoit de pourvoir également à la fubfiftance des femmes
de ceux qui étoient mariés & à l’éducation de leurs enfans;
& fi j’avois pu parvenir par d’autres économies à me procurer les
-moyens que j’efpérois, j’aurois ouvert encore une reflburce aux enfàns des
fol-dats en activité de fervice, à l’imitation du dépôt des gardes françoifes
à Paris, fins cependant leur donner une éduca-lion fi recherchée ni fi
foignée, mais |
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|
celle qui convenoit à leur fituation & à l’état auquel
ils étoient deftinés; ce qui aurait procuré par la fuite .des avantages
immenfes pour la population & des moyens de recruter les troupes
fans nuire aux parties intéreflàntes de l’agriculture, des manufactures
& des arts. Par ces divers établiffemens, dont les avantages étoient
toujours fous les yeux du peuple, je ferois peut-être parvenu à faire
renaître le goût du fervice qui n’exifte plus; mais, pour exécuter un plan fi
vafte, qui néceffitoit à tait de détails il auroit fallu que j’eufle plus de
tranquilité d’elprit, moins d’ennemis du bien public à combattre, une
confiance plus entière du maître, & furtout aucun intermédiaire
entre lui & moi. |
|
|
|
J’avois pareillement pour les hôpitaux un projet différent de
celui que j’ai fuivi; il renfermoit une adminiftration infiniment plus
économique & auroit certainement contribué à la confèrvation de
beaucoup d’hommes qui périffent aujourd’hui par une négligence criminelle
& |
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|
digne du dernier fuplice. ; 'St je eonferve aflèz de fanté
& de vigueur d’efprit, j’en ferai un jour h matière d?un mémoire détaillé
& raifonné, & je me trouverai bien payé de mes peines^ fi
.jamais il arrive à la tête du miniftere un .homme aflèz honnête, aflèz ferme
& aflèz courageux pour en entreprendre, l’exécution. |
|
|
|
Je regretterai toujours que le Roi n’ait pas voulu accepter,
& ait même rejeté mon arrangement pour procurer un fort aux veuves
des officiers..iàns qu’il en coûtât rien à Sa Majesté. Je n’ai jamais pu
concevoir quel intérêt , on pouvoir avoir à contrarier un pareil projet, fi
ce n’eft celui de me foire échouer dans toutes mes entreprifès. |
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|
Rebuté par cette multitude de con-Eradiétions, je .n’ai plus eu
le courage de rien propofer. J’avois cependant fait quelques anangemens
relatifs à la guerre dont là France n’eft que trop dépourvue, & qui
lui auroient procuré les mêmes avantages «que-nous admirons .chez nos
voi-flns4-celui par exemple d’avoir.conftam- |
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ment |
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ment un dépôt de 30000 chevaux pour fon artillerie
& pour fos vivres, de maniéré qu’en quelque moment que la guerre eût
éclaté, fes armées pourvues de tout auraient été en état de fe raflembler.
Pour parvenir à une inftitution fi utile, j’aurois choifi dans toute
l’étendue du Royaume les quinze mille fermiers les plus riches & les
plus folvables, & dans le nombre de leurs chevaux, je les au-rois
aftreint, par une loi , à en élever deux, deftinés à ce genre de fervice.
Chaque année les fubdélégués & les Inten-dans auroient été chargés
d’en certifier l’exiftence; &, pour dédommager ces fermiers de cette
efpece de contribution qu’on leur impofoit, mon intention étoit de propofer à
Sa Majesté d’exemter leurs enfans de la milice & eux de corvée
& du logement des gens de guerre; fur un Royaume d’une étendue aufli
immenfe que celui de France, ces privilèges n’auroient fait qu’une
très-foible fenfation, tandis qu’il en réfultoit une économie pour le tréfor,
& un bien in-. |
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E |
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|
calculable pour le fervice du Roi. A la fin de la guerre, Sa
Majesté auroit reftitué en nature ou payé en argent à raifon de 150 fô deux
chevaux à chacun de ces fermiers; & cette dépenie même ne pouvoit
effrayer, puis qu’en fupofànt qu’il n’en eût refté qu’un tiers, il n’en
auroit coûté que 1500000 Livers. |
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SECTION IV. |
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Je demande maintenant à ceux qui liront ces mémoires $ de fe
dépouiller de toute paflion & de tout intérêt, & de
réfléchir de fang froid fur tous les détails dans lefquels je viens d’entrer.
Quel eft l’homme doué de quelques lumières, qui ne foit obligé de convenir
que, malgré les fàutes fans nombre, que j’ai commîtes, je n’ai pas moins
procuré à la France la meilleure conftitution militaire qu’elle ait eue
depuis l’exiftence de la Monarchie? Et j’ofe dire que, par fo®
uniformiré.elje eft |
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|
DE St
GERMAIN. 67 fupérieure
à toutes celles de l'Europe, tous les corps étant conftitués de maniéré
qu’ils paroiflent jetés dans le même moule, ce qui eft d’un grand avantage
pour l’ordre, la iimplicité du fervice & la difcipline. Ces corps
d’ailleurs, étant divifés en moins de parties féparées, ont auffî plus de
force & plus de confiftan-ce. Des Compagnies nombreufes donnent plus
d’éclat à l’état dé Capitaine, le mettent plus en fituation d’étendre fes
connoiflànces, de fe rendre capable des grades élevés du Militaire,
& de fe distinguer lorfqu’il y eft parvenu. Le tems feul peut
démontrer ces avantages. Il ne faut pas fe laiffer effrayer pas le premier
embarras & par la confufion qui, peut? être, naît de la fùpreflîon
des Officiers Majors, & du peu d’inftru&ion de ceux qui doivent
les fupléer. Le tems & la néceflité détruiront ce petit mal, qui
même n’eft déjà plus fenti dans les corps qui ont de bons chefs; à mefure que
l’oifiveté fera par-là bannie, l’inftruétion y fera de tels progrès qu’il n’y
aura pas |
|
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un féul Officier qui ne Toit en état de fupléer à ces Officiers
Majors qu’on regrette tant, & qui ont fait un mal li réel au
militaire François. |
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Il me paroît qu’aflèz généralement on convient de l’excellence
dé la formation de l’Infanterie; &, quoique quelques Of-• ficiers
ignorans ou gouvernés par de vieux préjugés réclament encore contre celle de
la Cavalerie, je ne la crois pas moins bonne que la compofition de
l’Infanterie. Mais il exifte fur ce point des préventions révoltantes; je
n’en citerai qu’une: elle frapera par fà fingularité. |
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|
Au mois de Mars 1776 un Officier général diftingué
& eftimable, mais qui a le défaut de tout improuver, a ofé avancer
dans un mémoire remis au Roi, que la compofition de la Cavalerie du 1 7 Avril
1772 étoit la meilleure, parce qu’elle employoit beaucoup d’Officiers
& de bas-Officiers. Voilà en vérité une excellente raifbn. En effet,
dans cette compofition un Régiment de Cavalerie avoit 482 têtes, dont 146
Officiers ou bas |
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Officiers; il ne reftoit donc que 336 Cavaliers parmi lefquels
il y en avoit 48 à pied. Il réfùltoit de-là qu’il n’y avoit pas trois
commandés pour un commandant; & cependant un pareil Régiment coûtoit
au Roi pendant la paix 3 o 2 3 3 6 W 5. Sols par an. Mais cette compofition
étoit bien plus vicieufe encore dans les Dragons & les Huflàrds. On
demande à tous les militaires s’ils voudroient faire la gueiTe avec une
Cavalerie ainfi con-ftituée? Elle ne foutiendroit affurément par trois mois
de campagne. |
|
|
|
Les Souverains n’entretiennent pas des armées, pour avoir des
Officiers & bas-Officiers feulement ; il n’en faut des uns
& des autres que ce qui eft néceffaire pour conduire
& faire agir les troupes; il n’y a qu’à les bien choifir. |
|
|
|
Si l’on admettoit ce Syfléme pour la Cavalerie, il devrait à
plus forte raifon avoir lieu dans l’Infanterie, & par con-féquent
dans toutes les autres parties de l’état militaire; & alors toutes
les richeflès du Roi ne fuffiroient pas à l’entretien de |
|
|
|
E 3 |
|
|
|
cent mille hommes. Sa Majesté dé, penfe elle feule, pour fon
état militaire, plus que l’Empereur & le Roi de Pruflè ne dépendent
enlèmble. Cette différence ne provient que des faux emplois & de
leur multiplicité inutile. Il eft plus que tems de revenir à des maximes
(âges & économiques, pour rendre à la nation fa prépondérance
& fon ancien éclat: or perforine ne pourra nier la vérité des
principes qui fuivent. |
|
|
|
Un Officier coûte plus que deux Cavaliers; &, s’il eft
élevé en grade, là dé-penfe augmente à proportion. La fuite d’un Officier
confomme à l’armée ce que plufieurs Cavaliers confommeroient;
& cette fuite eft la caufe principale des difficultés qu’éprouvent
les armées fran-çoifes à lubfifter; & c’eft dans ces cir-çonftances
encore que la dépenlè du Souverain devient pref^ue infuportable. |
|
|
|
H ne faut d’Officiers aux troupes que le nombre qui eft
rigoureulèment néces-faire pour les contenir & les commander. |
|
|
|
Si le Roi emploie en apointemens |
|
|
|
d’Officiers l’argent que les autres puiflàn-ces emploient à
folder des Cavaliers, il aura certainement moins de bras pour combattre ,
& beaucoup d’êtres oififs, plus portés à mettre le trouble dans une
armée qu’à contribuer à l’ordre & au fuccès des entreprifes. : |
|
|
|
Plus le grade d’Officier fera commun, moins il aura de
confidération, & par conféquent moins l’elpeçe en fera bonne
& capable. |
|
|
|
On peut de tout homme faire un ïbl-dat; il n’en eft pas de même
de l’Officier à qui il faut des qualités particulières. |
|
|
|
Malheureufement julqu’à prélent on n’a pas examiné en France
les qualités phyfiques & morales des fujets; l’habitude, l’ufàge
& les préjugés déterrai* nent lur ce choix. |
|
|
|
Un homme de condition, un bon & ancien Gentilhomme ne
veulent plus rester dans l’état fubalteme, parcequ’ils ,s’y trouvent
confondus gvectrop deperfon-nes d’un rang inférieur j & c’eft ce
grand nombre d’Officiers qui en eft la caufe. |
|
|
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E 4 |
|
|
|
Du temS de M. de Turenne, époque la plus brillante du
militaire François, tons auquel nos armées étoient fupérieures à toutes celles de
l’Europe, MM. de Beauvais, deTavanne, de Coaiflin, ainfique beaucoup d’autres
de la même trempe, étoient fimples Capitaines, & fervoient avec
deftinétion dans cet état; mais auffi dans ce tems-là les Compagnies étoient
hombreufes, & il n’y avoit pour les commander qu’un Capitaine, un
Lieutenant & un Sous-lieutenant; tandis que dans l’état de foiblefle
où elles étoient fous le miniftere précédent, elles avoient le même nombre
d’Officiers. |
|
|
|
Il n’y a pas de doute que, dans ces mêmes tems de fplendeur du
militaire François, chaque Compagnie formoit fon efcadron dans la Cavalerie
& portoit le nom de fon Capitaine ; le nombre des Officiers
fubalternes, qui cependant n’ex-cédoit jamais celui de quatre, étoit
arbitraire & dépendoit de celui des Cavaliers qui n’étoit pas fixé
non plus. |
|
|
|
L’époque de l’augmentation des Offi- |
|
|
|
ciers eft celle de la mort de M. de Tu-renne. Les longues
guerres de Louis XIV ayant épuifé fes finances, il fit une opération fifcale
fur les emplois militaires; on les multiplioit pour avoir de l’ar-gent;
&, quand on avoit befoin de troupes , on accordoit les Compagnies à ceux
qui vouloient bien les lever à leurs frais ; ils vendoient également à leur
profit les emplois fubaltemes; & cet abus mon-ftrueux a fubfifté
encore à l’augmentation de 1733. Voilà l’origine de cette multitude d’Officiers
qu’on a confervés depuis dans les troupes, fans objet & fans
utilité; mais au contraire au détriment des intérêts du Roi & du
bien de fon fer-vice. |
|
|
|
Si, malgré ces défauts, il y a eu des circonftances où la
cavalerie françoife a eu des avantages par les qualités perfo-nelles d’une
nation naturellement impé-tueufe & brave, il en exifte un plus grand
nombre dans l’hiftoire où les vices de fà compofition, l’indifcipline
& le peu d’inftruftioades Officiers trop multipliés, |
|
|
|
& par cette raifon trop mal choifis , opt occafionné les
revers les plus malheureux & les plus humiliants. |
|
|
|
Les principes d’une bonne confiitU’ don militaire doivent être
qu’il y ait fuf-fifàmment d’Officiers pour commander; car pour fe battre un
fbldat vaut mieux qu’un Officier qui n’agit pas par lui-même, & dont
le devoir eft de faire agir les autres. Ces refforts très-néceflaires font
vicieux quand ils font trop multipliés. |
|
|
|
S’il y a des Officiers bleflës ou mate-des, il y a toute
aparence que le nom-bre des cavaliers diminue par les mêmes çaufes
& dans les mêmes proportions. Il reftera donc toujours le nombre
d’Officiers néceflàires pour diriger & conduire la troupe. |
|
|
|
Quant à ceux qui font détachés, ils ne peuvent l’être
fans.cavaliers; &, û fur œ . point on veut par la fuite .fo conduire
d’après des principes, plus, militaires que ceux qu’on a pratiqués julqu’à
préfent, on n’expolèra plus nos détachemens à ^prouver les mêmes échecs à la
guerre. |
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|
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H me femble que, le Roi ayant pourvu par fes lois
& fes réglemens à ce que l’état du bas-Officier foit tel qu’il doit
être pour exciter l’émulation & encourager les talens, il eft
très-intéreflànt pour leur propre confidération que le nombre n’en foit pas
trop multiplié, par les rai-fons qu’on a déjà détaillées & plus
encore par l’împoflibilité de trouver un fi grand nombre d’hommes capables
&in-ftruits. C’eft même cette multiplication de bas-Officiers qui eft la
vraie caufe de la mécfiocrité qu’on leur reproche; ce ne font que les bons
Officiers qui forment les bons bas-Officiers. Quand les nôtres forant donctds
qu’ils doivent être, nous ne nous en plaindrons plus. |
|
|
|
La diminution du nombre des Maréchaux de logis rendra aux
'Brigadiers la confidération qu’ils dévoient néceflàire-ment perdre par le
trop grand nombre des Maréchaux de logis, qui exiftoient dans les Efcadrons,
dans l’ancienne com-pofition; & cette efp^ce de réhabilitation d’un
grade, plus intéseffirnt qu’on |
|
|
|
ne penfe peut-être, fera qu’on fera plus attentif au choix des
Fujets pour le remplir; & on verra alors que le nombre de huit
iuffit aux foins qu’exige un Efcadron. |
|
|
|
Je ne defirerois donc rien pour la cavalerie, que de la voir
toujours compo-fée du même nombre d’hommes & de chevaux, en tems de
paix comme en tems de guerre. C’eft le feul moyen de l’avoir excellente. Je
préférerais même d’avoir trente mille hommes d’infanterie de moins, pour
procurer à l’armée du Roi cet avantage fur toutes les armées de l’Europe. U
faut trois ou quatre ans pour former un cavalier, il ne faut que trois mois
pour former un fàntaffîn; & les moyens néces-fàires font infiniment
plus aifés & plus multipliés en France que partout ailleurs. J’avois
fur ce point un plan arrêté, & c’eft dans cet objet que j’avois
laiffé fubfi-fter les Soldats Provinciaux, en réformant les Régimens qui
coûtoient de l’argent -& étoient parfaitement inutiles. Mon fucceffeur
connoît ce projet; je l’en ai |
|
|
|
fouvent entretenu: je defire donc qu’il ait la figeiTe de
l’exécuter. |
|
|
|
Je n’ai plus qu’un mot à dire fur la cavalerie. Le Roi n’en
aura point, quelques efforts que l’on fiffe, tant qu’il n’aura pas des
Capitaines, & il ne peut en avoir fi Sa Majesté ne change pas la
méthode actuelle de nommer aux Compagnies. Il eft plus qu’intéreflànt pour le
bien de fon fèrvice que le principe des-truétif de toute émulation, de borner
les Lieutenans de Cavalerie & de Dragons au feul état de Lieutenant,
d’oppofer à leur ambition une barre de fer impofii-ble à rompre, foit à
jamais anéanti. Je fais que les nouvelles lois ne prononcent pas cette
profcription ; mais il n’y a pas eu d’exemple qui prouve qu’elle n’exifte
pas; & ce grand nombre de com-mifiions de Capitaines qu’on m’a forcé
d’accorder ne fait que trop craindre que cette exclufiôn ne iè perpétue à
jamais. U eft très-facile de concilier avec le préjugé exiftant le bien que
je réclame pour les troupes à cheval. Je penfe donc que |
|
|
|
Sa Majesté pourrait fe réferver la difpofition de deux places
de Capitaines nominativement dans chaque Régiment !
de Cavalerie & de Dragons,
qu’elle ac- 1 corderait comme par le pafië; mais les huit autres places,
foit Compagnies ou Capitaines en fécond, feroient toujours données à
l’ancienneté. Ces 98 emplois feront plus que fuffiiàns pour procurer les
débouchés nécefiàires à ce qu’on appelle la haute noblefTe deftinée à
parvenir au commandement des Régimens, fur-tout fi l’on veut écarter de cette
prérogative les gens protégés qui ufiirpent ce titre; les fils des gros
négocians de Lyon, des Fermiers généraux & des Receveurs des
finances, qui, à la faveur de leur argent, ou des alliances contractées avec
les grandes maifbns, ofent fè placer fur la. même ligne & réclamer
les mêmes droits qu’on leur a fbuvent accordés de préférence & au
préjudice des jeunes gens- de qualité. Si enfuite on ajoute à cette
précaution celle de compter tous les/fer vices indiftinétement pour parve- |
|
|
|
nir att. grade de Colonel en fécond, il n’eœ néfiiitera aucun
retardement pour ceux qui ont véritablement droit d’y prétendre. |
|
|
|
Il ne me refte plus qu’à prouver à ceux qui blâment
& condamnent toujours, fans rien examiner, que c’eft un menfonge
abfürde que de dire que le Roi n’æ plus d’armée; qu’il en avoit une
quelconque avant mon miniftere, que je l’ai diminuée & détruite par
mes opérations , & que la nobleflè n’a plus les mêmes débouchés. Je
prie ces habiles gens, ces raifonneurs inftruits qu’on écoute avec tant de
plaifir, de confiance & de complaifance, de me répondre
& de me contefter les vérités qui fuivent: les preuves font dans
leurs mains comme dans celles de tout le monde. |
|
|
|
Je les prie d’ouvrir l’état militaire de France de 1775, époque
du miniftera de M. le Maréchal Dumuy; ils y trouveront ç^Rêgimens
d'infanterie, y compris le Régiment provincial
de Corfe; car je veux mettre tout en ligne de compter |
|
|
|
De ces 94 Régimens, 8 étaient Allemands, 2 Irlandois, 1
Italien, 2 Cor-fes, 11 Suiflès & 74 François, dont 12 à quatre
Bataillons & tous le autres à deux, ce qui formoit un total de 212 Bataillons, |
|
|
|
S'ils font inftruits, ils (auront également qu'à cette même
époque le complet des Compagnies était arrêté à 54 hommes pour les fufiliers
& à 52 hommes pour les grenadiers, qu’ils y avoit huit Compagnies de
fufiliers & une de grenadiers par Bataillon ; que chaque Bataillon
étoit donc de 484 bas - Officier s ou fufiliers, & que les 212 Bataillons formoient un corps d’infanterie de 102608 hommes. |
|
|
|
Cette infanterie, *ainfi confiituée, pro-curoit à la nobleflè
105 places de Colonels, à
caufe des Colonels en fécond qui exi-ftoient déjà dans les Régimens
Allemands, Irlandois, Italien & Corfes. |
|
|
|
H y avoit fept légions compofées de huit Compagnies à cheval
& de neuf Compagnies à pied chacune. Dans le nombre des Compagnies à
pied,, il yen avoit |
|
|
|
avoit une de Grenadiers. Les Compagnies à cheval ainfi que
celles de Grenadiers étoient à 29 hommes & les Compagnies de
Fuïiliers à 17, les bas-Officiers compris; ce qui formoit un total par légion
de 397 hommes dont 232 Dragons t & le total des fept légions 2779 hommes» |
|
|
|
Comme il y avoit deux Colonels dans chaque légion , ces fept
légions procu-roient 14 places de Colonels» |
|
|
|
A la même époque il y avoit 30 Ré-gimens de Cavalerie, non
compris les Carabiniers. Chacun de ces Régimens étoient à trois Efcadrons, ce
qui formoit 90 Efcadrons de Cavalerie, chaque Escadron de 4 Compagnies, de 36
bas-Officiers ou Cavaliers dont 32 montés; par conféquent le total d’un Régiment étoit de 432 hommes & de 384 Chevaux formant un corps de
Cavalerie de 12960 hommes dont 11520 montés; |
|
|
|
Le Régiment des Carabiniers étoit compofé de 5 Brigades de 2
Efcadrons chacune; chaque Efcàdron de 3 Compagnies & chaque
Compagnie de 52 |
|
|
|
F |
|
|
|
Ba MÉMOIRES du COMTE |
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|
|
hommes dont 40 montés & 12 £ pied. Les 30 Compagnies formant
iq E(cadrons feifoient dans leur enfemble 1560 hommes
dont 1200 Chevaux. |
|
|
|
Cette Cavalerie fourniflbit 37 débauchés
de Colonels à caufè des- Carabiniers où il y en
avoit 5, & de ceux de Noail-les & de Royal-Allemand dans
lefquels il y avoit déjà des Colonels en fécond. |
|
|
|
Il y avoit auffi quatre Régimens de HufTards de 4 Efcadrons
chacun, deux Compagnies de 40 hommes pas Efca-dron, tous montés; ce qui
formoit par Régiment un total de 320 hommes & fur les quatre Régimens 1280 hommes. |
|
|
|
Comme il y avoit deux Colonels par chaque Régiment de Huflàrds,
ils pro-curoient 8 débouchés de Colonels. |
|
|
|
Les 1?
Régimens de Dragons étoient comme la Cavalerie, de trois Efcadrons chacun; il
y avoit par conféquent 51 Efcadrons; chaque Efcadron étoit auffi de 4
Compagnies & chaque Compagnie de 32 Dragons dont 24 montés. Un
Régiment de Dragons fpnnoit. donc un |
|
|
|
total de 384 hommes dont 288 Chevaux & les 17 Régimens formoient un total de 6528 hommes dont 4896 Chevaux. |
|
|
|
Dans ce corps de Dragons il y avoir 19 places
de Colonels, parce que les Ré-gimens de Lorraine
& de Schomberg en avoient deux. |
|
|
|
Indépendamment de toutes ces troupes, il exiftoit répandue dans
les provinces & prête à être raflemblée au premier ordre, une milice
intente & fignalée de 44310 hommes, formant 11 Régiment de Grenadiers Royaux & 48
Régiment provinciaux qui donnoient auRoi encore 59 places de Colonels dont fl
pouvoit difpofer. |
|
|
|
Voilà quels étoient les différens corps qui formoient ce qu’on
peut appeler l’armée du Roi, non compris l’Artillerie, la Maifon de Sa
Majesté à cheval & les Régimens des Gardes françoifes
& fuiffes, qui, étant des corps de luxe & de
décoration,doivent être comptés comme une réferve précieufe & qu’on
ne peut employer que dans les circonftan- |
|
|
|
ces les plus preflàntes ; suffi dans la com-paraifon que je
vais faire de cette con-ftitution avec celle que j’ai établie, je ne parlerai
pas de ces corps d’élite. |
|
|
|
NOUVELLE CONSTITUTION. |
|
|
|
T æ Roi a
maintenant fur pied 106 Ré-gimens, y compris le Régiment Provincial de Corfe,
tous à deux Bataillons, à l’exception de celui de Sa Majesté qui eft à
quatre, ce qui forme dans la totalité 214 Bataillons. Le complet des Compagnies eft arrêté à 116 hommes dans les
Fufiliers & les Chaflèurs, & à 101 hommes dans les
Grenadiers. Chaque Bataillon eft compofé de 4 Compagnies, & il y a
une Compagnie de Grenadiers & une de Chaflèurs par Régiment. Le
total dont chaque Régiment eft compofé, y compris le tambour Major, eft donc
de 1146 hommes',
mais comme les onze Régimens fuiflès ont encore l’an- |
|
|
|
DE S1. GERMAIN. «5 cienne compofition, le total, que pro-duifènt
les 106 Régimens ou
les 214 Bataillons
n’eft que de 120576 hommes. Ces 106 Régimens donnent au Roi 200 places de Colonels à caufe que
les Suiffes n’ont qu’un Colonel; mais celui de Rohan-Soubife, de
Savoye-Çarignan & les Régimens Allemands ont indépendamment de deux
Colonels encore chacun un Colonel propriétaire. |
|
|
|
H y a dans ce moment-ci fur pied 23 Régimens de Cavalerie, 4
Régimens de Huflàrds & 24 Régimens de Dragons, qui ont tous la même
compofition, foit pour le nombre d’Efcadrons par Régiment, de Compagnies par
Efcadron & de bas-Officiers, Cavaliers, Dragons & Huflàrds
par Compagnie, ce qui forme un cotps de Cavalerie de 255 Efcadrons,
non compris les Carabiniers. Le complet de
chaque Compagnie ou Efcadron étant arrêté à 100 bas-Officiers, Cavaliers,
Dragons ou Huflàrds, il y a 500 hommes par Régiment, dont 350 montés dans la
Cavalerie & 300 feulement dans |
|
|
|
8« MÉMOIRES du
COMTE |
|
|
|
les Dirons; mais les Huflàrds font tous montés. Il en réfulte
que le total général de cette Cavalerie eft de 25500 bommes dont 17250 font montés. |
|
|
|
Les 51 Régimens de Cavalerie, Dragons ou Huflàrds donnent au
Roi 108 places de Colonels
dont il peut dilj)ofer, parce que les Régimehs des Etats Majors ainfi que
ceux de Royal-AMemand, Lorraine & Noailles, ont indépendamment des
deux Colonels, des Colonels propriétaires, |
|
|
|
A ce corps de Cavalerie il faut ajouter celui des Carabiniers
qui eft de 8 Efcadrons; chaque Escadron d’une Compagnie & chaque
Compagnie de 145 bas-Officiers ou Cavaliers tous montés. Total ■i 160 bommes & autant de
chevaux. |
|
|
|
Il y a dans les Provinces inscrit & fignalé un corps
de milice deffiné à former des Bataillais en tems de guerre pour garder les
places, qpi a été porté par deux tfrages fucceffifs à 74000 bommes. |
|
|
|
Si Ton veut maintenant faire la récapitulation de ces divers
détails, on verra |
|
|
|
DE St. GÉRNiAÏN. 8? |
|
|
|
qu’à l’époque de la mort du Maréchal Dumuÿ, le Roi aydit 127715
hommes; dont 25952 de Cavalerie; mais dont U n’y
avoit que 18328 montés, & que dans ce motrient-ci ce nombre eff de 147236 hommes dont 26660 de Cavalerie, desquels il y a
18410 qui foM montés.
Il eft donc îtnpoffible de diiconvenir qu’il n’y ait actuellement 19521 hommes dé plus qu’il n’y avoit
alors & 72 Chevaux. |
|
|
|
Il y avoit dans l’ancienne côiiftitutiort 242 débouchés de Colonels; il y en a
actuellement 309. Les débouchés dâni ce genre font donc augmentés de 67 places. |
|
|
|
Je penfe qu’on ne me éonteftéra p&S non plus l’avantage
d’avoir obtenu dtl Roi la profcription de la peiné dé mort pour les débiteurs
& d’avoir trouvé dans mon économie lé moyén de donné? une
augmentation d’apointemeris aux (^ ciers & une augmentation de luldé
âuï Cavaliers, Dragons, Huflàrds & Seldat£ j’ai eft oùtte éteint les
'dettes dé ftei pïédééeffëursj &, en quittant le dépar- |
|
|
|
99 MÉMOIRES du COMTE tement, je fai laiflë fans un fol de
dette; & il y avoit près de fix millions dans les caillés des
Tréforiers. Je ne difcohviens pas qu’indépendamment de ces avantages il n’en
eût réfulté de plus confidérables fi mon plan n’avoit pas été mutilé; mais je penfe qu’un ouvrier
habile pourroit, au moyen des matériaux qui exiftent, former une conftitution
militaire plus régulière dans les difpofitions & proportions,
qu’aucune de celles de l’Europe |
|
|
|
Si jamais On a la fageffe de mettre un tel homme à la tête du
département de la guerre,, je lui confeille, pour affu-rer la fblidité de fon
édifice & pour le mettre à l’abri des viciflitudes des évé-pemens
& du tems, de créer un confeil de guerre. Si, jaloux de fon
autorité, il ne veut pas lui donner la forme de celui que j’avois propofé, il
pourroit du moins l’établir comme un tribunal chargé de vérifier les lois
militaires, de les enre-giftrer, de veiller à leur exécution littérale, d’empêcher
qu’elles ne fbient ni gérées ni changées, & que le fort de |
|
|
|
; tant de braves gens celle d’être fournis : aux caprices d’un
foui homme. Mais, : pour mettre cette opinion dans tout fon jour, je finirai
ces mémoires en ra-portant le projet de deux ordonnances qui m’avoient été
propofées par un Officier général aufli inftruit qu’il eft efti-mable par fes
vertus & fon patriotifme. Je regrette infiniment de n’avoir pas fait
un ufige plus utile de fis figes & courageux avis. .
. ..........; |
|
|
|
PREMIER, PROJET. |
|
|
|
P R É Â M B Ù''L JS. |
|
|
|
Sa Majesté voulant donner à fi con-ftitution militaire une
fiabilité & une permanence qui en affurant invariablement l’état
& la fortune de tous les Officiers de fon armée puiflè ajouter
encore (fi cela eft poffible) à leur zele pour fon fervice & à leur
dévouaient à fes vo-■ f5 ‘
' |
|
|
|
ço MÉMOIRES »d COMTE |
|
|
|
lontés, elle s’eft déterminée en conlë-quence à créer un
tribunal fous le titré Ûe confeil de guerre, qui foit le dépo-fitaire
& le confervateur des lois militaires en même tems qu’il fera chargé
d’examiner & de difcuter avec équité les plaintes, les réclamations,
les droits & les prérogatives de chacun avant dé les fbumettre à la
décifion de Sa Majesté; elle a en conféquence ordonné & ordonne ce
qui fuit |
|
|
|
ArticleL ' |
|
|
|
Le Secrétaire d’état de la guerre .con- | tinuera à avoir
l’adminiftration du département de la guerre, de diriger les affaires
contentieuiès.des Provinces qui en ' dépendent, de propoièr aux places
& aux emplois vacants, de folliciter près | de Sa Majesté les grâces
& les ré-compenfes; mais il ne pourra jamais être décerné aucune
punition, ni être 1 fait le moindre changement à la coriftî-tution militaire, aux
lois & aux ordoii- | |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. $1 nances qiie d’après la vérification
& l’avis du conféil de guerre, que Sa Majesté veut être établi à
commencer de ce jour, qui feul pourra propofer ou ftatuer fur les
rectifications que le tems & les circonftances rendront nécefiàires. |
|
|
|
· II. |
|
|
|
Seront pareillement renvoyées à ce tribunal toutes les plaintes
en contravention aux lois & aux ordonnances, enfin toutes les
prévarications qui pourroient exiger une punition exemplaire
& éclatante, voulant Sa Majesté que le Confeil de guerre prononce en
dernier reffort; fe réfervant feulement Sa Majesté le droit de faire grâce ou
de commuer la peine. . |
|
|
|
· III. |
|
|
|
Seront renvoyées pareillement à ce tribunal, pour être jugées
définitivement, les plaintes que les Officiers au-roient à former contre des
Supérieurs tiranniques ou injuftes; mais, en même |
|
|
|
p* MÉMOIRES du COMTE |
|
|
|
teins que le Confeil de guerre doit les protéger & les
mettre à l’abri de toute vexation ou oppreffion, l’intention de Sa Majesté
eft que ceux qui inten- |
|
|
|
, teront de pareilles plaintes mal à propos, foient punis avec
la plus grande févérité. |
|
|
|
Veut enfin Sa Majesté que tou- ! tes les affaires militaires foumifes à des difcuffions, à des
vérifications ou à un examen quelconque, foient du reflbrt de ce tribunal,
qui feul pourra en connoître. |
|
|
|
· V.
i |
|
|
|
f Ce tribunal ou Confeil de
guerre fera compofé |
|
|
|
d’un Maréchal de France Préfidc. i d’un Lieutenant gai. Vice-Préfidc i d’un Lieutenant gai.
ou ; : |
|
|
|
. Maréchal de camp Raporteur, t |
|
|
|
.. de quatre autres Lieutenans gaux. 4 |
|
|
|
. de quatre Maréchaux de camp/ , 4 |
|
|
|
. qui tous auront voix délibérative. * |
|
|
|
Il y fera établi auffi un Commiflàire ordonnateur fous le titre
de Greffier, Secrétaire garde des archives, & dont les fondions
feront de rédiger les arrêts & de tenir les regiftres. . |
|
|
|
VL |
|
|
|
Ce tribunal s’aflèmblera à Paris dans la fàlle du Confeil de
l’hôtel des Invalides, où fera logé le Greffier & où fera auffi le
dépôt des regiftres & des papiers. Le Préfident convoquera ce
Confeil toutes les fois que les afiàires l’exigeront. |
|
|
|
VIL |
|
|
|
Aucun des membres qui le compo-fent ne pourra fe difpenfer de
s’y trouver, à moins de maladie dont il fera avertir le Préfident,
& dans tous les autres cas qu’après en avoir obtenu la per-' miffion
de lui. ’ |
|
|
|
VIIL |
|
|
|
L’intention de Sa Majesté eft que tous les objets qui feront
mis en délibération, foient décidés à la pluralité des voix & que,
lorfqu’il y aura partage par égal nombre, celle du Préfident, du
Vice-Préfident ou de tel autre Officier général qui préfîdera ce jour-là
,ibit comptée pour deux voix & que le moindre nombre foit toujours
obligé de fe ranger à l’avis du plus grand nombre. |
|
|
|
· IX. |
|
|
|
Sa Majesté voulant donner à cet établiiTement utile
& avantageux toute la folidité & la confiftance dont il a
be-foin, pour que les différais membres qui le compofent ne puiffent être
affujetds à aucune crainte ni incertitude fur leur état, elle déclare que
dans aucun cas, ni dans aucune circonftance, elle ne révoquera ni ne changera
aucun de ceux qu’elle y aura une fois admis, à moins |
|
|
|
DE S*.
GERMAIN. 95 que fon âge, (es infirmités ou la néceffité de l’employer plus
avantageufement ailleurs pour fbn fervice, ne l’y obligeaient. Elle veut que,
fi contre toute attente quelqu’un prévariquoit dans fes devoirs, il (bit jugé
par le conièil de guerre même, à qui feul & à l’exclufion de toute
autre jurifdiâion, elle attribue le droit d’en connoître. |
|
|
|
· X. |
|
|
|
Veut pareillement Sa Majesté que, lorfqu’il vaquera des places
dans le con-feil de guerre par mort, démiflion ou autrement, le remplacement
en foit fait d’après le choix du Conieil de guerre même qui propofera à Sa
Majesté les trois fujets qu‘il aùra Jugé les plus dignes, parmi lefquels elle
iè referve de choifir celui qu’elle jugera convenable & auquel elle
fera expédier les pouvoirs ou commifiions néceflàires. |
|
|
|
XL |
|
|
|
Sa Majesté a jugé à propos de régler aux diflerens membres qui
doivent compofer le Confeil de guerre, les trai-temens qui fuivent, favoir: |
|
|
|
Au Maréchal de France Préfident. 3<Sooo®paran. Au Lieutenant
Général Vice-Pré- |
|
|
|
fident.......24000 |
|
|
|
Au Raporteur, foit qu’il foit Lieutenant Général ou Maréchal de
camp, pour lui & fes frais de bureaux...... 60009 |
|
|
|
A chacun des quatre Lieutenans |
|
|
|
Généraux. . . .
. ' 18000 |
|
|
|
A chacun des quatre Maréchaux |
|
|
|
de camp.....12000 |
|
|
|
Au Commiffaire ordonnateur Greffier, pour lui & fes
Secrétaires ou fj-ais de Bureaux. . . .
48000 |
|
|
|
. Tous ces traitemens feront indépen-dans de ceux dont ces
membres du Con-feil de guerre peuvent jouir à d’autres titres,
& leur feront payés tous les fix mois des fonds de l’extraordinaire
des guerres, fans autre retenue que les 4^ pour |
|
|
|
pour livre & la capitation. Us jouiront en outre de la
franchife de leurs ports de lettrés. |
|
|
|
Voilà quel feroit le plan du Tribunal à établir, fi l’on
vouloit laiflèr fubfifter la place de Secrétaire d’Etat de la guerre, quoique
ce moyen ne (bit pas fuffifant pour parer à tous les ittconvéniens, il
produiroit du moins l’effet > d’aflurer la Habilité dé la conïlitution militaire, dé
rendre aux lois lé relpéét qui leur dl dû & leur Force, ce qui efl:
impbfllblé dans l’état aétuél des chofes; mais fi au contraire ori avoit la
fâgeffe de fuprimef la formé éxiftante de Fadmihiftration du département de
la guetre & qu’au lieu d’en confier le foin à un feul, on voulût
créer un véritable Confeil de guerre; voici fur quel pied & par
quelle ordon* fiancé ôn poürroit l’établin |
|
|
|
98 MÉMOIRES du COMTE aMQ^AéattMè^sBBB |
|
|
|
SECOND PROJET. |
|
|
|
PRÉAMBULE. |
|
|
|
Sa Majesté voulant donner à fa conftitution militaire une
fiabilité & une permanence, qui en aflurant invariablement l’état
& la fortune de tous les Officiers de fon armée, puifïè ajouter
encore à leur zele pour fon iervice & à leur devoument à fes
volontés, s’eft déterminée à créer un tribunal fous le titre de Confeil de
guerre qui foit chargé déformais de l’adminiftration du département de la
guerre en même tems qu’il fera le dépofitaire & le confervateur des
lois militaires, le défenfeur des droits & prétentions de chacun- Sa
Majesté a en conféquence ordonné & ordonne ce qui fuit. |
|
|
|
Article I. |
|
|
|
A commencer de ce jour il fora établi à Verfailles, à l’hôtel
de la guerre, un tribunal fous le titre 4e Confeil de guerre. |
|
|
|
IL |
|
|
|
Ce Confeil fera compofé d’un Maréchal de France Préfident, d’un
Lieutenant général Vice-Préfident, d’un Se* crétaire d’état Raporteur, de
quatre autres Lieutenans généraux, de huit Maréchaux de camp, d’un Confeiller
d’état, d’un intendant des finances, qui tous aur vont voix délibérative,
& d’un Secrétaire pour tenir les regifires. |
|
|
|
IIL |
|
|
|
Ce tribunal s’aïfemblera les Lundi, les Mercredi,
& les Vendredi de chaque femaine, & extraordinairement
lorsque le Préfident jugera néceflaire de le convoquer. |
|
|
|
IV. |
|
|
|
Aucun des membres qui le compofent ne pourra fe difpenfer de
s’y trouver à moins de maladie, donc il fera avertir le Préfident,
& dans tous les autres cas qu’après en avoir obtenu la permiflion de
lui. G
2 |
|
|
|
L’objet qui détermine Sa Majesté à créer un Confeil de guerre,
étant de pourvoir d’une maniéré fûre à l’obferva-tion exafte
& littérale des lois militaires, à la difpenfation jufte des grâces
& des récompenfes, tous les objets relatifs à l’adminiftration du
département de la guerre, y compris les troupes de là mai-fon, les Gardes
françoifes, les Gardes fuiffes, ainfi que fon Régiment d’Infanterie, y feront
mis en délibération, & décidés à la pluralité des voix, fon
intention étant qu’après que l’enregiftre-ment en fera fait dans le regiftre
du Confeil par le Secrétaire, foufcrit & ligné par tous les membres
préfents, l’extrait motivé lui en foit préfenté daifs la même forme par le
Préfident, le Vice-Préfident & le Secrétaire d’Etat de la guerre, ou
tels autres membres du Confeil qui à leur défaut en rempliront les fondions,
pour que S. M. puiffe y faire droit; fe réfer-vant dans tous les cas
d’admettre les |
|
|
|
modifications qu’elle jugeroit juftes & Taifônnables,
& voulant Sa Majesté que l’expédition en forme d’ordre & de
commandement ne puifle être faite que d’après ion approbation, lefquelles
expéditions ou ordres feront toujours con-trefignés par le Secrétaire d’Etat,
Rapor-teur du Confeil, chargé d’y veiller & d’en certifier au
Confeil. |
|
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VI, |
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L’intention de Sa Majesté eft au furplus que lorfqu’il y aura
partage de voix par égal nombre, celle du Préfî-dent, du Viçe-Préfîdent ou de
tel autre Officier général qui préfidera ce jour-là, foit comptée pour deux
voix & que le moindre nombre foit toujours obligé de fç ranger à
l’avis du plus grand nombre?. |
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VII. |
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|
Toutes les demandes, de quelque part qu’elles puiflènt émaner,
de quelque nature qu’elles foient, feront toujours adres- |
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G 3 |
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|
fées au Confeil de guerre, dans la forme qui fera prefcrite.
Ordonne Sa Ma je s-tté que toutes celles qui ne feront pas en réglé foient
rejetées comme non ad-miffibles. |
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VIIL |
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|
Chaque jour de Confeii le Secrétaire fera aporter au Confeil
toutes les lettres & tous les paquets qui lui auront été remis à
l’adrefle dudit Confeil; on les ouvrira en préfence de tous les membres qui
le compofent; &, comme leur étiquette devra énoncer l’objet qui y eft
contenu, on les numérotera & on les rangera dans l’ordre où l’on
jugera à propos de les mettre en délibération. Ces numéros feront en même
téms tranferits fur une feuille volante avec l’étiquette à côté du numéro ;
cette feuille fera lignée par tous les membres du Confeil & reportée
le Confeil fuivant, pour qu’il ÿnfoit -ftatué dans lè même ofdœ
& que la juftpie!h plus exaéte foit même obfer--vée dans
l'accélération du report à faire. |
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|
· IX. |
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|
|
L’opération prelcrite par l’article précédent étant faite, tous
les mémoires feront remis au Secrétaire d’état Reporteur, qui en fera le
renvoi aux différens bureaux pour procéder à l’examen & aux
vérifications qu’il jugera néceffaires, d’après lelquelles il dreffera ion
report à faire au Confeil de guerre pour qu’il y (bit ftatué dans la forme
prelcrite; & veut Sa Majesté que l’original du mémoire, ainfi que
toutes les pièces justificatives ibient toujours jointes à la feuille contenant
ce raport, afin d’éviter toute lurprife & d’écarter toute
prévention. Ces mémoires, ces pièces juftifi-catives & ce raport
feront eniuite brûlés après qu’ils auront été tranicrits fur un regiitre
particulier établi à cet effet, au bas de chaque feuille duquel tous les
membres du Confeil ligneront; ce regiftre fera dépofé dans les bureaux pour y
avoir recours en cas de plaintes ou de réclamations. |
|
|
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G 4 |
|
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|
· X. |
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|
Sa Majesté voulant donner à cet établiflement utile
& avantageux toute la folidité & toute la confiftance dont
il a befoin pour que les. différens membres qui compofent le Confeil de
guerre ne puiflènt être aflujettis à aucune craiqtc pi incertitude fur leur
état, elle déclare que dans aucun cas ni dans auçune cirt conftance elle ne
révoquera ni ne chant géra aucun de ceux qu’elle y aura , une fois admis
& que, fi contre toute attente quelqu’un prévariquoit dans fes
devoirs, fon intention eft qu’il fojt jugé par le Confeil de guerre même, à
qui feul & ^ l’exclufion de toute autre jurifdiâion dlq attribue le
droit d’en connoître, |
|
|
|
XL |
|
|
|
Veut pareillement Sa Majesté que* lorfqu’il vaquera des places
dans le cont feil de guerre par mort, démiflion ou aut trement, le
remplacement en foit fait d’après le choix du Confeil de guen-q piême qui
propofeja à Sa Majesté les |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 105 trois lùjets qu’il aura jugés les plus dignes,
parmi lefquels elle fe réferve de choifir celui qu’eHe jugera convenable
auquel elle fera expédier les pouvoirs ou com-Uiiffions néceflàïres,' |
|
|
|
XIL |
|
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|
L’intention de Sa Majesté eft que le Préfident du Confeil de
guerre, par le droit de là place, foit admis & puiflè prendre féance
dans tous lès Con-feils en qualité de Miniftre d’Etat, que le Vice-Préfident,
le Secrétaire d’état Ra^ porteur & le Conlèillèr d’état entrent au
Confeil des dépêches; le relèrvant Sa Majesté de leur donner entrée au
Confeil d’Etat, lorfqu’elle le jugera utile & avantageux à fon
fervice. |
|
|
|
XIII |
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|
|
Sa Majesté a Jugé à propos de régler aux différens membres du
Confeil de guerre lés apointemens & les traite-mens qui fui vent,
lavoir: |
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|
Au Maréchal de France Préfident 72000®paras. Au Lieutenant
Général Vîce-Pré- |
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fident......48000 |
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G 5 |
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|
|
Au Secrétaire d’Etat de la guerre |
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Raporteur.
144000 |
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|
A
chacun des quatre Lieutenans généraux. ....24000 |
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|
|
A chacun des huit Maréchaux de |
|
|
|
camp.
. . • •
.15000 |
|
|
|
Au
Confeiller d’Etat & à l’Intendant des finances, à chacun.
.15000 |
|
|
|
Au
Secrétaire, pour lui, fes co-piftes & fes frais. .
.42000 |
|
|
|
Tous ces traitemens feront ipdépen-daps de ceux dont ils
peuvent jouir à d’autres titres & leur feront payés tous les mois
des fonds de l’extraordinaire des guerres fans aqtre retenue que les 4^ pour
livre & la capitation. Ils jouiront en outre de la franchife de
leurs ports de lettres. |
|
|
|
XIV. |
|
|
|
L’intention de Sa Majesté eft qu’il foit nommé le Ier. Janvier de chaque
année quatre Maréchaux de camp de ceux , qui font membres du . Confeil de
guerre chacun à fon tour, pour être chargés de parcourir, à commencer du 1er.
Avril jufqu’au Ier. Oftobre, toutes |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 107 les gamifbns & tous les quartiers du
Royaume afin d’y faire la revue des troupes, vifiter les places, lés
arfènaux, les travaux de l’Artillerie & du Génie, les re-giftres des
délibérations des Confeils d’ad-miniftration, & entrer en un mot
dans tous les détails qui pourront faire connoî-tre fi tout ce que les lois
& les ordonnances prefcrivent, eft littéralement exécuté,
& en faire leur raport au Confeil à leur retour. |
|
|
|
XV. |
|
|
|
Pour parvenir à remplir exactement les intentions de Sa Majesté
relativement à ce qui eft prefcrit par l’article précédent, tout le Royaume,
y compris la Corfe, fera divifé en quatre départe-mens, pour qu’il en foit
aligné un nominativement à chacun, des quatre Maréchaux de camp de tournée
& que l’in-■ftruâion nécefl&ire fur te . qu’il aura à
examiner, foie; dreflée eu conféqueneç & lui foit remife (ignée de
tous les membres du Confeil |
|
|
|
XVL |
|
|
|
Ces Maréchaux de camp de tournée jouiront par forme de
gratification extraordinaire & à titre de frais de cour-fes de 12000
fB chacun, qui leur feront payés avant leur départ fur des ordonnances
particuliers que Sa Majesté leur fera expédier, & tous les honneurs
dûs à leur grade leur feront rendus partout où ils paflèront & oîi
ils féjour-neront, fans que pour cette raifbn ils * puiffent priver du
commandement ceux que Sa Majesté en auroit pourvus. |
|
|
|
XVIR |
|
|
|
Lorfque dans des cîrconftances de guerre Sa Majesté jugera du
bien de fon fervice d’employer à fès armées ie Préfîdent où le
Vice-Préfidént, ou tous deux enfemble, le Confeil de guerre fera alors
préfidé par lé plus ancien Lieutenant général préféra, & les autres
membres de ce Confeil qui pourroient être appelés aux armées pour y
fervirferont |
|
|
|
remplacés par intérim par des Officiers généraux du même grade que Sa Majesté le
réferve de nommer; bien entendu qu'au retour des titulaires» ils reprendront
leurs droits & leurs fondions & que ceux qui auront été
nommés ad intérim
ne pouront prétendre à les continuer. |
|
|
|
xviii. |
|
|
|
Le Confeil de guerre fera lui même le réglement qu’il croira
néceflàire pour radminiftration intérieure de tous les détails qui lui font
confiés, afin qu’il y régné l’ordre le plus exaft & la plus grande
accélération dans les expéditions. |
|
|
|
J’ai cru que ces deux projets, dont le dentier eft abfolument
conforme à mes principes & à mon opinion, dévoient faire partie de
mes mémoires; ils font tous deux bons & ont un grand objet de bien
& d’utilité. D y auroit peut-être quelques additions
& modifications à y faire; mais à coup for cette iàge détermination |
|
|
|
confoleroit le militaire François de tous les maux paffés,
&, en le raffinant fur fon fort à venir, elle feroit peut-être renaître
l’émulation & le goût du fervice qui n’eft que trop affoibli
maintenant |
|
|
|
Je fais bien qu’on oppofera à cette । inftitution excellente & utile la difficulté de
choifir les fujets pour compofer ce tribunal; je crois dont devoir encore
établir ici mon opinion à cet égard, & j’eipere qu’on fera perfiiadé
qu’elle n’eft dirigée ni par la haine ni par l’intérêt, mais par la juftice
la plus pure & le defir du plus grand bien. |
|
|
|
Partant de ce principe qui a toujours été le mobile de toutes
mes aérions, fi j’étois confulté, je propoferois pour la place de Préfident
le Prince de Beauveau; fon efprit, fes talens, fon élévation d’ame,
& fiirtout ce fentiment de juftice fi né-ceffaire quand on doit
décider du fort des autres hommes, font les qualités que j’ai reconnues en
lui. C’eft de tous les Officiers généraux celui que j’ai le plus vu, le plus
fuivi & que j’eftime le plus; |
|
|
|
DE ST. GERMAIN, ni c’eft aufll de tous ceux qui ont commandé des
diviflons celui qui s’eft le plus exactement conformé aux lois; & Sa
Majesté peut fe rapeler tout ce que j’ai été dans le cas de lui en dite dans
différentes circonftances. Je fais bien que la jaloufie, l’envie
& la prévention s’élèveront contre mon opinion; mais elle fera
parfaitement juftifiée fi jamais on met M. le Prince de Beaiiveau en
évidence. |
|
|
|
On m’opofèra peut-être encore qu’il n’eft pas Maréchal de
France & qu’il n’y a aucune raifon pour l’élever à cette dignité au
préjudice de fes anciens. Quoiqu’on n’y parvienné pas en raifon de fon
ancienneté, friais en celle de l’utilité dont on peut être, rien
n’emjpêcheroit de faire ce qu’a fait l’Impératrice Reine à la mort du
Maréchal Daun. Elle l’a remplacé par M. de Lafcy qui n’étoit pas à portée
d’être Feld-Maréchal; en lui conférant cette dignité elle a donné l’affurance
à tous ceux qui étoient fes anciens qu’ils reprendroient leur rang |
|
|
|
lorfqu’ils parviendraient à la même di gnité, & il n’y
a eu ni plainte ni ré clamation. |
|
|
|
Les cinq Lieutenans généraux (dont le plus ancien doit être
Vice-Préfîdent) que je crois le plus en état de remplir
les cinq places du Confeil de guerre affectées à
ce grade, font: |
|
|
|
MM. de Caftries, de S tain ville, de Gribauval, de Rochambeau
& de Ca-raman. |
|
|
|
On voit bien par cette difpofition que je fuppofe que cet
établiflèment feroit précédé d’une promotion de Lieutenans généraux dont le
nombre eft fi confidéra-blement diminué qu’elle me paroît indis-penfable; d’ailleurs les
Maréchaux de camp de la promotion de 1761 font déjà pourvus de ce grade
depuis dix-fept
ans. Mais autant que fe crois la promotion des Lieutenans généraux
né-ceffaire, autant celle des Maréchaux de çamp feroit préjudiciable
& dangereufe |
|
|
|
M. le Comte -de Broglie a bien fon mérite aufli ; c’eft un
homme de beaucoup |
|
|
|
coup d’elprit, il a un caraftere décidé, une ame forte,
& il n’y a jamais que les hommes à grand caraétere qui foient
capables de grandes choies. La défenfo de CafTel fera toujours célébré,
& dans toutes les occalions où il fera perfon-nellement chargé de
quelque chofe on trouvera en lui la même intelligence & la même
fermeté d’ame. On le craint, je le fais bien; il y a eu des circonftances où
il m’a inipiré le même fentiment; mais dans les relations que j’ai eues avec
lui pendant mon miniftere, j’ai cru démêler la caufe qui. produifoit cette
crainte. Il eft févere; il n’eft pas adulateur; il juge peut-être avec trop
de liberté &fàns égard à l’élévation ou au crédit des hom-, mes; il homme
lès lâches, les ignorans, par leur nom; &, comme le nombre en, eft grand,
il s’élève contre lui une foule, d’ennemis. Leurs clameurs fe font entendre
de toutes parts, & alors on ne le confidere plus que comme très-dan*
gereux. J’ai banni de mon cœuf tout reffentiment, tout préjugé
& toute haine* |
|
|
|
H |
|
|
|
& je ne Vois plus en lui qu’un Officier général qui peut
fervir le Roi très-utilement, dans quelque circoriftarice que Sa Majesté
puiflè l’employer. |
|
|
|
Jè Cônfidere M. le Marquis de Voyer Comme un Officier général
très-intéreflànt par l’étendue de Tes connoiflànces, par la fupérîorité de
fon génie & de les lumières; fl a de la-valeur, de l’intrépidité
mèriie, :&
c’eft encore un de ces hommes à- grand: caraftere dont l’elpece eft fl taré, & qui, fi les
circonftances le Évôrffënt, doit un jour jouer un grand rôle. Jé fais tout ce
qu’on peut lui reprocher,' tout ce qu’on peut dire lur fa morale; que les-
ennemis exagèrent peut-être: mais- il n’eff queftion ici que des talens
militaires & des qualités héroïques qui peuvent contribuer à la
iplendeur d’un Etat & à la gloire du Souverain. |
|
|
|
M. le Baron de Wurmfer joint à une expérience de cinquante deux
années de fèrvicè, toujours aétives & jamais interrompues, une
valeur brillante dont i! a donné des preuves dans beaucoup d’oc- |
|
|
|
calions, à mes ordres & (bus mes yeux, même ;ril a furtôut ce
caraétére de dignité & de répréfèntation néceflaire à un homme qui
commande, & dans toutes les circdriftances où H.a été employé, il a
fait refpe&er les lois & maintenu l’ordre. C’eft de tous les
Officiers généraux celui que je crois le plus propre au commandement d’üne
grande Province. Je ne préfumé pas que (à religion puiflè être un ôbftaclè;
elle n’a rien de commun avec le fervice du Roi; d’ailleurs nous ne fbmmes-
plus dans ces tems malheureux où 'cette différence d’opinions fur le Dogme
produifoit des divifiohs. L’intolérance eft bannie de tous les Etats policés;
&, fi quelques prêtres fanatiques & fouvent fcandaleux pouvoient
encore faire de cetté différence de religion un motif d’exclufion pour un
homme qui a bien & utilement fèrvi, il faut croire que là fagefle du
gouvernement rendroit leurs clameurs impuiflàntes. J’ai autant dé res-peét
que perfônne pour la religion ; mais c’eft parce que je fuis bien perfiiadé
de |
|
|
|
Ha |
|
|
|
fa fàinteté, & que je tâche de la pratiquer avec une
vraie dévotion, que je crois qu’elle doit entraîner mon ame à la juftice, à
la bienfaifànce, à tout ce qui intéreflè l’humanité & à rejeter tout
ce qui pouroit tenir à un reflèntiment quelconque. |
|
|
|
. Je ne parle pas de quelques autres Lieutenans généraux qui
peuvent avoir des talens & du mérite; mon filence fur eux ne peut
affaiblir leurs droits; mais, comme je n’ai point eu de relation avec eux,
que je ne les ai pas eus à mes ordres à la guerre, que je ne veux rien dire
de hafàrdé, que mon deflèin eft de juger fans paffion, fans intérêt
& fans prévention, j’aurois craint de ne pas leur rendre la juftice
qui leur en due. |
|
|
|
Les huit Maréchaux de camp le plus en état de remplir avec
fuccès les huit places affeftées à leurs grades dans le Confeil de guerre
font fans contredit ceux qui fuivenu |
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|
|
MM. de Puyfegur, Sarsfield, Duc d’Ayen, Baron de Wimpffen, Duc
de |
|
|
|
Gulnes, Comte dTïauflbnville, Marquis de Jaucourt,
& Marquis de Miran. |
|
|
|
Le Secrétaire d’Etat de la guerre Ra-porteur peut être ou
militaire ou homme dé robe. Mais je penfe cependant que les gens: de Robe
pour ce genre de -détail valent mieux que les militaires. Ils font plus '
habitués au travail, lavent y mettre plus de méthode &plus d’ordre,
s’astreignent davantage aux formes, & n’ayant aucun préjugé ils ne
peuvent être entraînés par leurs propres idées; ils font au contraire obligés
de recourir aux lumières des autres. Vous avez la démonftra-tion fous vos yeux
dans le département dé la Marine. Tel Officier général de Marine qu’on eût
choifi pour remplir cette place n’auroit jamais eu la même fageffe, ni par
conféquent les mêmes fuc-cès. Un homme de l’art apofte dans là place fës
préventions, fes erreurs, fes haines * fes amitiés ; & , comme il fe
croit toujours' plus' habile que celui .qui l’a précédé ., 31- ne fonge qu’à
détruire & à recréer; perfûadé:d’ailleurs qu’il n’y fera |
|
|
|
pas lôftgte®?» il ^ pïeflè devancer & de placer fes
amis, fes parçns j lès créa-turesj fans examen nidifcernement; Ion ton dt
abfolu, defpodque. -Dans le métier qu’H a fait il n’a connu que
eeSprin-pipes.. Sa. chüte.ffeffjamaisâuin accablante "pour lui que .pour
* un.homme de robe;vil. lui.reffè toujours Une;Cxiftence quelconque; fuivant
qu’il a été choifi dans une tls® plus ©U : moins élevée L’autre au contraire
rentre dans le néant; l’un peut donc tout affronter , tandis que l’homme dé
robe cft .obhgé de calculera vis-à-vis de 'tout le monde. On ne peut
difcon-yenir que Louis XIV. n’ait eu un regrie bien bridant ; il n’aVoît
choifi les Ministres que dans » cWe. : L’époqUe où la France a. eu. la
mêilteute discipline & les plus/gtorieux. ruoCè^ eft leminiftcre
de?M< de Lqukoê< jSous fesïùc^^ cettç même ; djfçipiitfe s’èft
affoiblie & ênfuite détruite^ païcp qu’ils, oiit été mal édifia,
:que le Roi avoit vieilli, qu’il .étoit .devenu dévot , & queil’^gé & la
.dévotion avoient ’affoM les îeÇbrts de |
|
|
|
fon ame. B étoit difficile de trouver .un autre Lôuvois. La
nature eft avare, en fait de grands hommes. Dès lors un Confeil de guerre eût
foutenu cette. dis-> cipline établie , & laFrance
feroitwjour-d’hui ce qu’elle n’eftpas, laplus.grande, la plus importante
& la plus formidable puifïàrice du mondé. . Un. ConfèiT. de guerre
auroit paré aux inconvéniens de l’affiriffement où étoit tombé Louis XIV. La
cabale & l’intrigue, les favoris:.& les favorites, qui
produifent de fi grands maux, auroient perdu tous leurs moyens J’ai cru que
ce tableau pouvoir n’être |
|
|
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I pas inutile ici |
|
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|
Je choifis M. de Caftries pour être membre du Confeil de
guerre; il a dû : nerf & de la force dans. le caraétere; l’amour de
l’ordre, de la difcipline & du bien. .. B' eft de plus .un
très-honnête homme,-& je penfe qu’il pourra être très!-utile dans: un
-tribunal par l’étendue de fes Gennoiflances dans toutes les parties de
détairqu’il ne doit qu’à fon infotigable aplication;J’ignoré quels fout -ïei
Païens |
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ISO MÉMOIRES DU COMTE |
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|
pour la guerre. Je ne me fuis jamais trouvé à portée de les
juger. |
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|
M. le Comte de Stainville > indépen^ dàmment des talens
& des qualités militaires que j’ai obfervées en lui & qui
le conduiront un jour au commandement des armées * à une expérience longue
& éclairée de toutes.les parties de l’admi-niftration. Il a puifé
dans le fervice étranger d’èxceiléns principes, & il eft très-,
propre à éclairer de fes connoiflànces & de fes lumières un
tribunal. Son caraétere eft févere ; mais il a dans fon ame tous les i fentimens
de juftice néceflàires à un juge. |
|
|
|
M. de Gribauval eft indilpenfàblemenç néçeflàire dans ce
tribunal. Ingénieur habile, Officier d’artillerie éclairé, il ajoute à toutes
les connoiflànces de fon art une immenfîté d’autres connoiflànces qui font
foutenues par l'expérience de plufieures guerres & par l’opinion des
militaires de tous les pays, & quoiqu’il ait auffi fes préventions,
fes amitiés & fes haines, elles ne peuvent être d’aucun danger dans
un Confeil de guerre, au lieu que fon in&- |
|
|
|
DE ST.xGERMAlN. ni |
|
|
|
truftion & lès talens lui feront d’une res* fource
infinie. Cette vérité, que je crois inconteftable, peut faire fentir encore
davantage la néceffité d’un pareil établifle-ment. Je le répété; il eft plus
nécefiàjre en France que partout ailleurs, furtout dans la fituation aduelle
des chofes- |
|
|
|
M. de Rochambeau eft un homme plein d’honneur & de
probité. A ces vertus de l’ame il ajoute des talens réels, des connoiflànces
étendues, une inftruc-, tion, une érudition immenfe & la pratique
non interrompue d’un métier qu’il a toujours fart avec goût‘& avec
plaifir. Un tel homme fera donc d’une reffource précieufe dans un tribunal
femblable, (bit feulement comme fimple membre, foit qu’on voulût le charger
de fondions plus importantes. Si l’on perfiftpit à vouloir prendre le Secrétaire
d’Etat Raporteur parmi les militaires (ce qui eft abfblument contre mon
opinion) M. de Rochambeau eft certainement un des hommes que je croirois Je
plus capable, de remplir cette plaçe. |
|
|
|
Je n’entrerai dans aucun détail particulier -fur les huit
Maréchaux .de camp que je propofe; ils font connus pour être les hommes les
plus inftruits dans cette clas-fe; on les. a vu briller en général à la tête
desRégimens qu’ils ont longtems commandés, & de tels hommes font
bien propres à la double fonction à. laquelle ils font deûinés par mon
projet; il feroit même difficile dans tout ce qui oompofe les Maréchaux de
camp aâuels de trouver des hommes qui aient plus d’inûruc-tion & de mérite
qu’eux & qui foient plus capables de fe dévouer au bien. J’y
ajouterai cependant encore M. le Marquis de Conflans, non pour être, membre
d’un tribunal, mais pour tout ce qui tient à la guerre de campagne; c’eft un
des Of-Aciers . généraux qui manifefte le plus de talens diftingués. . |
|
|
|
Je rangerai dans la même clafle que M. de Conflans , pour être
employés avec les troupes, MM. de Narbonne-Fritzlar, de Guelb & Bon. de Violmenil;
tous ces Officiers ont bien fait la guerre, la plu- |
|
|
|
part fous iftes Ordres. J’ai donc quelque droit dé lés juger.
Quoiqu’il y ait des nuances de tâlens & de mérite entre eux, tous ne
font pas momsbàns. En général on ne peut avoir confiance dans les hommes,
que.quand on les a vus beaucoup aux coups de fufils. Les talens, les mœurs
& lés beaux raifonnemens de Verlàilles & de. Paris ne font
pas ceux des camps, & lé mépris ou le fuffrage des belles Daines n’y
peut rien. C’eft là où chacun reprend lès droits & où le courtifan
arrogant devient fimple & mo-defte. |
|
|
|
Mais fi l’on Voüloit avoir un plus grand nombre de Maréchaux de
camp, il faudroit néceflàirément les chercher parmi les Brigadiers.: Là on
trouveroit le Bm.
de Salis dont j’âi déjà parlé, le Mis. de Vibraye & de Lambert qui. font des hommes d’un
toérite bienrare,& quelques autres encore de cette fnême trempe. |
|
|
|
. Le choix» àïàire du Confeilier d’Etat pour les parties
contentieufes, & de l’Intendant pour les finances, n’étant pas de |
|
|
|
confulté mon amitié & les convenances de M. le Comte
de Maurepas. J’ai penfé qu’un homme qui lui étoit entièrement dévoué pouvoit
m’être à moi-même plus utile pour le ramener à mon opinion,' quand je
préfumerois qu’il pourroit la contrarier ; on peut affez juger par les
événemens ii je me luis trompé ou fi j’ai bien calculé,
& actuellement que M. le Prince de Montbarey eft feul
& livré à lès propres forces, on verra encore mieux par la méthode,
l’ordre, la faga-cité & la juftice de fon adminiftration, le nerf
& la fermeté avec laquelle il maintiendra l’ordre & la
difoipline, fi, malgré l’opinion que j’avois de quelques autres Officiers
généraux , je n’ai pas dû lui donner la préférence. |
|
|
|
Je me fuis borné, dans ces mémoires, aux objets & à
l’adminiftration purement militaires; je ne me luis jamais occupé d’autre
chofe, & ce que j’aurois à dire fiir les autres parties du
gouvernement ne mériteroit pas la même confiance. Je fi* Dirai donc par le
mémoire que j’avois |
|
|
|
écrit dans mon hermitage de Lauterbach, & d’après la
lefture duquel le Roi s’eft déterminé à me nommer à la place de Secrétaire
d’Etat du Département de la guerre. Ce mémoire formera la fécondé partie. Il
m’importe infiniment, pour que le public puiffe bien me juger, qu’il foit
connu de lui. |
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|
|
ta8 MÉMOIRES DU .COMTE |
|
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|
SECONDE PARTIE |
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|
MÉMOIRES MILITAIRES'. |
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L’étaï militaire doit être le fànétuaire & l’école des
bonnes mœurs & des vertus héroïques ; il doit être le foutien du
trône, de l’autorité, de l’ordre public, le modèle des grandes
& belles vertus, & enfin l’ornement & le bouclier
de la nation dont il fait partie. Telles doivent être fes qualités
& fes fins; &, s’il s’en éloigne, il n’eft plus qu’un corps
onéreux, inutile & fouvent dangereux. C’eft à la légiflation à lui
imprimer l’elprit qui doit l’animer & le vivifier, pour le rendre
vraiment utile; &, comme les cho-fes de ce monde tendent toujours au
relâchement & à la corruption, elle ne doit rien oublier pour
entretenir conftam-ment & y conterver ces vertus qui lui font |
|
|
|
font propres & abfolüment néceflàires: elle y
parviendra, fi elle l’établit fiir de bons fondemens, fur des principes
fondes & invariables^ & fi elle difpofe fes inftitutions
& lès régleœens de façon que tous les individus de l’état militaire
trouvent leur propre intérêt à faire le bien. |
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H y a des principes qui font de tous les tems, de tous les
lieux, qui feront éternellement vrais & bons» parce qu’ils font uné
émanation de la fagefTe divine» qui les a gravés dans tous les cœurs,
& dont on ne s’écarte jamais qu’il n’en réfulte les plus grands
défordrés: ils rie S’altèrent qu’a proportion que les autres fe corrompent |
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Je n’examine pas fi le militaire ftari-çois eft fondé fur des
bafes folides & fur des inftitutions qui puiflènt le conduire à
toute la perfection qui lui eft propre. J’éviterai même avec foin de
critiquer & de jeter un coup d’œil envieux fur ce qui exifte. S’il
m’arrive de relever par hazard quelques abus, ce ne fera point par Un efprit
de cenfure, mais feulement |
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ijd MÉMOIRES du COMTE |
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pour en fàlre fortir quelques vérités utiles. Mon unique
deflèin eft de propofer des principes inconteftables, qui dès lors doivent
être invariables, dont les confé-quences feules peuvent être modifiées par
une main fage & habile, félon les circonftances, & dont
l’enfemble forme néceflàirement une conftitution militaire qui ftffe jouir
ceux qui la compofent de leur propre eftime, & qui foit digne en
même tems du Monarque qu’elle doit fervir. |
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Premier Principe. |
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La ftabilité dans les principes, dans les maximes, les
réglemens, les ufàges même, quand ils ne font pas défectueux
& vicieux, eft abfolument néceffaire. L’homme ne s’accoutume point à
des changemens continuels; ils lui infpirent de la défiance, fouvent du
mépris pour leurs auteurs, qui eux-mêmes par-là donnent des preuves de leur
légèreté & de |
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DE Sæ. GERMAIN. 131 leur incapacité, B
faut des réglés fages & fixes fur tous les objets; fans cette
précaution abfblument néceflaire, le xn£« me homme n’aura qu’une conduite
incertaine , & nulle ftiîte dans là marche. Comme 1? préfomption
humaine eft. très-grande, qu’il y a peu d’hommes qui ne Te croient plus
habiles les uns que les autres, que par-là tous font enclins 1 changer l’état aétyel des
çhofes, dan? l’efprit de vouloir les améliorer; je penfè que, pont conferver
cette fiabilité fi né-ceflàîre dans les régiemens, les maximes
& les, ufàges, un tribunal ou unCqnfqü de guerre» pour h (Mon de
l’était militaire:, ^t préférable à toute autre .méthode*. |
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. Un- tribunal a pi® de poids,. de w |
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; fifianee, de folidité,
&cpnferve mieux > les formes de les réglés qu’un particulier : quel qu’il puifle
être. Dans un tribunal, , le même efprit, les mêmes maximes font ç à jamais
confèrvés, Je propoferai donc un Confeil de guerre, là.compofitio®, ; & qu’elles
doivent être fes fonéfious,; |
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I 2 |
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· & je
crois que ce tribunal eft plus né-ceflàire encore à la nation françoife qu’à
toute autre. |
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· * Second
Principe. |
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I l n’y a guerés que les motifs fuma-turels qui puiflent porter
l’homme à toute l’énergie dont il eft capable; aufli voyons-nous par
l’hiftoire, que les peuples qui ont jeté un grand éclat furent tous vertueux
& religieux dans les jours de leur fplendèur. Les Romains, dans les
- beaux’ jours de leur république, étoient les plus religieux des hommes. La
religion, & les bonnes mœurs qui én font un écoulement néceflàire,
ont enfemble une telle influence fur le fort des Empires, que leur décadence
& leur chûte furent conftamment reflet & la fuite de
l’affoibliflement de la religion qui amene nécefTairement la corruption des
mœurs, & celles-ci font Un-thermomètre afliiré, qui marque l’état
des nations. |
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Ces grands objets font, trop négligés dans l’état militaire; il
n’y a pas même d’or-donnançe des Rois qui ftatuent fur de* articles auffi
effentiels. Si l’on ne juge pas convenable de donner là-defliis des
ordonnances expreffes, il doit du moins être enjoint à tous Commandans de
faire refpeéter foigrieufement la religion & Ion culte, ôç de ne pas
fbuffrir des mœurs publiquement dépravées & corrompues. S’il
arrivoit qu’un Commandant fût lui-même vicieux & fcandaleux, il doit
être révoqué fur le champ. C’eft un mauvais levain qui corromproit toute la
maflè. Toute troupe, fans religion & fans mœurs, ne fera jamais
bonne. |
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Troisième Principe* |
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Du Principe précédent fuit néceflâi-rement l’importance d’un
bon choix d’Officiers polir mettre à la tête des Régimens;, des . Corps
& des Compagnies, d’exemple eft de toutes lesinftruétions |
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I 3 |
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la plus efficace, comme elle eft la plus douce & la
plus perfuafive. Les inférieurs fe règlent toujours, même machinalement, fur
la conduite de leurs fupérieurs. Il eft donc néceflàire de mettre à la tête de toute troupe, des
Officiers déjà connus & diftingués par leur conduite, par leurs
bonnes mœurs & par leurs fervi-ces. C’eft du choix que Ton en fera
que réfultera le bien ou le mal |
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Il ne fuffit pas pour le bien du fervi-ce de choifir des hommes
de bonnes mœurs, pour mettre à la tète des troupes; ils doivent être outre
cela intelli-gens & reconnus capables par leurs fer-vices précédons.
C’eft pour aflurer ce choix fi néceflàire, que, dans la com-pofition des
corps, je propoferai dans la fuite d’établir une efpece de noviciat pour les
grades, duquel on pourra tirer les fujets capables de remplir avec
dis-tinétion les emplois qui leur feront congés. L’ancienneté dans les avancemens
èft une bonne méthode ; mais elle ne doit avoir la préférence qu’à mérite
égal, |
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DE SK
GERMAIN; -j^ parce que le bien du fèrvice doit
l'emporter comme de raifon fur toute autre confédération. La nature ne jette
point le» hommes au moule; elle les forme fuc» ceflivement, les uns plus
vite, les au* très plus lentement, en proportion, des difpofitions qu’elle
leur a données, & de leur propre aplication. U faut l’imiter» les
<ayer, leur donner le tems de mûrir & de fe rendre capables,
av^nt de Jet furcharger. Que peut - on attendre d’un jeune homme fans
connoiflances, fans principes ? parce qu’il n’a eu ni le tems ni l’occafion
d’en acquérir; & fouveot encore il eft fans mœurs, fans-talons dç
fans volonté. Perfonne ne peut donner ce qu’il n’a pas lui-même; c’eft donc
le perdre entièrement que de le charger d’uq fardeau qu’il ne peut pas
porter., Donnez-lui le tems d’acquérir , les forces né» ceffaires; il
deviendra un homme utile & peut-être un jour un homme fu^' rieur, |
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’ Lfl véatlité dans les emplois.jnilitair^ eft.
.«ftiréîWt ce .qu’il Y a. de JBW |
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I 4 |
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deftruftif & de plus préjudiciable au bien du fervice.
L’argent ne donne ni les ta-lens ni le mérite; & il en faut beaucoup
de l’un & de l’autre dans l’état militaire. La vénalité devroit être
tout au plus per-mife, quoique très-rarement, en faveur d’un vieux Officier
hors d’état de continuer fes fer vices, & que le Roi ne pourroit pas
dignement récompenfer; on pourroit lui permettre alors de vendre à un autre
Officier capable de le remplacer dignement La vénalité fut introduite fous
Louis XIV. Avant cette époque; les armées de France étoient les meilleures de
l’Europe. Ce ne fut plus la même chofe dans les fuites, & alors on
chercha à lupléer au défaut de qualité par la quantité; de-là font nées ces
nombreufes armées qui écrafent les Etats, même en tems de paix. |
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H s'eft introduit fbcceffiveulent, & Ton peut dire
malheureufement, un ufa-ge de diftinétion entre la grande nobleffe
& celle des Provinces, entre la riche & la pauvre. La
première clafle obtient |
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d’emblée les premiers grades comme de droit, & la
féconde clafle, par le feul malheur de fà naiflànce ou de là pauvre, té, eft
condamnée à croupir toute là vie dans les grades fubaltemes. Cet ufage eft
doublement pernicieux. La première clafTe n’a pas belbin de travailler pour
réuflir; elle obtient de droit; & la le? conde ne travaille point,
parce que Ion travail lui ferait inutile. Par-là toute l’émulation eft
anéantie: or, fans émulation l’homme n’eft rien & ne çherche qu’à
végétai |
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Les emplois ne font pas faits pour les hommes; mais les hommes
font faits pour les emplois. La raifon & le bien public exigent
.qu’ils fe rendent capables de les exercer dignement, fans exclure la fécondé
clafle dés emplois auxquels fon aplicatfon, fon travail & fes talens
la rendraient digne de . prétendre & de s’y rendre utiles. H eft
bien de donner des préférences à la première clafle, quand elle le mérite;
comme elle a plus de moyens de, fe procurer upe meilleure éducation, |
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I 5 |
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que par confisquent fes difpofitions & fes talens
doivent être plutôt développés, die fera plutôt capable d’exercer de grands
emplois» Mais dans tous les cas le bien du fervice doit l’emporter fur toute
autre confidération. Les hommes ne peuvent fe donner les talens; il faut les
chercher où la nature les a placés. Ce n’eft que dans h pratique
& dans l’aftion qu’ils fe font connoître; il faut donc commencer par
eflàyer & éprouver les hommes, quels qu’ils fbient, pour pouvoir les
employer à l’avantage de l’Etat & au leur propre. |
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Quatrième Principe. |
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La prodigalité des finances introduit l’efprit d’intérêt
direâtement oppofé à l’efprit d’honneur, qui doit être l’ame du militaire;
& cet efprit d’intérêt produit la corruption. L’état militaire ne
peut pas être enrichi ; toutes les finances d’un Etat n’y fuffiroient pas,
& il ne doit pas |
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être riche: mais il en doit être dédommagé par les honneurs
& la confidéra-tion; il doit làvoir que lès fervices, lès mœurs
& lès vertus doivent toujours faire Ion principal luftre. Les
apoin-temens pour chaque grade doivent être réglés fixément, de façon que
chaque individu puiflè vivre honnêtement félon fon grade; mais militairement,
fins être dans la néceffité de prendre fur le patrimoine qu’ü peut avoir. Les
Commandans des corps ne doivent pas permettre que leurs lùbordonnés excédent
en dépenlès leurs apointemens, ni que ceux qui font riches de leurs propres
fonds humilient leurs camarades par une dépenfe qui ne conviendroit pas à
leur grade. Ceux qui font riches peuvent dépenfer leur argent chez eux ou
ailleurs; mais au corps ils doivent vivre dé leurs apointemens comme leurs
camarades. Chaque individu doit être afireint à lavoir le fuffire
& s’entretenir de tout, avec ce que le Roi lui donne. L’homme
militaire doit être lôbre, fe durcir au travail & à la peine» |
|
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140 MÉMOIRES du COMTE & s’accoutumer à toutes fortes
de privations. |
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Les penfions; le terme même de pen-fion doit être inconnu
& aboli dans l’état militaire. Si l’on accordoit des penfions, cette
porte une fois ouverte, chacun travaille à y paflèr, & s’occupe plus
de ce foin que de celui de remplir fes devoirs. Outre les maux infinis qui en
réfulte-roient, on lent aflèz qu’elles feroient plus foùvent accordées à
l’intrigue & à la faveur qu’aux fervices & au mérite; mais
en aboliffant l’ufage des penfions il eft jufte d’accorder, quoique avec
beaucoup de modération, des gratifications; i«. aux corps qui auront fait
quelque action d’un grand éclat & d’une grande utilité, 2°. aux
Officiers bleffés, pour leur fournir les moyens de fe faire guérir, 30. à ceux des
Officiers que des maladies ou des pertes d’équipages auroient obérés
& mis hors d’état de fe foutenir, 40. aux Officiers qui auroient. eu de§ çommiflions
extraordinaires. . . ......... |
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· t. Quarté aux
Officiets /qui auroipnt eu |
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le bonheur de faire quelque aétion
d’& clat, d’une grande utilité, & qui annon* cent d’heureufes
dilpofitions & des ta* lens, ils ne doivent jamais en être
ré-compenfés par de l’argent, mais par des avancemens, & le bien du
fervice l’exige. On doit accorder à un tel Officier un grade fupérieur avec
les apointemens ou demi-apointemensde ce nouveau grade, félon le plus ou le
moins de mérite dé Ion aétion; le placer à la fuite d’un Ré» giment jufqu’a
ce qu’il y ait une vacance qu’il doit remplir de droit Par-là l’on excite une
grande émulation dans les troupes & l’on forme de bons Officiers
fans qu’il en coûte beaucoup. U ne faut pas prodiguer ces fortes de grâces
qui ne doivent être accordées qu’avec laplus grande circonlpeétion
& toujours dap^ la vue de procurer le bien du fervice Tout ferpit
perdu , fi ©n les accordent trop légèrement ; on accoutumeroit l’état
militaire à donner aux aétions militaires une valeur & une
importance qu’elles ne méritent pas & à regarder des fervicqs |
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fort ordinaires comme des prodiges de prudence & de
valeur; ce ferait anéantir Vidée du vrai. |
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Cinquième Principe. |
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L’usage d’accorder des retraites aux Officiers qui fouhaitent
de quitter le fer-vice eft un ufage très-vicieux qui fait perdre au Roi grand
nombre de bons Officiers dans le tems où ils pourraient lui rendre lés
meilleurs fervices, & qui en détermine plufleurs à beaucoup de
mauvaifes pratiques pour obtenir ces fortes de retraites,afin de vivre dans
l’oifiveCé qu’il eft naturel de préférer à un genre de vie pénible, gêné
& laborieux. L’Of-ficiér doit fervir tout le tems que fes forces le
lui permettent. S’il veut fe retirer, •quoiqu’en état de continuer fes
fervices, il doit en être le maître; mais il ne doit rien avoir à efpérer
pour les fuites. H a été payé des fervices qu’il a rendus. Si au contraire il
a ufé fa fanté & fes forces dans le fervice & qu’il ne foit
plus pro- |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 143 pre à le continuer, alors il eft jufte qu’en
lui accordant la permiffion de fe retirer, il conferve pour le refte de fes
jours les apointemens ou demi-apointemens du grade qu’il occupe, félon qu’il
a bien ou mal & plus ou moins longtems fer* vi. Il en devrait être
de même pour les bons Officiers; & la même réglé, quoi* que modifiée
, devrait avoir lieu pour les Soldats. Leur enrôlement devrait être de dix
années. . |
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|
|
Quand le Soldat a fini le tems de cette première capitulation,
il doit être le maître de fe retirer s’il le veut, & fous aucun
prétexte on ne doit pouvoir le retenir, parce qu’il a fait un contrat qui
doit être lacté. & dont les obligations font également obligatoires
pour les deux parties contradantes. S’il veut contrafter une fécondé fois
& toujours pour dix années, on doit lui accorder deux à trois
deniers de iblde. de plus par jour & ainfl augmenter & Iblde
de deux à trois deniers par chaque capitulation. Ces augmentations lui feront
payées ou par |
|
|
|
jour, ou par mois, ou-àlafin de chaque année. Il doit toujours
être le naître de pouvoir quitter le fervice à la fin de chaque capitulation.
S’il le quitte i quoiqu’il foit en état de le continuer, il doit alors en
recevant fon congé conferver pour le refte de fes jours toute la folde dont
il jouit, s’il a fervi le tems de quatre capitulations : & là moitié
feulement de cette folde, s’il n’en a fervi que deux ou trois. Par cette
réglé, auffi jufte que fimple & facile, le Roi engagera lés
Officiers & Soldats à bien fervir tant que leurs forces le leur
permettront, & il y trouvera un double avantage. U épargnera du côté
des enrôlemens & il aura des armées com-pofées de vieux Officiers
& de vieux foldats qui font toujours lés meilleurs. Un foldat n’eft
bien formé qu’au bout de cinq à fix années de ferviçe après lesquelles: il
n’eft plus guefe propre aux travaux du Païlàn. 11 eft donc mieux qu’il
continue à fervir, & il le fera volontiers dès qu’ü aura une
perlpeétive aifée & affurée pour fes vieux jours. |
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SIXIEME |
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|
Sixième Principe. |
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L’homme doit avoir fur cette terre un état certain qui lui
foumiffe les moyens de vivre honnêtement, que l’humeur, le caprice, la
légéreté, la dureté, né puiflènt jamais lui ôter & qu’il ne puiflè
perdre que par là propre faute, s’il ne remplit pas fes devoirs. C’eft à la
légiflation à lui prefcrire & à lui faire connoître les devoirs
qu’elle exige de lui. Il manque à l’état militaire un ouvrage élémentaire qui
prefcrive les devoirs dé chaque individu, depuis le Soldat jufqu’au Général
de l’armée. Cet ouvrage feroit de la plus grande utilité, parce que chacun
pourroit aprendre fes devoirs. Les Com-mandans des troupes doivent être
auto-rifés à punir leurs fubordonnés par les arrêts, la prifon
& autres peines légères pour les délits de peu de conféquen-ce;
mais, dès qu’il s’agit de punitions graves , comme de pertes d’emplois
&c, elles ne doivent être décernées que par |
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K |
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i46
MÉMOIRES du COMTE |
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un Confeil de guerre & des formes juridiques,
confirmées par le Roi même; elles auroient aufli bien plus d’efficacité. La
principale fonction des Infpeéteurs devrdit être lors de leurs revues de
tenir, lorfqu’il y a lieu, ces fortes de Confeffs de guerre & de
régler avec les Colonels & les Officiers de l’état major les chan- i
gemens & les remplacemens d’Officiers qu’il y a à faire afin
d’obvier autant qu’il eft poffible aux effets de l’humeur, de la faveur & de
l’arbitraire.
! |
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Septième Principe. |
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La tiédeur dans le fervice, l’infùbor-dination, la fraude
envers le Roi, les lâchetés, font des crimes qui doivent ■ être
inconnus dans l’état militaire & qui ' doivent toujours être punis à
toute rigueur; un Officier qui ne remplit fes devoirs qu’avec dégoût
& nonchalance I doit être renvoyé; celui' qui fraude le Roi de même
que celui qui commettroit |
|
|
|
des lâchetés, comme de retenir à ion profit la folde du Soldat,
doivent être chaifés honteufement L’infubordination doit être également punie
féverement, mais toujours en obfervant les formes juridiques dans les délits
aflèz. graves pour faire perdre emplois ou honneur» La fubordination doit
être auffi exalte» auffi entière de grade à grade que du Soldat au Général de
l’armée; mais elle ne doit pas être tyrannique ni arrogante de la part des
ftipérieurs, ni fervitude dans les inférieurs. Un fupérieur eft un pere de
famille, dont l’autorité doit être également majeftueüfe, ferme, douce
& polie, & qui, pat le tendre intérêt qu’il prend à fes
enfàns qui font fes inférieurs, doit fè concilier leur.reipeét, leur
ôbéîs-fance & leur afièétion. Les inférieurs , par reconnoiflànce de
ces fentimens & par attachement, doivent craindre de déplaire
& de défbbéir. |
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K a |
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Huitième Principe.' |
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L’oisiveté à laquelle le militaire eft condamné, le corrompt
néceflàirement; elle eft la fource de tous les vices & la mere de
l’incapacité & de l’imbécillité. Quand on conduit les hommes comme
des enfans, ils reftent enfans toute leur vie & ne deviennent
capables de rien. Pour avoir un corps vigoureux, il faut beaucoup exercer les
membres pour les fortifier; il en eft de même des facultés de l’ame; ce n’eft
qu’en les exerçant qu’on donne de l’aptitude & de l’énergie à
l’homme. On a fuivi une toute autre •méthode: fi un Régiment a befbin de 6o
bottes de foin, d’abord on lui envoie Commiflàire des guerres, entrepreneurs
& des commis; ainfi pour tout le refte. Cela n’eft-il pas pitoyable!
ce Régiment ne peut-il pas fe procurer ces 60 bottes de foin par lui même?
Tout corps eft une famille, qui, au moyen de ce que le Roi lui donne, doit fe
fiiffire |
|
|
|
à elle même & Te procurer tout ce dont elle a befoin,
fans fecours étrangers, qui font toujours onéreux au Roi & aux
troupes. Les Commandans des corps font des peres de famille qui doivent
fa-voir former & employer leurs fubor-donnés félon leurs talens,
& par ce moyen s’entretenir eux-mêmes avec une grande épargne pour
le Roi. |
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|
|
Je crois pouvoir me citer ici: quand j’ai commandé des
détachemens, même des corps d’armée, & que je n’ai eu aucun de ces
fecours, la troupe a eu abondance de tout fans qu’il en coûtât un fol au Roi.
Avec quelques Officiers in-telligens, quelques bas-Officiers
& Soldats , tout alloit en réglé & rien ne man-quoit. Mais,
dès que la foule des employés m’avoit joint, je ne pouvois plus fournir allez
de fubfiftances; le détordre fe mêloit partout ; il en coûtoit infiniment au
Roi, & cette partie feule me donnoit plus d’embarras que le refte du
fervice. Les vivriers ne font proprement que des diftributeurs,
& chaque Soldat peut faire |
|
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K 3 ' |
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|
cette befogne comme eux ; fi Ton accou* tumoit l’Officier à
faire tous lès détails d’entretien & de fervice, les troupes
feraient beaucoup mieux entretenues; l’épargne ferait immenfe pour le Roi,
& l’Officier ne croupirait point dans une honteufe
& ftmefte oifîveté. Il doit lavoir que tout ce qui a râport au
fervice eft très-honorable
& que c’eft fon devoir de s’employer à tout ce qu’il peut pour
procurer le bien du fervice de fon maître. J’entrerai dans la luite dans un
plus grand détail fur cette partie. |
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|
Neuvième Principe. |
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C’est un ufage bien pernicieux que celui d’accorder des titres;
il met toutes les têtes en fermentation, occafionne des murmures
& des dégoûts dans les troupes, & anéantit le progrès des
cûnnoiflànces & des talens. Un Capitaine à qui l’on donne le titre
de Colonel ne remplît plus qu’avec dégoût les devoirs de Capitaine, qu’il ne
fe donne même plus la peine |
|
|
|
d’aprendre, & en même tems H n’a pas occafion
d’aprendre ceux de Colonel; & cependant par un ufàge plusftinefte
en* core, établi depuis peu, il eft avancé au grade de Brigadier
& de Maréchal de camp félon ion ancienneté, fans qu’il ait jamais
bien fait le fervice d’aucun grade. Que peut-on attendre d’un tel Officier?
La pratique feule & le travail forment les hommes & les
rendent capables du commandement. |
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|
Dixième Principe. |
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|
Tout édifice militaire doit avoir futilité uniquement
& la plus grande économie. Il faut en retrancher tout ce qui n’eft
pas d’une néceflité abfolue, afin de pouvoir entretenir ce qui eft néceflaire
avec une noble, mais ftricte économie; en finvant même exactement cette
réglé, l’état militaire eft bien coûteux, & fa dépenfe double au
moins en tems de guerre. Si l’on fentoit bien la néceffité de fe conformer à
cette réglé, les Princes n’au- |
|
|
|
roient de gardes que ce qui eft néceflaire pour la dignité du
Trône; & du refte, pour leur fûreté & le maintien du bon
ordre, ils fe contenteraient d’avoir un corps de troupes de campagne à portée
de leurs réfidences qui feroient fucces-fivement relevées par tous les corps
de l’armée. Ils aprendroient ainû à connoî-tre les Officiers & les
troupes, & ver-roient bientôt avec fatisfaétion que l’œil du maître
féconde & vivifie tout. Les ççrps diftingués & à privilèges
particuliers, font toujours d’une très-grande dépenfe, & ne peuvent
s’entretenir qu’aux dépens & en diminution de l’armée. Ils fervent
moins que les troupes de campagne, font ordinairement peu difciplinés
& mal entretenus, & toujours très-em-baraflànts dans les
armées. Un homme, parce qu’il eft galonné, chamarré, & qu’il a une
plus forte paye, ne vaut pas mieux qu’un autre pour la guerre,
& fouvent H.vaut moins. Un corps de 3000 hommes de ces troupes
diftinguées coûtera autant que 10000 hommes de troupes |
|
|
|
àe campagne, & ne rendra pas les
mêmes fervices. Ce font les grandes armées, & non les corps
diftingués, qui annoncent la véritable puiflànce. |
|
|
|
Depuis Louis XIV, Prince qui avoit l’eiprit grand
& élevé, toutes les infti-tutions, tous les établiflèmens tiennent
plus de l’oftentation que de l’utilité; & rarement la raifon de
l’économie a été confoltée. Je ne citerai que deux exemples, l’Ecole
militaire & l’hôtel des Invalides. Dans le premier de ces
établiflèmens il s’agit d’élever de très-pauvres Gentilshommes pour en faire
des Lieu-tenans d’Infanterie; l’éducation devroit toujours être proportionnée
à l’état que l’homme doit avoir dans la fociété; il ne s’agiflbit donc que de
leur former un cœur honnête, un eiprit docile & un corps robufte
& vigoureux; de leur aprendre à lire, à écrire, l’arithmétique,
quelque choie des mathématiques, de la géographie, & les langues des
nations voi-fines de la France; au lieu de cela, on a fait un établiflèment
comme s’il s’agis* |
|
|
|
foit d’élever des Princes. Le fécond eft deftiné à recevoir des
pauvres vieux Soldats , pour les laiffer mourir en paix & en
tranquillité; il devoit donc être proportionné à cet objet. Mais on leur a
bâti un? des plus beaux palais de l’Europe, pour les y faire vivre comme des
moines; & la dépenfe annuelle de cet établiflèment fufliroit feule
pour entre-tenir plus de 10000 invalides, qui, répandus dans les Provinces,
s’y rendroient encore utiles. Ce n’eft que dans les édifices publics, comme
les Eglifes, les Palais des Rois, les tribunaux de juftice, les maifons de
villes &c. que l’on doit mettre de la grandeur & de la
magnificence, qui annoncent la puiflànce & la félicité d’un peuple.
Dans tout le refte & furtout dans ce qui concerne le militaire, on
ne doit chercher que futilité, dirigée par l’économie. Ceft un corps deftiné
à*vivre dans îa peirie &le travail, dans la fobriété & dans la
privation; fl ne feut donc rien y admettre qüï'puifle lui infpireT des mœUrs
contraires. |
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Du Conjeil de guerre, de fa compofition, & de fes
fonctions. |
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Un Préfident, qui doit être un militaire confomtrié, eft le
chef & famé du tribunal, fl propofe tout ce qu’il croit utile au
bien düiervicè; mais il ne peut rien faire ni ‘ordonner feul de fà propre
autorité; ioàr -doit être tégté & décidé dans ce QônÆû, '4'
lapluralfté des voix où il n’en à qü*une, comme les autres membres, hors les
cas où les voix fe-roient partagées; .alors feulement il en auroit deux, pour
pouvoir former une réfbiutioti. H doit fignér tout ce qui émane du tribunal,
& féparémentau-des-fus des aûtres qui fuient avec lui. Il travaille
avec le Roi; en fabfènce du Tré-fident, lè plus ancien militaire du Tribunal
doit préfidet fané difficulté; mais il ne ligne les aétes que fur la même
ligne que les autres membres. |
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IL |
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Un Vice-Préfident, qui doit toujours être un homme de loi. Il
feroit même bon qu’il eût exercé une intendance dans une province militaire.
Il a la direction de tout ce qui a report à l’état civil, celle de la
chancellerie, du tribunal, des archives, & des différens bureaux
dont nous allons parler; il figne avec le Pré-fident, mais au-deffous, tout
ce qui doit être préfenté & fournis à fa décifion du Roi,
& tout ce qui émane du Con-feil pour les parties feulement dont il a
fa direction. |
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HI. |
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Un premier département, qui a fa direction de l’Infanterie, des
Milices & des Invalides. Ce département doit avoir pour chef un
Officier iupérieur auquel on donne pour le détail un homme intelligent en
fous-ordre, par exemple un Çommiflàire des guerres ou un chef des bureaux
aâuels, |
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· IV. |
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Un fécond département , qui ait la direction de la Cavalerie,
des troupes légères & de l’Ecole militaire. Il doit avoir , de même
que le premier département, un Officier fupérieur pour chef, & un
homme en fous-ordre pour le détail. |
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· V. |
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Un troifieme département, qui ait la direction de l’artillerie,
des arfenaux, fonderies , fabriques d’armes de toute elpece
& bouches à feu, des falpêtrieres, fabriques à poudre &c. Il
doit avoir pour chef un Officier iupérieur d’Artillerie, à qui l’on donne de
même un ou deux ; hommes intelligens pour le détail. |
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VL |
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Un quatrième département, qui ait : la direction du Génie, des
Fortifications, 5 & généralement de tout ce qui y a report. Il doit
avoir pour chef un Offi- |
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cier fupérieur du Génie, auquel il faut comme pour les autres
départemens les fous-ordres^ héceflàires. |
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VIL |
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Un bureau des finances, qui doit avoir pour chef un bon
financier avec les aides néceflàires. Ce bureau doit dreffer les tableaux des
payemens, for* mer tous les comptes, tenir des regiftres exaéts des recettes
& dépenfes, retirer les quittances, enfin gérer tout ce qui concerne
les finances. Il y aura une cais-fè à trois ferrures, à différente clef
chacune, dont le Vice-Préfident, le chef du premier département & le
chef de ce bureau auront chacun une clef. Cette caiflè ne doit s’ouvrir qu’ai
préfènce de tous les trois. Elle eft deftinée à recevoir les fommes d’argent,
à conferver les regiftres des comptes & les quittances des parties
prenantes. Les trois membres chargés du foin de cette caiflè, & qui
en ont les clefs, doivent ligner tes regis- |
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DE ST. GERMAIN. 159 |
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|
très & les décomptes à chaque travail qu’ils feront A
la fin de chaque année le tribunal demande des Commiflàires au Roi pour
examiner fa geftion, l’état des finances , & pour avoir, d’après cet
examen, une décharge générale que l’on confèrve foigneufement Cette opération
eft fimple & aifée. M. le Contrôleur général des finances fournit un
état des fommes qu’il a données, fur les ordonnances du Confeil de guerre ;
ce dernier en montre l’emploi par les ordonnances du Roi & les
quittances de ceux .qui ont reçu. |
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VIIL |
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Un bureau pour les hôpitaux & pour toutes les
fournitures à faire aux troupes, de quelque nature qu’elles puiffent être. Il
doit de même avoir un chef bien intelligent avec les aides néceffaires. |
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IX. |
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Enfin un bureau pour les affaires de juftice, procès, Confeil
de guerre &c. |
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Il doit avoir pour chef un habile avocat La vie des hommes eft
fi précieufè; il eft fi trifte & fi douloureux de la leur ôter, que
l’on ne peut prendre aflèz de précautions pour pouvoir la leur confer-ver
autant qu’il eft poflîble. Les lois militaires font trop féveres; il n’y a
pas une jufte proportion entre les délits & les peines. Ne ferait-il
pas digne de la clémence du Roi, d’ordonner que tous les Confeils de guerre
qui portent fentence de mort, fuflènt envoyés, avant qu’on procédé à
l’exécution, au tribunal de la guerre qui les ferait revoir
& examiner par le bureau de juftice, pour, après avoir vu fon
fentiment, le porter à la décifion du Roi. On fauveroit par-là la vie à bien
des malheureux, qui foüvént périflènt bien légèrement. Ce bureau pourroit
aufli travailler à adoucir les ordonnances, qui étant moins rigoureufes, en
feraient mieux obfervées. Tout le monde répugne à faire périr un homme; cette
répugnance fait fermer les yeux fur quantité de fautes que l’on ferait punir,
s’ü |
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|
s’il n’étoit pas queftion de peines capitales. |
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|
|
La chancellerie du tribunal, qui eft fous la direction du
Vice-Préfident, doit être compofée de plufieurs bons Secrétaires principaux
& de plufieurs écrivains pour tous les départemens & toutes
les parties militaires; c’eft dans cette chancellerie que doit s’écrire
& expédier tout ce qui émane du- triblinaL |
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Du Confeil du Tribunak |
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Le Confeil doit être compofé dü Pfé* ïident, du Vice-Préfident,
d’un nombre déterminé d’Officiers généraux & des chefs des trois
premiers départemens. Le chef
du quatrième département peut en. être difpenfé, n’ayant que peu de relation
avec les afiàires militaires & beaucoup d’occupations dans fon
propre département; mais quand il fera fon travail, alors il y prendra féance
& aura fà voix comme les autres» |
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L |
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C’eft au Préfident à régler les tems & les jours où le
Confeil doit s’aflèm-blef, &; auquel les différens départemens
& bureaux doivent faire leur travail ; il peut mêmè les convoquer
toutes les fois qii’il lé jugera néceflàire. Quand il eft aflemblé, le
Préfident ouvre publiquement les paquets & les lettres adreffées
au.tribunal, les lit s’il le veut, & les remet enfuité aux chefs des
différens départemens que les affaires qui y font contenues concernent, pour
en faire leur raport à leur premier travail. Afin de faciliter cette befogne,
toutes les lettres àdrèffëes. au tribunal doivent être en formé de Mémoire,
& fans complimens, avec Fattention de mettre au haut de ces
mémoires, à la première page & d’abord à gauche, Cavalerie ou
Infanterie,;. Artillerie, ou (Génie &c, félon que le mémoire eft dé fun ou de l’autre
corps & vis-à-vis à droite le nom du Régiment ou du corps. |
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|
On voit ainfi, du premier Coup d’œil, à quel département les
différens mémoi- |
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|
res doivent être remis ; l’adreflè doit être fimplement: au
Conseil de Guerre. Quand les départemëns ont reçu les mémoires, ils font
l’extrait de chacun dans un cahier à demi-marge. Le jour de leur travail, ils
font au Confeil le raport de leurs extraits, & difent leur fentiment
fur les objets qui y font contenus. Le Confeil décide à la pluralité des
voix, & les chefs des départemens écrivent ces décifions à l’autre
marge vis-à-vis les extraits, & ils les- fignent. Quand les cayers
font remplis, on les dépofè dans les archives, afin que. dans les mêmes cas
on puiflè donner les mêmes décifions. Sur ces décifions les ordres
s’expédient à la chancellerie en forme d’ordre & fans compliment,
font fignés du Préfîdent, du chef du département & paraphés par
l’homme en fous-ordre du département, & enfin expédiés à leur
deftination fous le fceau du tribunal; ainfi de même pour chaque département.
Le Vicë-Préfident porte au Confeil le travail- des bureaux, comme il a déjà
été dit. L 2 |
|
|
|
Quant aux affaires qui doivent être portées à la décifion du
Roi (& tout y doit être porté & fournis) le Préfident, après
l’avis du Confeil, en fait faire des extraits iùccints, écrits à demi-marge;
&, au-defibus de chaque extrait, il met le fentiment du Confeil
& figne cette feuille avec le Vice-Préfident. Il préfente en même
tems au Roi toutes les pièces qui concernent cette affaire afin qu’il puiflè
les lire, s’il le juge à propos; il écrit enfuite à l’autre marge & vis-à-vis
chaque extrait, les décifions & les ordres du Roi, & il
prie Sa Majesté de vouloir bien apofèr fà fignature au-des-fous de fes
ordres. Ces pièces, qui font la réglé fuprême de tout & la fureté du
Confeil, doivent être foigneufement con-fervées dans les archives. |
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|
De la Solde de P Etat militaire. |
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|
Tout doit être Amplifié autant qu’il eft pofüble; cette régie
eft encore plus |
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néceflaire fur l’objet de la finance que fur tout autre: elle
le fond en paflànt par plufieures
mains, & fe réduit enfin à peu de choie. Le bureau des finances, fur
l’état qu’il à de toutes les parties qui reçoivent, forme fon tableau de
payement. D’abord, il fait un total de toutes les retenues ordonnées par le
Roi qui le prélèvent à fou, profit, fur le fond entier deftiné à l’entretien
de l’état militaire & qui peut relier fous la main du Contrôleur
général, d’après l’état que lui en fournit le tribunal de la guerre. De cette
façon tout le monde reçoit net les apointemens que le . Roi lui a accordés.
Le Confeil de guerre demande en-luite à M. le Contrôleur général les
as-fignations nécelfaires fur les Tréforiers & Receveurs des
provinces pour les fommes dont il a befoin pour faire ces payemens. Après
avoir reçu ces aflig-nations, il envoyé fes ordonnances de payement à ceux
qui doivent recevoir, lelquels, for les payemens qui leur font faits,,
donnent deux quittances pour ne |
|
|
|
fervir que d’une? L’üné de ces quittances eft envoyée à M. le
Contrôleur général & l’autre au Confeil de guerre qui la fait
dépofer dans la caiffe du bureau des finances. Én tems de guefre, le Confeil
peut envoyer à l’armée un (impie caiffier pour diftribuer fur fes ordonnances
celles du Général de l’armée & recevoir les doubles quittances pour
les renvoyer à leur deftination, comme il eft dit ci-deflus. Cette méthode
fîmple abrégeroit bien des formalités coûteufes au Roi, rendroit les
Tréfôriers militaires peu néceflàires. |
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|
J^e la Compofition des Troupes & premièrement des
Milices. |
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|
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La con’fbmmation étonnante d’hommes que font lès armées
françoifes â fait imaginer l’établiflèmént- des Milices; C’eft former
& entretenir une double année, fans pouvoir en tirer des avantages
proportionnés à la dépenfe. Ce feroit même |
|
|
|
augmenter cette confommation d’hommes & porter un coup
mortel à la population, que d’envoyer des milices en corps aux armées pour
réparer leurs pertes. Un Bataillon ou un Régiment de milice rendra fort peu
de fervice, & il en périra dans une campagne un tiers, ou peut-,
être une moitié; & il en arrivera de même chaque campagne. Il feroit
trop long d’en expliquer les raiibns; l’expérience d’ailleurs l’a allez
prouvé. Si donc on ne peut pas les faire lèrvir, fans un grand préjudice pour
l’Etat, & fi l’on ne peut en retirer une véritable utilité, pourquoi
en faire la dépenfe? Les milices ne devroient être autre chofe que des
claffes de 500 hommes pour autant de Régimens d’infanterie qu’il y a. Elles
n’ont befbin ni d’Officiers, ni de bas-Officiers. On commanderoit, quand il
en feroit tems, des. Officiers fupérieürs des R.égimens voifins, pour , avec
les. Intendans ou. leurs fubdélégués, palier ces différentes dallés .en revue
* donner les congés & faire les remplacemens. De |
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|
|
cette façon les milices exifteroient fans
être à charge au Roi & aux provinces.
S’il fiirvient une guerre confidérable ou dangereufe qui exige une
augmentation de forces, on peut d’abord former an fort une compagnie de cent
hommes dans chaque claflè, leur donner alors des Officiers, & les
mettre en garnifon pour les exercer: fi les armées faifoient des pertes que
l’on ne pût réparer que par le moyen des milices, on pourroit prendre alors
proportionnément fiir ces di£ férentes compagnies le nombre d’hommes
néceflàires pour les incorporer dans les Régimens & tout de fuite
recompléter ces compagnies par d’autres Miliciens. L’Artillerie & la
Cavalerie pourroient également dans des cas de néceflîté, tirer de ces
compagnies les hommes qui leur feroient propres. Ces compagnies fe-roient
ainfi une pepiniere d’hommes déjà à moitié formés; mais, avant d’employer des moyens deftruétifs
& onéreux au Roi & au peuple, il convient d’examiner d’où
vient cette grande confommation |
|
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|
d’hommes que font les années» pour pouvoir y remédier. |
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|
Il y a plufîeurs caufes qui foccafio* nent, & l’on
peut afTurer que toutes prennent leur fource dans l’indilcipline des troupes,
qui a la tienne dans la mauvaife compofition des Officiels. Il ferait
impoffible d’exprimer tous les maux qui en réfultent. Si les Officiers, plus
attentifs à leurs devoirs, s’occupoient fans cetie du foin de leurs troupes,
veil-loient toujours fur eUes, les occupoient 'à des travaux utiles, à la
propreté, à Fembelliffement de leur camp, à des jeux même pour les amufer,
qui les rendraient en même tems fouples & vigoureux;
& s’ils avoient foin de les tenir toujours raflèmblés, & de
les faire vivre avec ordre, les troupes ne périraient pas comme elles font;
mais l’Officier cherche à fe divertir, ne refte jamais à là troupe;
& le Soldat qui n’eft plus lùrveillé, fe libertine, court à la
maraude, commet mille excès, épuife fes forces & périt. Ceux qui
font plus vigoureux, après |
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|
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s’être accoutumés à un «(prit ïk libertinage, déferrent.
Ladéferfion eft.pro-digteufe dans tes armées de France; d’où vient cela ?
D’abord de h légèreté. desprit, enfuite du libertinage,. & enfin de!
ce que te payfan fiançois «n’a rien que । fon corps. Tout homme qui n’a. ni mai*1 fon ni propriété,
n’a point de..patrie. I Le -fentiment momentané du mal-être । & l’efpérance
du mieux, deviennent fes feuls guides. Peut-être remédieroit-en 1 en. partie, à ce
mal, fi les propriétaires des. terres entendoient mieux leurs; intérêts, ou
fi, confultant plutôt l’intérêt de fEtat que le leur propre., .au lieu de
tenir des fermiers, ils divifoient leurs propriétés en rentes foncières ou.
autrement fur autant de familles qu’elles en pourroient entretenir dans
l’aiiàoce; & il y àuroit plus de monde employé, jplus de payfans
aifés;. toutes des « terres feraient beaucoup.mieux cultivées; ; PEtat y
jgagnevoit: & il.païôît aulïïquç tes.pro» prières auraient .des.
revenus plus alfa* rés; 'Ilc eft .oegâin aqu’un Soldat qui. a quelque bien chezjal, ne
défertera pas. |
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DE S^. ÆERM’AÏH 17j |
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S U I T E |
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D ü |
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MÉMOIRE MILITAIRE. |
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ji n’en àf^as- de la profèflion militaire cèmme des
autres’înftitûtions & proffes-fions dé la foeiëté; âahS Ces démieres
le lilùs ou ttioins deJcapadîtè/dé connois-fancés, d’aùenàôn
& d’èx&titude n’ont fouvent pas -Uitë influence importante
& encore moins iubite.: Dans1 la profeffion militaire ,au Contraire, tout eft capital ; la
moindre !^te'd$groranCè
où dé né-gligènce,- la nïôiridre inattention, là plus légère draiffion de'-là
part dü Général, dé cene même-â’un Offièiér particulier, ont toujours des'
iùités:
fàCheufes, & peuvent foüvent ôccafionner les plus grands déiàftres.k |
|
|
|
L’état militaire eft comme ces machines compofées d’une
infinité de petites roues dont chacune, féparée de fon tout, ne mérite aucune
attention & n’eft bonne à rien; mais qui, raflèmblées
& miles en ordre, donnent à la machine toute l’énergie qu’elle doit
avoir pour remplir fes fins. Elle ne pourroit plus les remplir, fi on lui
ôtoit la plus petite de fes pièces. La machine fera d’autant plus parfaite,
que les différentes pièces qui doivent la compofer feront mieux travaillées.
Il en fera de même de l’état militaire. Il fera bon, il remplira avec
diftinétion les fins .auxquelles il eft deftiné, fi toutes les parties dont
il. doit être compofé font oonnes, folides, bien proportionnées, &. fi le
tout eft animé par un elprit vraiment militaire.. C’eft de cette compofî-tion
que je vais m’occuper; &, pour la propofer auffi bonne qu’il eft
poflible, j’en prendrai le modèle, autant que les circonftances actuelles
peuvent le permettre, dans les tems de M. de Turenne, tems de la gloire de la
nation, & auquel |
|
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|
DE S* GERMAIN. 173 les années françoifes, de l’aveu de toutes
les nations» étoient fupérieures à toutes celles de l’Europe. |
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|
Les années font compofées d’infanterie, d’artillerie
& de cavalerie. Il doit y avoir une jufte proportion entre ces
différentes armes, & c’eft fur l’infanterie qui eft la force
& la bafe des armées, que ces proportions doivent être réglées. Les
plus juftes font un 5eme ou im 6eme de cavalerie fur toute l’infanterie
& deux canons de parc par mille hommes d’infanterie. Le Roi de
Prufle, après plu-fieurs campagnes, pour fupléer à la foi-bleflè de fon
infanterie, imagina cette reïfource; tout le monde l’a imité, fans avoir les
mêmes raifons, & ne s’en eft pas bien trouvé. La France, eu égard à
l’étendue de fes frontières, de lapofition des nations qui l’avoifinent
& de l’état aftuel de l’Europe, devroit avoir 180000 hommes
d’infanterie, 30000 hommes de cavalerie & 14 à 15000 hommes
d’artillerie; avec ces forces, qui ne font pas trop confidérables pour un fi
grand |
|
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|
Royaume y elle peut mettre en campagne deux années, chacune de-
80000 hommes d’infanterie & 12000 chevaux avec l’artillerie
néceflaire, foit de campagne ou de fiege. Il refteroît encore allez de
troupes dans le royaume pour-maintenir l’ordre & garder les
fbrterefles. Dans une profonde paix on peut les diminuer plus ou moins félon
les circonftances par la réforme d’un certain nombie d’hommes par compagnie,
en congédiant de préférence ceux qui fouhaiterbient de l’être. Les réformes
doivent toujours être faites de façon que, lorfqu’il s’agira de recompléter
les corps, il ne faille mettre tout au plus qu’un quart de recrues fur trois
quarts d’anciens Soldats; en obfer-vant cette régie, les corps feront bons
& bien en état de fervir, mais on les ruineroit, fi l’on s’en
écàrtôit. C’eft un grand5 abus de réformer des corps entiers & de fe mettre
par-là dans le cas d’en dèroff lever de nouveaux. Un nouveau Régiment ne peut
être bon & fblide qü’àprès. cinq ou fis campagnes, &, jus- |
|
|
|
DE STJ GERMAIN. 175 ques-là, il aura fait une confommation
d’hommes étonnante. |
|
|
|
L’Impératrice Reine, en montant fur le trône, n’avoif ni
argent, ni armées, & une grande guerre à fournir. Pour pouvoir faite
<fôce à tout, elle fe trouva dans la néceffité de tirer* de la Hongrie des
eflàiâs- de troupes légères qui lui coû-toierit peu » parce quelles vivoient
de pillages qu’dfes'préféraient à un entretien & à* une folde
réglée. Elfes dévaluèrent la terre & incommodèrent les armées mal
dilciplinées. Ce font là les fouis fervices qu’elles ont rendus & qu’elles
peuvent rendre. Sans examen on crut que, pour les réprimer, il n’y avoit pas
d’autre mo yen que de leur oppofor des troupes de la- même éfpece,
& en conféquence on multiplia les corps de troupes légères.
Qu’eft-il arrivé de cette opération? La dépenfo a beaucoup augmenté, fans
-pouvoir atteindre le but qufon s’étoit propofé. La France ne pourra*jamais
avoir, ni eu quantité ni en qualité, autant de ces fortes de troupes que fos-
ennemis-. Les |
|
|
|
troupes légères courent le pays pendant toute une campagne,
fouvent le dévastent, affament néceflàirement Tannée, ne peuvent procurer que
de très-légers avantages par leur conftitution, & font inutiles les
jours de batailles, qui font cependant ceux qui décident du fuccès de la
guerre. D’un autre côté, les troupes réglées croupiflènt dans leur camp, ne
s’aguerriflènt point, parce qu’elles n’es-fuient jamais un coup de fufil;
l’Officier ne fe forme point, parce qu’il ne voit de la guerre que fon camp
& le quartier । générât Ainfi toute l’armée fe trouve neuve & fans
expérience un jour de bataille. |
|
|
|
Il n’y a rien de petit à la guerre; tout y eft elfentiel
& toutes les troupes félon leur genre doivent être employées à en ;
procurer le fuccès. A la place des corps de troupes légères, je propoferai
une compagnie de Chaflèurs par chaque. Régiment d’infanterie, & un
Efcadron de Chaflèurs à cheval dans chaque Régiment de Cavalerie ou de
Dragons. Ces |
|
|
|
Compagnies ; |
|
|
|
Compagnies & Efcadrons annexés aux Régiments, auront
la même dilcipline & le même efprit que les troupes réglées;
ferviront toujours fous leurs Officiers & feront propres à être
employés à toutes mains dans la guerre de campagne & dans les
batailles. Quand on les envoyé à la guerre, on peut les faire foutenir par
des corps entiers ou par des bataillons & efcadrons fëparés,
& même par des compagnies entières félon les circonitan*. ces;
Chaque troupe doit pouvoir féparé-ment fervir hors de fon corps, fous fe»
propres Officiers; de cette façon on pourra fucceffivement aguerrir toutes
les troupes, former de bons Offiders; & les troupes irrégulières des
ennemis ne tien* dront pas contre de pareils détachemens; quand elles
fetoient même deux ou trois fois plus fortes en nombre. |
|
|
|
La guerre de campagne, qu’on apelle lâ petite guerre, eft
cependant celle qui aguerrit les troupes & forme les Officiers* Le
Roi de Prufle à tiré fes meilleurs Généraux de fes troupes légères. Les M |
|
|
|
Officiers. & les troupes ne s’inftruifent qu’en
fàifant la guerre & en brûlant de la poudre; & rien n’y eft
plus propre que les détachemens. |
|
|
|
Les Régiments d’Infanterie ne doivent être que de deux
bataillons, tous également compofés & comme jetés au même moule,
fans qu’il y ait.la moindre différence. Cette uniformité eft commode pour les
détails, pour le fervice, & fur-tout pour les décomptes. |
|
|
|
La diftinétion ne peut jamais dépendre d’une..compofition
différente; elle ne vient que des aérions diftinguées. Les Régimens. de deux
bataillons font plus maniables à la guerre, & furtout dans une
bataille. Outre cet avantage confidé-rable, l’expérience a démontré que
quatre bataillons, en deux Régimens, font toujours plus complets
& mieux entretenus que quatre bataillons en un fèul Régiment. Il
feroit inutile d’en chercher ici les raifbns. Il n’eft rien de fi aifé que de
dédoubler les Régimens ; Picardie de quatre bataillons, par exemple, peut
for* |
|
|
|
lier deux Régiments (bus la dénomina-ion de Picardie' premier
& Picardie fe-zond ainfi dés1 autres. |
|
|
|
Les Régiments dé Cavalerie, Dragons 8c Huflàrds doivent être de
cinq efca-drons, tous également compofés & comme jetés au même moule
; moins les choies font compliquées, plus elles font Gmples,
& meilleures elles font. |
|
|
|
Les troupes parcelées & trop morcelées ont rarement
Une folide confiftance, & preique jamais cette unité fi néceflaire
qui porte là perfection dans toutes les inftitutions. Si les bataillons
pouvoient être d’une feule troupe, ils n’en feroient que meilleurs, parceque
l’unité y ferait entière. Je propofe, en conféquerice de ce principe, de les
former de quatre compagnies feulement; oh pourroit également les fornier de
fix compagnies; mais je crois que la compofition à quatre compagnies eft
meilleure & beaucoup plus militaire: Outre cela il en réfolte
ptufieurs autres avantages. 1 °. le Roi y trouvé une grande épargne; 20. il eft plus aifé
de |
|
|
|
choifir de bons Commandions de compagnies j quand le nombre en
eft moindre; & ce choix eft bien effentiel; 3°. on peut plus
facilement & à moins de frais leur faire un bon traitement;
& 4°. la multiplicité d’Officiers du même grade eft diminuée
& le fèrvice s’en fait beaucoup mieux, parce que la fubordination
eft plus exalte &c. Autant qu’il eft possible, il faut éviter les grades
égaux dans une même troupe» La fubordination, qui dans un fervice militaire
doit être entière, devient bien foible, fouvent nulle, mais toujours dure
& pénible entre les Officiers d’un même grade. ' |
|
|
|
Je propofe de mettre dans les Régi-mens des Colonels en fécond
& dans les compagnies des féconds Capitaines. C’eft ce que j’apelle
le noviciat, pour forma la jeune nobleflè & lui fournir les moyens
de fè rendre capable de monter aux premiers grades fucceffivement
& de les remplir avec diftinétion, avec gloire & avec
utilité pour l’Etat. |
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|
|
Les Romains, dans les beaux jours |
|
|
|
de leur République, avoient une excellente méthode pour former
leur jeune nobleflè fans nuire au bien du fervice; ils lui confioient les
charges de Tribuns, première dignité dans les Légions; mais çes Tribuns qui
avoient des fondions difUndes, honorables, mais peu eflèndeb les à remplir,
n’influoient d’ailleurs en rien fur le fervice, la diicipline
& l’entretien des légions, dont les foins étoient confiés aux
Principites & aux premiers Centurions, tous anciens Officiers
blanchis dans le fervice. Ainïi les Tribuns avoient l’occafîon & les
moyens de s’in-ftruire, fans pouvoir nuire à la chofe publique. De l’état de
Tribun on les éle-voit aux premiers grades, quand ils s’en étoient rendus
capables. |
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Je propofe de former les efoadrons de Cavalerie, Dragons
& Huflàrds d’une feule troupe fous un chef. Cette com-pofition eft
aflùrément plus militaire, par conféquent meilleure que de les former #e
plufieurs compagnies. |
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Je propofe encore de donner à cha» M 3 |
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182 MÉMOIRES DU COMTE |
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que Régiment d’inftnterie une compj gnie, & à chaque
Régiment de cavalerie & de Dragons un efcadron, que j’apelle
auxiliaire, à l’effet de remplir les vuides qui fe font dans les compagnies
& encadrons pendant le cours d’une campagne & dont on peut
également fe fervir à d’autres ufàges. Si, au commencement d’unè guerre, on
avoit foin d’avoir toujours en réferve & comme en Magafin, des
hommes, des chevaux, des armes & munitions de toute efpece, pour pouvoir
d’abord remplir les vuides qui fe font néceflàirement en tout genre, les
guerres finiroiént bientôt & fon regagne-roit abondamment les-
dèpenfes qu’occa-fiohnent d’abord ces fortes de réferves. Une armée toujours
complette l’emportera furement for celle qui n’aura pas eu les mêmes
précautions; &, fi elle ne finit pas promptement & glorieufement
une guerre, ce fera la faute de celui qui la commande. |
|
|
|
Je ne donne point de compagnie, ni d’éfcadron aux Colonels
commandant les |
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DE S*. GERMAIN. 183 corps, parce qu’en tout tems, &furtout
dans une bataille, ils doivent veiller fur tout le corps. Leurpofte, quand
les Ré-gimens font en bataille, doit être à cheval derrière le Régiment d’où
ils peuvent le mieux le diriger, le conduire & le contenir; ce n’eft
que dans des cas extrêmes & pour ranimer une troupe qu’il leur
convient de fè mettre à la tête. Le Colonel en fécond commande le premier
bataillon, & le Lieutenant-Colonel commande le fécond. Comme il eft
important que chaque troupe combatte fous les yeux de fes propres Officiers,
les compagnies colonelles & lieutenances-colonelles doivent être
placées dans le centre; il en doit être de même de la cavalerie pour
l’efcadron colonel fur lequel les autres doivent fe diriger. Il ne devroit y
avoir que deux étendards ou drapeaux dans chaque Régiment. Les canons
des-Régiments peuvent être fer-vis par des Soldats choifis
& éxercés, qui tirent aufli bien que les Artilleurs & coûtent
moins au Roi. Les inftrumens |
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|
· ,84 MÉMOIRES
du COMTE |
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|
4e mufique militaire ont été introduits pour annoncer aux
troupes les différons mouvemens qu’elles avpient à faire; ils étoient de
différente efpeçe, parce que les mêmes, quoiqu’en variant leurs tons, ne
peuvent que très-imparfaitement faire çntendre les Qrdres dans le tumulte
& fe bruit des combats; mais, à prêtent que l’on rafîne fur toutes
chofes, la mufique militaire ne fervira bientôt plus que ppur faire danfer
les Dames. De-là il arrive qu’il faut donner tous les ordres, verbalement. Un
Général d’armée, un Général particulier même eft forcé d’envoyer fes ordres à
chaque corps par des. aides de camp qui fouvent les rendent mal
& fouvent font mal compris, ou il faut qu’il les porte lui-même
& perde dans cet exercice un tems précieux qu’H pourront mieux
employer. La lenteur d’ailleurs d’une pareille méthode nç peut être que
préjudiciable. Cette partie qui paroît peu importante mérite cependant
attention & redreffement. |
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|
|
Les inftruments de mufique militaire |
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|
PE ST. GERMAIN. 185 |
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|
loi vent être de différente eipece, très-iruyans, très-aigus,
pour pouvoir être attendus au loin. Il fera aifé de régler >ar leurs fons
les principaux mouyemeps ]u’une armée aura à exécuter. |
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——-VT"'— |
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|
Compofition d'un Régiment d'Infanterie de deux .Bataillons. |
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; Colonel Commandant, fans compagnie, j Colonel en fecond..
avec compagnie. 1 Lieutenant-Colonel., avec compagnie. 1 Major . , . . . .
fans compagnie. 2 Porte- drapeaux. |
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· 1
Tréforier. |
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· 1
Chirurgien major. |
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|
· 1
Tambour major. |
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· 1
Armurier. |
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· 1
o. La
Mufique, |
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Compagnie de Grenadiers.. |
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lî Capitaine Commandante |
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I Capitaine en fécond^ M 5 |
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i86 MÉMOIRES du COMTE |
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i Premier Lieutenant |
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i Lieutenant en fécond. |
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i Sous-Lieutenant. |
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i Premier Sergent |
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i Fourier, qui n’eft qu’un écrivain. |
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· 4 Seconds
Sergents. |
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|
· 8 Caporaux. |
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|
I Frater. |
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|
|
z Tambours. |
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|
84 Grenadiers. |
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106. |
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|
Comme je fais la compagnie de Grenadiers très-forte, il n’eft
pas néceflàire qu’elle (bit compofée de Grenadiers tous | choifis dans le
corps. Il fuffit qu’il y en ait deux tiers ou trois quarts de cette première
efpece, le refte peut être rempli par d’autres beaux hommes de bonne volonté
; la compagnie n’en fera pas moins bonne. Cette compagnie en bataille forme
quatre divifions, chacune de fept files de Grenadiers, outre celle des
Officiers & bas-Officiers fèrre-files, qui font par divifion huit
files. La divifion du |
|
|
|
DE St GERMAIN. i8f |
|
|
|
Capitaine commandant doit être dans le centre à la droite ou à
la gauche, félon la polition dans l’armée. Il fait une file avec un fergent
& un caporal à la droite ou à la gauche de là divifion, félon qu’il
eft placé. Il en doit être de même pour les trois autres divifions à côté de
chacune defquelles un Officier, un Sergent & un Caporal font
ferre-filés. Le premier Lieutenant & quatre Caporaux fë placent
derrière la compagnie. |
|
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|
Compagnie Colonelle, |
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|
|
· i
Colonel en fécond. |
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|
|
i Capitaine en fécond. |
|
|
|
i Premier Lieutenant. |
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|
|
· i
Lieutenant en fécond. |
|
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|
· 2
Sous-Lieutenans. |
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|
|
i Premier Sergent i Fouriér écrivain. |
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|
· 5
Seconds Seigens. |
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|
· 10 Caporaux. |
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|
· I
Frater. |
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|
|
, a Tambours. |
|
|
|
· 144 Soldats
ou fufiliers. |
|
|
|
169* |
|
|
|
. Cette compagnie, ou campée, ou en bataille, doit être au
centre du bataillon à droite ou à gauche félon fa pofitioa dans l’armée. Je
mets dans la compagnie colonelle & dans celle du Lieutenants Colonel
un Sous-Lieutenant 4e plus que dans les compagnies ordinaires des Capitaines;
parce que le Colonel en fécond & le Lieutenant-Colonel, commandant
çhacun un bataillon & ayant leur pofte au centre devant les
drapeaux, ne peuvent pas en même tems commander des divifions, qui doivent
cependant être commandées chacune par on Offiçier. Cette compagnie en
bataille forme quatre divifions de même que la compagnie de Grenadiers;
chaque divifion eft compo-fée de 12 files de Soldats. |
|
|
|
La compagnie 44 Lieutenant-Colonel eft compofée de même ^ue la
précédante, & fait également un total dç ^69 hommes. |
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|
|
DE ST. GERMAIN. 189 |
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|
|
Des fix Compagnies ordinaires des Capitaines. |
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|
|
Une Compagnie ordinaire doit être compofée ainfi qu’il fuit |
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|
|
· 1
Capitaine Commandant. |
|
|
|
· 1 Capitaine
en fécond. |
|
|
|
· 1 Premier
Lieutenant |
|
|
|
· 1 Lieutenant
en fécond. |
|
|
|
· 1 Sous -
Lieutenants. |
|
|
|
· 1
Premier Sergent |
|
|
|
· 1
Fourier. |
|
|
|
· 5
Seconds Sergens. |
|
|
|
· 1
o Caporaux. |
|
|
|
x Frater. |
|
|
|
a Tambours. |
|
|
|
144 Soldats ou fufiliers. |
|
|
|
169. |
|
|
|
Ainfi 6 Compagnies feront 1014 hommes. |
|
|
|
De la Compagnie des Chaleurs. |
|
|
|
La Compagnie des Chaffeurs doit être compofée comme une
compagnie ordinaire, mais d’Officiers & de Soldats jeunes,
vigoureux, ingambes; elle doit être habillée légèrement: elle campe
& combat à la gauche ou à la droite du Régiment, laiflànt toujours
le pofte d’honneur à la compagnie de Grenadiers. |
|
|
|
De la Compagnie auxiliaire. |
|
|
|
Cette Compagnie, peu néceflàire en tems de paix, devroit être
très-forte en tems de guerre, & compofée comme les compagnies
ordinaires; il eft évident qu’elle feroit de la plus grande utilité. |
|
|
|
Je ne propofe dans les Régimens ni Aide-Major, ni Garçon-Major;
ces emplois font inutiles. Les Capitaines en fecond doivent alternativement
exercer les fondions d’Aide-Majors & les Lieu-tenans en fecond
& les Sous-Lieutenans celles de Garçons-Majors ; c’eft un bon moyen
pour les occuper & les former. |
|
|
|
/ |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 191 |
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|
|
Compofition d'un Régiment de Cavalerie, Dragons, ou Hasards, de 5 Efcadrons chacun. |
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|
|
Etat Major. |
|
|
|
· 1
Colonel Commandant. |
|
|
|
· 1
Colonel en fécond. |
|
|
|
· 1
Lieutenant-Colonel. |
|
|
|
· 1
Major. |
|
|
|
· 1
Quartier-maître Tréforier. |
|
|
|
· 2
Porte-étendards ou Porte-guidons. |
|
|
|
· 1
Adjudant. |
|
|
|
· 1
Chirurgien. |
|
|
|
· 1
Aumônier. |
|
|
|
· 1
Maître maréchal expert. |
|
|
|
· 1
Maître fellier. |
|
|
|
· 1
Armurier. |
|
|
|
13- |
|
|
|
Chaque compagnie de Cavalerie, de Dragons, de Huflàrds, de
Chevaux légers ou de ChalTeurs formera l’efcadron, afin qu’il n’y ait dans
cet eicadron qu’un feul Commandant & une feule autorité. |
|
|
|
Chaque Régiment aura fix efcadrons, dont un auxiliaire pour
recruter pendais la guerre. Des cinq autres efcadrons, i y en aufa quatre de
Cavalerie & un de Chevaux légers ; & dans les Dragons
quatre de Dragons & un de Chaflèurs à cheval. Les cinq efcadrons de
Hus-làrds feront tous Huflàrds. |
|
|
|
Chacune de ces compagnies, foit Cavalerie, foit Dragons,
Huflàrds, Chevaux légers ou Chaflèurs, formant fon efcadron, fera compofée
ainfi qu’il fuit |
|
|
|
Compagnie ou Efcadron colonel i Colonel
en fécond. |
|
|
|
i Capitaine Commandant. |
|
|
|
i Capitaine en fécondé |
|
|
|
i Lieutenant. |
|
|
|
i Lieutenant en fécond. |
|
|
|
· •
2 Sbüs-Lieutenans; |
|
|
|
' i Cadet Gentilhomme; |
|
|
|
· *
i Maréchal de logis en chef r i Autre Maréchal de logis. |
|
|
|
· •
i Fourier écrivain. |
|
|
|
8 Brigadiers, |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 193 |
|
|
|
· 8
Brigadiers. |
|
|
|
152 Cavaliers, Dragons ou Huflàrds. |
|
|
|
· 2
Trompettes. |
|
|
|
· 1
Frater. |
|
|
|
· 1
Maréchal ferrant. |
|
|
|
174 hommes, ÿ compris les Officiers, le Cadet Gentilhomme,
& non compris le Colonel en fécond. |
|
|
|
La compagnie ou efcadron du Lieu* tenant-Colonel fera -compofée
comme celle ou celui du Colonel. |
|
|
|
L’Efcadron ordinaire, foit de Cavalerie, foit de Dragons, de
Huflàrds,'de Chevaux légers ou de Chaflèurs fera compofé ainfl qu’il fuit
. |
|
|
|
· 1
Capitaine Commandant |
|
|
|
· 1
Capitaine en fécond. |
|
|
|
· 1
Lieutenant |
|
|
|
· 1
Lieutenant en fécond. |
|
|
|
a Sous-Lieutenans. |
|
|
|
· 1
Cadet Gentilhomme. |
|
|
|
· 1
Maréchal de logis en chef. |
|
|
|
· 1
Autre Maréchal de logis. |
|
|
|
· 1
Fourier écrivain. |
|
|
|
N |
|
|
|
194 MÊMÔIRÊ^dü COMTE |
|
|
|
8 Brigadiers. |
|
|
|
152 Cavaliers, Dragons ^Hufîàrds ou Chaffeurs. • |
|
|
|
· 2
Trompettes. |
|
|
|
1 Frater. |
|
|
|
· 1
Maréchal ferrant. |
|
|
|
i 74, - y compris lés Officiers & le Cadet
Gentilhomme. |
|
|
|
Lé total d’un Régiment fera 863, y |
|
|
|
: compris 4’Ètac Major. * |
|
|
|
t J)# GouwriKtnetît intérieur
des .Ri-; ,.t . -.gimens*-.
• |
|
|
|
Chaque Régiment? chaque corps de troupes, doit former uhé
famille, * faVoir, au moyen de cé qué lé Roi lui donne, fournir lui-même à
toüs les befoiiis & à tout ion entretiêiT, dé que^uée^ece qu’il
puiffe être. Cètté méthode eft la plus fimple, là méilleure pouf le bien des
troupes &';
É-fërrice, & la-plus économique poür lë Roi. De Mirtiftre de la
guerre doniieh A chaque Régi- |
|
|
|
DE S*. GERMAIN. 195 nent & à
chaque cprps un règlement détaillé fur l’emplqi des fommes d’argent ju’il lui
alignera ,& recommandera la plus grande, économie, comme le ipoyen le
jIus fur de mériter les bontés du Roi. Le§ polirions dçs corps étant
différentes, ’économip le fer? dp même, & l’un pour-71 plus épargner
que l’autre. Ce fera 'affaire des inlpefteurs, lors de leur revue, de voir
& de propofer au Ministère de la guerre les fecours qu’il con-?
vient d’accorder félon les circonltances. |
|
|
|
Chaque Régiment, chaque corps de troupes, doit avoir une caiffe
à quatre ferrures différentes, dont le Commandant, deux Capitaines
& le Tréfbrier du Cprps, en qualité de Commiffaire de cette caiffe,
auront chacun une clef. Dans cette caille doivent le dépofèr les argents, les
quittances des parties prenantes & les regiftres, qui, à chaque
travail, doivent être lignés par les quatre Commiflàires de la caiffe. Ces
quatre Copimilfaires ligneront également toutes les quittances à remettre aux
tréforiers du Roi pour les |
|
|
|
N a |
|
|
|
Tommes que les corps recevront Mai les compagnies donneront un
état, fignf de leur Chef & en différentes rubriques, de tout ce qui
doit leur être payé pour le mois, & des réferves qu’eHes peuvent
avoir. J’expliquerai ci-après ce que j’en-tens par ces réferves. Les quatre
Com-miflàïres de la caiflè, après avoir examiné ces états & les
avoir foldés & payés, les font quittancer au bas par les chefs des
compagnies & les dépofent enfuite dans la caiflè. Les Tréforiers des
corps qui ne font que des faifeurs de comptes & teneurs de
regiftres, ne doivent jamais avoir aucun argent en mains à leur propre
difpofition; tous les argents doivent être dans la caiflè. |
|
|
|
Quand les infpeéteurs feront leur re-, vue, ils examineront
l’état des caiflès ô? de la geftion pour en rendre compte au Miniftere de la
guerre & procurer aux quatre Commiflàires de la caiflè, s’il y a
lieu, une décharge générale, ou la leur donner de là part pour l’année échue.
Cette décharge ou approbation devroit |
|
|
|
PE ST. GERMAIN. 19? |
|
|
|
être inférée au bas des Regiftres, après quoi toutes les
quittances particulières font jetées ou brûlées, & l’on ne con-ferve
que les regiftres, qui, lorfqu’ils font remplis, font envoyés au bureau de la
guerre. Les Commandans des corps & les Commiïlàires de la caiflè ne
doivent jamais faire aucun marché. Les commandans ordonnent ceux qu’il y a à
faire, nomment des Officiers intelli-gens pour les contracter fous leur
autorité & leur direction. |
|
|
|
Les réferves dont j’ai parlé, & que les compagnies
peuvent avoir, font de deux efpeces: il doit être défendu, de par le Roi
& fous peine de caflè, de retenir aux Soldats, fous quel prétexte
que ce puiflè être, la moindre chofe de ^û folde qui doit être entièrement
employée à fa fubfiftance. Mais un Soldat peut commettre tels délits qui
méritent la prifon, avec la punition en outre d’être mis au pain
& l’eau; cette derniere punition au refte ne doit jamais être
infligée que par les Commandans des |
|
|
|
corps & non par d’autres Officiers ; dans ce dernier
cas là folde lui eft retenue, première elpece de rélèrve. |
|
|
|
H peut être également retenu quelque choie de la folde à ceux
des Soldats qui obtiennent la permiflion de travailler chez le bourgeois ou
d’aller chez eux en femeftre, pour le tems feulement qu’ils font ablèns. Ces
deux elpeces de retenue doivent être refondues dans la caiflè des Régimens
par les compagnies, & les Commiflaires de la caiflè en tiendront un
regiftre particulier. Ellès feront à la longue une maflè que Ton peut
augmenter en la mettant lurement à intérêts, for laquelle on donnera à chaque
Soldat exi-ftant la fomme de huit à dix livres de gratification s’il forvient
une guerre, à l’entrée de la campagne & non autrement: avec ce
lècours & là folde ordinaire, le Soldat fera à fon aîfe
& pourra le procurer les fecours riéçeflàires pour confèrver fes
forces & là lànté. Quand il eft haralfé, exténué 'de fhtigues,
trempé par les pluies, glacé par les froids. |
|
|
|
DE F- GEB.MAIH.199 |
|
|
|
il pourra s’açheter une bouteille de vin ou • fe procurer
quelque autre foulage-ment péceflaire: il fera par-là moins enclin à la
maraude qpi fait perdre tant de bons hommes., & qui détruit à la
longue les armées; il évitera beaucoup de maladies, autre çaufe de
deitruétion; & il fera moins porté à la défertion que la trop grande
pauvreté & le mal-être oc-cafionnent prelque toujours. C’eft.un état
trop malheureux que celui d’un honame qui ne peut fe fournir les moyens de
réparer fes forces épuifées, & qui ne peut fe procurer aucun de fes
befoins & de fes goûts, fouvent plus forts que les befoins même.
Telle eft cependant la malheureufe fituation du Soldat. De-là viennent ces
pertes effrayantes que l’on voit dans les .aimées & qu’il faut
recompléter, enfuite à grands frais chaque campagne, au détriment de la
population. Je viens. d’indiquer un W®-. .bien Tacile pour prévenir de fi
grand, maux ornais, comme ce moyen ne fufôroit pas.dans une.longue guerre
pour |
|
|
|
• ' N 4 |
|
|
|
fournir à chaque Soldat au commence* ment de chaque campagne la
gratification propofée, c’eft à la fàgeffe & à la prudence du
gouvernement d’y fùpléerfùr les contributions des pays ennemis ou autrement;
& il regagnera abondamment la dépenfe que lui occafionneront ces
gratifications. Les avantages qui en réfuteront pour la confèrvation des
hommes, & pour le bien du fervice par confisquent, font trop
manifeftes pour s’ape-fantir plus longtems fur cette matière. |
|
|
|
De T enrôlement, de F habillement, désarmement & de S
équipement des Soldats. |
|
|
|
Il feroit à fbuhaiter fans doute que l’on pût former les armées
d’hommes fûrs, bien choifis, & de la meilleure espece; mais, pour
former des armées, il ne faut pas détruire une nation, & ce feroit
la détruire que d’en enlever ce qu’elle , a de meilleur. Dans l’état aâuel
des chofes, les armées ne peuvent gue- |
|
|
|
DE S’. GERMAIN, soi |
|
|
|
res être compofées que de la bourbe des nations & de
tout ce qui eft inutile & nuiiible à la lociété: c’eft enfuite à la
difcipline militaire à épurer cette maflè corrompue, à la pétrir & à
la rendre utile. Le prix des enrôlemens devroit être fixé invariablement pour
l’Infanterie, la Cavalerie, les Dragons &c. & jamais ce prix
fixé ne doit être excédé. Quand il eft une fois connu & qu’il eft le
même pour tous les corps félon leur genre, ceux qui ont envie de s’enrôler le
font également, fans courir d’un Régiment à l’autre , dans l’elpérance de
trouver meilleure fortune. Cela coûte moins, & les enrôlemens
deviennent plus faciles. Comme j’ai déjà traité cette matière, je n’y
ajouterai plus rien. |
|
|
|
Si l’on connoiflbit bien tout ce qu’un Soldat en campagne doit
fuporter de fatigues, de travaux & de peines, on ne rhabillerait pas
comme un citadin, & motos encore comme un Soldat de théâtre. 11
faut, de préférence à tout, longer à fà confèrvation. La propreté inté- |
|
|
|
N 5 . |
|
|
|
Heure qui contribue fi fort à la fànté , doit être le premier
objet à lorgner. Son habillement doit le garantir, autant qu’il eft poffible,
des intempéries de l’air & des injures des faifons: fans être trop
large, il doit être fi commode |i corps qu’il ne gêne en rien lès différens
mouve-mens. L’habit du Soldat devroit être à-peu-près en forme de fâc ou de
redingote, fans aucun plis, defcendre julqu’au défaut des genoux
& pouvoir fe boutonner jufqu’en bas quand il pleut. Il devroit avoir
un petit capuchon de Bouracan ou d’autre étoffe que l’eau ne perce pas, que
L’on plie & aflujettit fur les épaules & qu’il peut mettre
fous fon chapeau .dans les grandes pluies. Sa coëffure doit être un bon
chapeau à l’épreuve de l’eau, trouffé de façon qu’il ne gêne point le port
des armes, que l’on puiffe détrous-ièr & abattre quand il pleut fort
& dont les ailes affez /longues faflènt découler L’eau au. défaut
(des épaules. Le Soldat ainfi habillé .reliera à fèç, même dans les grandes
/p^j^sxj&.rçonfervera fa $nté. |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 203 pleins un habit
fera jufte au corps, fans être cependant trop large & trop ample, 6c moins il fera
incommode dans les grandes chaleurs, & mieux il garantira de la
pluie. La cavalerie doit être habillée de même à peu de chofe près. Les
bottes molles font les meilleures; elles bleffent rarement & feint à
tous les uâges. Les Ruflès ont une très-bonne méthode: du commencement de Mai
jufques vers la fin de Septembre toute leur infanterie fert èn veftes
& en guêtres, & depuis la fin de Septembre juiqu’en Mai eUe
reprend fes habits & elfe ëft chauffée avec des bottes molles; mais
chaque Soldat porte un manteau en écharpe. Sans cette précaution elle ne
poürroit pas fervir en veste. Le Soldat François ne porte point de bas fous
fes guêtres, même en hiver; après cëla il ne finit pas s’étonner que les
maladies faffent -tant de ravages dans les armées. . |
|
|
|
L’âfinement de finfànterie eft bon; je crois qu’il ri’y a rien
à y changer. Celui de la cavalerie n’eft pae.de même: |
|
|
|
-fes moulquetons font trop courts & la laifiènt (ans
défenfe, fi elle eft expofëe à un feu, même feulement des Huflàrds, fans
pouvoir joindre ion ennemi. Il faut cependant que toute troupe foit. mile en
état de pouvoir fe défendre, dans quelque occafion qu’elle fe trouve,
& qu’elle ne ibit pas forcée de s’enfuir faute de pouvoir ripofter à
fon ennemi Les épées de la Cavalerie & des Dragons doivent avoir
trois pieds de Roi de lame& être plus propres à pointer qu’à fabrer; c’eft
ainfi que la Cavalerie de Charles XII. Roi de Suede étoit armée;
& cette Cavalerie étoit invincible. J’ai une épée de fes Trabants
qui eft afiurément la meilleure arme de Cavalerie que l’on puiffe voir. Cette
épée, à caufe de là longueur, peut être attachée à la felle, paflant
horifontalement fous la cuifle gauche; les Cavaliers & Dragons
de-vroient en outre porter au côté ou en écharpe une autre épée plus courte
dont ils puflènt fe fervir facilement dans la mêlée. Tout efeadron armé avec
ces |
|
|
|
longues épées Suédoifes doit culbuter Ion ennemi. Il porte
d’abord vivement là pointe dans le nez ou les yeuxdq cheval qui lui eft
oppofé, le fait ainfî reculer ou fe cabrer & tout de fuite ey
s’élevant fur fes étriers qui doivent êtrç courts, porter la pointe de fon
épéq dans le vifàge de fon ennemi ou au dé? faut de la cuiraffe; il le
renverfera ainfî certainement fans pouvoir prefque en être atteint. Dans une
affaire de Cava^ lerie, le fécond rang eft prefque toujours celui qui plie le
plutôt & entraîne le premier par fon mauvais exemple. D’où vient
cette bizarrerie? C’eft qu’il eft dans le cœur de l’homme de fuir le danger
quand il ne peut pas le faire partager à fon ennemi. Ce fécond rang qui n’eft
que fpeéfateur, eft livré à la réflexion; la réflexion groflît le danger
& infpire la peur; le premier au contraire agit, & l’adion
fouille, échauffe le fàng & allume le courage. Les féconds rangs,
outre leurs armes ordinaires, devroient encore avoir des lances légères, au
mo- |
|
|
|
yen défquelles ils pilent atteindre l’ennemi en même tems que
les premiers rangs l’attaquent l’épée à la main; alors* comme ils pourront
attaquer, il ne s’enfuiront certainement pas. Le Cavalier doit être fort
court fur fes étriers; il fatigue moins le cheval, le blefïe rarement,
con-ferve plus de force & d’adrefie, & peut en s’élevant
atteindre l’ennemi de plus loin & plus forement. Le feu Maréchal de
Saxe avoit propofé de fubftituer des bâtines aux folles; h avoit ration. Ces
bâtines ne bleflènt jamais les chevaux; mais, comme l’on trouvera fans doute
ces bâtines trop peu élégantes, on de-vroit du moins mettre fous la folle
& ■à cru, .une couverture de laine pliée en deux ou quatre
doubles, & les che-^auxavec cette précaution feront rarement
bleflës. Il foroit également bien •aitile de mettre for les folles une peau
de mouton entière non paffée & avec 4a laihé que l’on arrête
& fixe avec une îur-fangie; elle conferve lés folles & les
‘armes. Dans l’arriere-faifon que les pluies |
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devenues frdides & fréquentes tuent tant de chevaux, on les met fur leurs
dos avec de la
paillé encore par deflbus, le tout aflujetti avec-une fur-fàngle; & cette précaution
légère les conferve aufli Gins & aufli vigoureux «pie s’ils étoient
dans une écurie. De
nos jours on n’employe prefque plus la cavalerie ni dans les dé-tàchémens
& la guerre de campagne, ni dans les aétions générales. On l’a fi
fort adonifëe, on l’a fiirchargée de tant d’em-bellifTemens & de
fuperfluités, quelle eft devenue prefque immobile. • |
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Les troupes ne doivent avoir en équipage que le pur
& abfblu néceflàire, & Tien qui ne Ibît d’une néceflité
indifpeh-faHe. Leur beauté, leur élégance font dans la propreté intérieure
& l’uniformité extérieure. C’eft de leur conièrvation ■&
de leur difcipline qu’on doit s’occuper par préférence. |
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Les déférentes académies de l’Europe propofent chaque année des
prix, & fouvent fiir des objets aflèz frivoles; pourquoi n’en pas
propofer pour celui |
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qui inventerait la meilleure cuiraflè & fa plus
légère, tant pour l’infanterie que pour la cavalerie; une pareille cuiraflè
n’eft pas impofiible à trouver; elle donnerait une grande affurance aux
troupes ।
& conferveroit bien des hommes. |
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Des différentes fournitures a faire aux Troupes^ |
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C’eft la parefle d’efprit & l’intérêt de quelques
particuliers qui ont mis en vo-1 ^ue toutes ces entreprifes qui font fi
ruineufes pour le Roi & fi nuifibles aux troupes. Les Régimens
peuvent fe pro- ! curer eux-mêmes tous leurs befoins (ans entrepreneurs,
comme ils fe fournilfent de bas & de fouliers. Il ne faut pas
craindre que l’induftrie humaine refte en défaut où il s’agit de la vie
& de la fiib-fiftance. Pourquoi les Régimens ne font-ils pas
eux-mêmes leur pain, du moins en tems de paix? On trouve partout du bled
& des moulins. U n’y a rien de fî aifé |
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DE ST. GERMAIN. 209 |
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aifé que de conftruire des fours où il n’y en a pas,
& fi les Régimens n’ont pas de boulangers , ils peuvent en former;
c’eft l’affaire de quatre jours. Pendant la guerre même, les Régimens
pour-roient eux-mêmes moudre leur farine & cuire leur pain. Il y a
des moulins & des fours portatifs très-commodes. Les Rus-fes le font
bien, & certainement le François a plus d’elprit
& d’aptitude que le RuïTe. Enfin, il y a peu de cas où les
entreprifes. foient néceflàires; il ne s’agit que d’accoutumer l’Officier
& le Soldat aux foins & au travail; plus on les occupera,
& mieux ce fera pour les fouftraire à cet engourdifièment
& à cette léthargie qui font la mort de l’ame. En tems de guerre
quelles dépenfes immen-fes pour le Roi, & quelles charges
des-truétives pour les pays, que les entreprifes des fourages, qui, malgré
cela, font prefque toujours de mauvaifè qualité & empoifonnent les
chevaux? Que ne pourrois-je pas citer fur cet article! à quoi bon tout cet
appareil? L’été l’ar- |
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O |
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mée fourage & l’hiver le pays doit livrer,
& les Régimens foigner, eonferver & ufer avec ménagement
& économie; fi la denrée n’eft pas dans le pays, on trouve d’abord
dix marchands pour un qui fe chargent de la livrer. Le Roi dans de certains
tems fait diftribuer de b viande aux troupes pendant la campagne; cette
gratification leur profite peu, & coûte au Roi trois
& quatre fois plus que fà valeur. Si le Roi, au lieu de cette
diftribution, faifoit donner à chaque Soldat trois liards ou un fol par jour,
& que Ton eût foin en même tems d’avoir des bouchers au quartier
général & même dans plufieurs régimens, tout le monde y gagneroit;
le Roi feroit une grande épargne, & le Soldat en feroit beaucoup
mieux. Les bouchers du quartier général feroiént- feus la pcÆoe du grand
prévôt, & ceux des Régimens fous celle des Majors; maisil-davroit
être féverement défendu de prendre aucun bénéfice fur ces bouchers &• fur
les marchands & payfàns qui aportent des |
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DE S*. GERMAIN. 211 |
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lenrées au camp. Ces bénéfices perçus enchérifTent les denrées
& tournent tou-ours au détriment des troupes. Chacun lans le
militaire doit vivre de là folde & 'aire fon devoir; & tout
bénéfice perçu lait être un crime irrémiffible, puni de a caflè & de
perte d’emploi. Quand on )uvre une fois la porte aux bénéfices & aux
rétributions» elle s’élargit fans ceffe, & ne peut plus être fennée. |
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Les fournitures pour les cazernes & les hôpitaux, font
un goufre de dépen-fes. Que ne pourroit-on pas également dire là-defius? Il
feroit bien aifé d’y remédier. Ces fournitures doivent d’abord être faites
aux dépens du Roi. Un bon Bourgeois, fous l’autorité du Commandant de la
place ou du Magiftrat, peut les conferver dans plufieurs chambres, moyennant
une petite rétribution par année; quand elles font délivrées aux Régimens,
ils doivent en répondre. Quand par vétufté. elles font dégradées, le
Commandant dé la place, affifté du Magiftrat &; de quelques ouvriers
intcl- |
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Sia MÉMOIRES du COMTE |
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ligens, fait former un devis pour les réparations qui eft
envoyé au Miniftre de la guerre, lequel, après l’avoir aprouvé
& fourni les fonds, charge les Régimens préfens de le faire exécuter
fous l’autorité & l’infpeétion du Commandant de la place ou avec
l’afliftance du Magiftrat. |
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Des hôpitaux militaires. |
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Dans toutes les places de garnifon; il y a des hôpitaux qui
font prefque toujours gérés par des entrepreneurs, qui, comme de raifon,
veulent faire fortune. Il eft bon qu’il y en ait dans les groffes gamifons ;
mais pourquoi ne pas les faire adminiftrer par économie par un
Ecclé-fiaftique ou un Religieux, qui par état ne doit & ne peut
acquérir, & qui foit | déjà verfé & exercé dans la régie
d’une maifon ? Un bon Capucin intelligent, qui auroit déjà plufieurs fois
exercé dans fon ordre la charge de gardien, y feroit très-propre; fi l’on
n’en eft pas content. |
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DE &. GERMAIN. 213 |
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on le renvoyé à ion couvent, & tout eft dit. La même
régie pourroit & de-vroit avoir lieu pendant la guerre dans les
*petites gamifons. A quoi bon des hôpitaux? Les Régimens ne peuvent-ils pas
Ibigner eux-mêmes leurs malades par économie? Ils ont des Chirurgiens majors
& un Frater par compagnie qu’ils peuvent y employer avec les Soldats
né-ceflàires; il ne s’agit que de leur fournir quelques chambres, des lits
& autres uftenfiles que l’on doit avoir en réferve. |
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Des Fortifications. |
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Si l’on n’y prend garde, on fortifiera fucceflivement toute la
terre, & la nation n’aura pas aflèz d’hommes pour garnir
convenablement les fortereflès & mettre en même tems une armée en
campagne. Dans un grand Royaume, il eft convenable d’avoir dans les provinces
frontières quelques grandes fortereflès qui fervent en même tems de- magafin,
de |
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$14 MÉMOIRES nu COMTE |
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point d’apui à une année battue ou défe-brée,
& d’azile aux peuples de la campagne; mais d’ailleurs on ne devroit
en avoir que de médiocres que l’on pût dé fendre au moyen de fix à fept mille
hom mes de gamifon, La fçience de ratraqul des places étant bien plus
perfectionné! que celle de la défenfe, toute place al fiegée eft forcée de fe rendre fi elle n’1 pas fecourue par
une bonne armée, il années font donc préférables aux foil reffes, quoique
celles-ci foient très-® cefFaires; mais elles ne doivent pas H leur grandeur
abforber les armées. ■ perte d’une grande place eft en mêl tems celle
d’une petite armée. On il devroit en conféquence jamais pennettrl la conftruétion de
nouveaux ouvrages! que la néceffité n’en eût été bien confia-1 tée par une
aifemblée fur le terrein deJ bons Généraux & de bons Ingénieurs. On
doit de préférence mettre en bon état & fournir de tout celles qui
font le plus expofées & de première ligne, & enfuite on
peut pourvoir à celles de féconde ligné, |
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. DE ^ GEMMAIS di* |
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Dût Etat! M&Jor's dès EbftSreffis. |
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Dans les grandes places il eft bon qu’il y
ait des Etats majors, qui cependant ne deyroient
pas être fi nombreux* Plus Ù y a d’hommes pour faire une choie, & f moins bien elle
fe fait; il en «il de cela comme des grands Seigneurs, qui, pouf trop
multiplier leurs domeftiques, font toqjqurs les plus mal fervis,
& fe pro-eürent en même feras beaucoup de des-agfémens. Pour les
places médiocres, à quoi bon des Etats majors? un major ? y fuffiroit,
& le chef du Régiment qui y foroit en garnifon peut y commander. |
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Les Magafins, les Atfenaüx, &c. em-ployent encore un monde
infini de fur-veillans, de commis & de gens de tous noms
& dé faute e/peee, Tout cela eft * bien inutile,' & ne fort
qü’à augmenter les dépenfos: un Officier & quelques vieux
bas-Officiers peuvent remplir toutes ces fondions & tous ces
devoirs. Le peuple dans les fortereifès eft trop gêné. Il |
|
|
|
y eft comme en prifon; on ne lui laiffe pas le moindre endroit
pour pouvoir aller relpirer l’air quand il a fini fon travail, quoiqu’il lui
feroit cependant fi né-ceflaire pour là lanté. Il eft gêné par l’ouverture
& la fermeture des portes, qui chaque jour lui enlevent un tiers de
â journée. H n’y auroit aflurément pas d’Inconvénient à lui laifler quelques
parties dù rempart pour y aller relpirer l’air, ni à lailfer une porte
ouverte pendant une grande partie de la nuit en prenant les précautions
néCeflàires pour la confer-yation de la place. |
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DE S*.
GERMAIN. 217 |
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|
DEUXIEME SUITE |
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D ü |
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MEMOIRE MILITAIRE. |
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Des Veuves ^Officiers. |
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Il feroit aflùrément beaucoup mieux que les Officiers
particuliers, & furtout ceux qui n’ont pas de biens propres pour
entretenir & élever une famille, ne fus-ient pas mariés; mais enfin,
il vaut mieux encore qu’ils fe marient que de fe livrer au libertinage dont
les fuites font fi fu-neftes. Comme il eft de la bonté & même du
devoir d’un fage gouvernement de foigner toutes les claflès qui compo-fent la
fociété, il eft d’autant plus jufte qu’il foigne les veuves des Officiers,
que ceux-ci, fans cefle occupés de leurs devoirs & faéfifiant leurs
jours & leur vie à la défenfe de l’Etat, ne peuvent pas |
|
|
|
s’occuper du foin de leurs fMes; «as, comme cet objet devient
fort onéreux à l’Etat, oh a imaginé Un môÿeh, dàhsle fervice de plufieurs
puiilànces, d’aflu-rer un fort aux veuves d’Officiers fans qu’il en coûte aux
Souverains. Oh à établi une caiflè pour les veuves: tout Officier qui veut fe
marier, doit d’abord en obtenir fe pertniflion, produire enfuite un
certificat de bonne fànté par un médecin connu, pour éviter les? âbtis,
& dépôfer dans fe câiflè des VeuVes une fôfflflë proportionée à ïbn
gradé fèlôil ie réglement qui en eft donné. Ces fomnies font à fonds perdus.
Lés directeurs de cette caille placent ces fonds à intérêt,
& pourroient en France les placer for îé Clergé. Quand urt Officier
fnetfrt, fa Veuve reçoit 40 pôür 'éënt dé là Mife de fofl mari. J’ai Vu de
Cés câlfl&S qui avôient plus de flx cène ïïrfffe éÇÙs de fonds, parce que
pll^éû^ pèrfoîihes de fetat’civil aVôiëflt etl Èf pérîhiflîbif cfy dépôfèf
des fonds âü^JîîênieS cdhdftîôtïs & ifiêmes avantages que les
Officiers; - |
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|
DE ST. GERMAIN. 219 |
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Ceux des Officiers qui ont des fortunes connues
& affurées pourraient né pas être tenus à mettre dans cette coiffe;
il ferait cependant bien beau & bien généreux de leur part de s’y
ibumettre pour contribuer au bien & au foutien des veuves de leurs
camarades. |
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|
Des Èxtriïixs des frwptj. |
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Je né rifétehdrai pas beaucoup fur cette matière, quelque
ïntérefTante qu’elle foit: on n’a déjà que trop écrit & trop
travaillé là-deflùs—Au-Jieu.de chercher à les limplifier, on les a
multipliés. Les changemens continuels; outre qu’ils marquent peu d’habileté
de la part de leurs auteurs,3rendent encore les écrits incer-tains, cohfbs; & H
arrive qu’à force de trop enfeigner &Jde tropaprendre, les troupes nefavent rieu. Tout changement
doit être bien pcfé & bien : mûri avant d’être introduit, afin de 11e pas fe mettre dans
le cas de revenir fut fessas. Tout |
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doit être Amplifié autant qu’il eft poffible, & l’on
ne doit rien admettre dans les exercices que ce qui peut & doit le
pratiquer en tems de guerre. |
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La force des troupes eft dans l’ordre, la malle, la fermeté,
l’audace, l’enfeni-ble & la célérité de fes mouvemens,
& non dans une multiplicité de manœuvres qui ne fert à rien. |
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|
Je divilèrai ce que l’on apelle exercice, en cinq parties,
lavoir: i°. le maniment des armes, 2°. le feu, 30. la marche, 40. les dévelopemens & 50. les évolutions. |
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Sur la Premiers. |
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|
Quoique le maniment des armes foit peu important dans le fond, il ne fàut cependant pas le
négliger; il rend le Soldat plus fouple, le forme, lui donne de la grâce, lui
aprend à manier lès armes avec dextérité & à s’en lèrvir
promptement, légèrement & avec uniformité : on n’y doit |
|
|
|
admettre aucune attitude ni mouvement forcé & gêné;
l’homme doit y conferver toute fa force naturelle; tous lès mouve-mens
doivent être vifs , fiers & vigoureux. |
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Sur la Seconde. |
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L’article du feu devroit faire une partie féparée dans le
maniment des armes. C’eft le point principal fur lequel il eft eflèntiel de
bien inftruire & bien affermir le Soldat. Comme il arrive fbuvent
beaucoup de recrues au commencement de la campagne que l’on n’a plus le tems
de dreflèr parfaitement au maniment des armes, on devroit fe contenter alors
de les , bien inftruire fur l’exercice du feu, & l’on renverroit à
un tems plus favorable les inftruétions fur le refte du maniment des armes. |
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L’exercice du feu doit confifter à inftruire le Soldat à manier
fon flifil avec dextérité, promptitude & légéreté, à le charger de
même & à bien ajufter fon coup quand il tire. Bien charger & |
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a3î MÉMOIRES nu COMTE |
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promptement Ton arme, & bien ajufter font les deux
points efièqdels. On ne gagne pas des batailles en brûlant feulement de la
poudre; pour vaincre, il faut bleW ou tuer. Le grand bruit fait beaucoup, il
eft vrai, contre des troupes mal difciplinées & peu aguerries; mais
il fait peu d’efRt contre de bonnes troupes. Pour bien inftruire le Soldat à
tirer jufte, il feroit néceflàire de Vexercer fou-vent homme par homme à
tirer à halle & au blanc, & de donner des prix àt ceux qui
tireroient le mieux. Enfin, c’eft là le point eilçntiel par lequel on bat fes
ennemis; il mérite donc la plus grande attention. Le Soldat doit vifèr à la
cravatte de fon ennemi quand il eft à 3oq pas de lui, à la poitrine quand il
n’en eft qu’à 200, & à la ceinture à 100 pas &c. Le frottement
du fufH & l’état de l’air influent beaucoup fur la juttefté du The;
mais ce n'eft pas ici le. fen de donner des. réglés là-deflus. |
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· - On a
beaucoup écrit dans ces derniers teins fur ks avantages qu’à y auroir, fw- |
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tout pour la nation Françoife, à attaquer fon ennemi à l’arme
blanche. Cela ferait afTurément très * bon, fl l’on pouvoit y déterminer une
troupe quelconque; mais je ne crois pas que la choie foit poflible;
& d’ailleurs, qu’importe la façon dont on tue ou Méfié fon ennemi,
pourvu qu’on le mçtte hors de combat? Le principe de Moateeueulli fera
toujours le plus fûr & le meilleur: c’eft d’attaquer ion ennemi
flicceffivçmeqt par toutes fes armes à mefure qu’elles peuvent l’atteindre.
Il n’y a qu’à s’en bien fervir, à propos, & iàns précipitation,
conferver un grand ordre en avançant toujours fur lui, & l’on
remportera la viftoire. Les Turcs dans cette demiere guerre contre les RufRs
ont voulu conferver leur fy-ftême d’attaquer le labre à. la main & à
l’arme blanche ; ils s’en font fort mal trouvés. Rien ne tient contre
l’ordre, la m^ffe , la fermeté, la confiance & le feu. Mais, pour
que ce feu foit des* truétif & meurtrier, il foudroit que cha* que
Soldat pût charger, ajufter & tirer |
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en liberté, quoique toujours en ordre. Autrefois la fuprême
fcience confiftoit à tirer par Pelotons, Bataillons ou Ré-gimens, les rangs
& files bien ferrées & entafTées., le premier rang ayant un
genou à terre, les fbfils bien alignés & bien joints; & au
commandement tous les coups dévoient partir de façon que tous enfemble n’en
fifTent que comme un feuL J’ofe dire que cette méthode eft vicieufè dans
prefque tous fes points. D’abord le grand ferrement & entaflè-ment
des rangs & files font bien voifins dupelotonement, le favorifent
& même le néceffitent. Toute troupe pelotonée ne conferve plus
d’ordre, ne peut plus faire ufage de fès armes, & l’on peut dire
qu’elle eft battue. Outre cela, quand le Soldat eft trop ferré, il ne peut ni
bien charger fon arme, ni bien ajufter fon coup, &, s’il tire, il tire en
l’air & inutilement. Comment veut-on qu’un Soldat, un genou à terre,
tire bien? qu’il fe rejeve tout de fuite pour bien charger fon arme
& remettre d’abord un genou |
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DE S*. GERMAIN. 225 |
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genou à terre pour tirer de nouveau? Tout cela eft impofiible
devant l’ennemi. Les coups de ce premier rang porteront en terre à 50 ou 60
pas» Le feu par commandement , les fuffls bien ferrés & bien
alignés, fait fort peu d’effets, parce-qu’il n’eft pas divergeant; d’ailleurs
il ne peut fe fbutenir dans cet ordre. Auffi voit-on dans les batailles,
& de la part des troupes les mieux difeiplinées, qu’a-près deux
fàlves tout/ au plus faites en ordre, ce n’eft plus qu’un tiraillement de Billebode
dont on n’eft plus le maître, & la chofe ne peut pas être autrement:
te commandement ne s’entend point: fou: vent il. n’y en a plus, & le
Soldat s’im |
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patientant, tire feulement pour tirer. Je î l’ai déjà dit,
& Ton ne peut trop le ré. péter, l’effentiel eft de bien charger les
armes, de.bien ajufter & de faire un feu j divergeant autant qu’il
eft , poflible. Pour ( cela les rangs & les:files ne doivent point j être trop ferrés, afin que le Soldat
puiffe f; fe mouvoir aifément & en liberté. Le i; Commandant du
Régiment doit être maî- |
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P |
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ire de fort feu, c’eft-à-dire le faire commencer & le
faire ceffer quand il veut, de façon que, quand il le fera ceflèr, il y ait
toujours la moitié des armes chargées. Si le Soldat eft bien inftruit, qu’il
puiffe avoir fes mouvemens libres pour pouvoir bien charger fon arme
& bien ajufter, il fera un feu fbr & meurtrier dès qu’il en
recevra Tordre, & les batailles feront bientôt décidées. Il eft
connu qu’il ne tire que trop volontiers, & cela vient de ce qù’il
éft dans le cœur de l’homme de Chercher à répouffer le danger auquel il éft
expôfé & de le Sûre cefler le plus ■promptement qù’8 le peut |
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Je ne cohnois que deux bonnes façons de tirer de fbn feii lé
plus grand avantage qu’il éft pôffible; Tune quand l’ennemi tient ferme,
& l’autre quand il commence à fe déconcerter & à fe
pelotoner. La première coilfifte à tirer par files de chaque peloton les unes
après tes autres. Dès que l’ordre de faire feu eft donné, lés Commahdans des
pelotons doivent paffer leftement derrière fetroifîeme rang, |
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& chaque Commandant de pelotons $U faire foi À fon. peloton
;par files les
unes après les; autres rcn: commençant par la prenûerc de drQÛexju de gauche. Chaque
file* dès .^WA-tiré». recharge & tire le piûsu promptement ..qu’elle
peut fans s’embarrafifer des .autres. Le chef de files tire devait lui# tes
ferre-files tirent i droite & à gauche du chef de files
& en même tems. Le commandement pour ftire feu, & celui,
pour le faire cefler, doivent fe donner par le fon d’un inftrur inclût
-fort-fligju afînqu’il foit entendu. Ce. feu eft commode pour le. Soldats
continuel, bien ajufté; & il n’en eft pas de plus meurtrier’, parce
qu’il eft très-di-vergeatK.. La féconde façon , quand l’ennemi fe déconcerte
& fe pelotone, ou qu’il pHe , eft de . faire feu en falves par
batailioBS entiers # & toujours en échar-pant autant qu’il «eft
poflible. |
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Je pçnfe.que, dès que l’on eft à: 300 pas de l’cBhemi
& que. les coups peuvent l’atteindre, on doit commencer le feu félon
la première, méthode que je |
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P 2 |
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22« MÉMOIRES du COMTE |
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viens d’indiquer, après trois làlves le faite ceflèr, marcher
vingt pas en avant fur lui, le recommencer & ainli de fuite. Tout
cela doit s’exécuter avec un grand ordre & beaucoup'de vivacité. Il
rélùlte deux grands avantages de l’ordre joint à la vivacité: l’ennemi en eft
déconcerté, & votre troupe eft foufttaite à la réflexion toujours
dangereufe en pareille occafion. La grande attention alors de MM. les
Officiers &- bas-Officiers, doit être de confèrfer l’Ordre dans leurs
troupes & d’empêeher les pelotonemens. C’eft là leur première
& principale fonftion. |
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Sur la Trôifîeme, qui eft la marche. |
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J |
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Le feu maréchaldefaxe difoit avec raifon, que la forcé de
Flnftnterie étoit dans fes jambes. Qiï doit inftruire de Soldat à marcher
tellement, promptement, d’un pas vigoureux & -: de bonne .grâce. Quand il eft en gamifon, ondevxoit chaque
femaine l’envoyer, .plufieurs' fois en |
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|
: DE S1. GERMAIN. 219 |
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|
ordre & par compagnie à
plufieures lieues en lui
prefcrivant un tems court pour l’aller
& le retour. On l’entretiendroit ainfi
dans l’habitude de la fatigue & de bien marcher. |
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Sur les quatrième & cinquième parties, qui font les
Evolutions & les Déploymens. |
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Je ne dirai qu’un mot lùr ces deux parties: allez d’auteurs les
ont traitées fort au long. J’obferverai feulement qu’à la guerre tout fe
concentre dans deux mouvemens principaux, lavoir: de marcher à l’ennemi pour
le combattre, ou de fe retirer pour s’en éloigner félon les cir-conftances.
C’eft fur ces deux mouvemens principaux, que doivent être réglés les
dévelopemens & les évolutions. Tout le relie eft inutile
& ne fert qu’à fatiguer les troupes & à les jeter dans la
perplexité. B faut peu de dévelopemens, peu d’é* volutions. Si les uns
& les autres font de mains de maîtres, ils fuffiront pour |
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tjo mémoires do comte |
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toutes les occafions, ils doivent toujours être faits avec
beaucoup d’ordre, d’en-femble & de célérité. Quand ils feront peu
multipliés, l’Officier & le Soldat les aprendront facilement, les
retiendront & les exécuteront fans çonfuCon dans tous les cas. Dans
le bruit des combats où toutes les têtes font plus ou moins altérées , il eft
néceffaire dé prévenir la troupe des mouvemens qu’on veut lui faire exécuter avant que de les
commander. Sans cette précaution la conftrfïon s’y met aifément & au
peint que Ton ne peut plus rétablir l’ordre. |
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Des Ëtats Majors de Farmée. |
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C’eft au Général de l’armée à composer fon Etat Major. Comme il
eft Chargé de toute la befbgne & qu’il doit'en répondre, il eft
jufte, il eft même du bien du fervice, qu’il choififlè fes cooperateurs
& fes aides. Son propre intérêt exige qu’il'préféré les fujets fur
les talens des- |
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DE &. GERMAIN.'231, quels il peut fe.repofer.; &, comme
Tes Fuccès, là gloire & fi réputation
dépendent beaucoup du choix qu’il ai fera, il n’eft pas à préfumer qu’il
préférera la fi-veur à
futilité fur un objet aufli eflèntiel pour lui. Les fondions de ces Officiers font bien importantes; elles
exigent des hommes déjà formés qui aient de grands talens & beaucoup
de connoiffinces ac-quifes; mais, comme il n’y a que les coups de fufils
& les commandemens de troupes devant l’ennemi qui puiflènt former de
bons Officiers, il feroit du bieq de ces Officiers & du ferviçe en
général, de les reverfer dans les corps après quelques campagnes faites dans
l’État major, en leur accordant un grade fupérieur s’ils l’ont mérité. De
cette façon on formera, de grands Officiers. H y a une grande diftance du
raifpnnement & de la théorie à la pratique; & jamais l’on
ne deviendra bon Officier que par la pratique. |
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#3» MÉMOIRES nu COMTE |
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Des Officiers généraux.. |
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Que de difpofitions naturelles & de connoiflànces
acquifes n’exige pas le grade d’Offiçier général? Quelles important tes
fondions n’a-t-il pas à remplir? Elles demandent une fermeté d’ame exercée
& alfurée que rien n’altere, un jugement fût & éclairé, une
imagination vive & régléè qui ne s’échauffe jamais, im coup d’œil
qui aperçoive tout dans le moment, un génie fertile en rëffources, une
con-rioiflànce aprofondie de fon métier, de la tadique &; même des
hommes. Celui qui n’a pàs ces qualités, du moins à un certain degré, n’eft
point Officier général » & tout ce qu’il fera fera fournis au pur
hazard. |
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On a beaucoup écrit fiir les qualités que doit avoir un Général
d’armée; il me parôît, pour tout dire en un mot, que le plus digne de
commander l’armée eft celui qui, par fa conduite & fes actions, a le
mieux mérité l’eftimé & h |
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DE* S* GERMAIN. 233 |
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confiance des Troupes, Leur choix fera toujours jufte. |
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Il eft très-préjudiciable au bien du fer*
vice de multiplier dans une armée les Officiers généraux particuliers; le
trop grand nombre eft toujours préjudiciable. Un
jour de bataille un Lieutenant général doit
avoir à fes ordres 5 à 6000 hommes au moins: il peut avec un pareil corps
décider le fuceès de l’aétion; mais il ne peut rien avec un corps médiocre.: Le concert entre
èux eft preique impos-fîble en pareille occafion,' ’& ce feroit fè faire
illufiôn que d’y compter. Si le nombre des Lieutenans généraux eft trop /
grand, il vaut mieux les doubler, même tripler dans lès divifions que de trop
par-celer les troupe^ je pénle que la meilleure méthode Teroit de faire les
divifions de 6000 hommes (bus un Lieutenant général, avec quatre ou fix: Maréchaux de camp
& autant de Brigadiers. |
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334 mémoires du comte |
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Des changement 4e Garnifons. |
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Les raifons fur lefqueltes on établit futilité & même
la néceflité de changer les garnifons, paroiffent plus Ipécieufes que
folides. Ces changemens font trés-ruineux pour les troupes
& très-onéreux au peuple; voilà deux grands maux qui font bien
foiblement compenfés par les avantages que fon prétend en retirer: pour les
diminuer du moins ces maux, dans le cas qye le lyftême des changemens parût
nécelTaire, ils ne devroient être faits que rarement, de proche en proche, de
focceffivement. L’établiflè-ment des étapes, eft une de ces inftitu-tions
faites pour enrichir un particulier ayx dépens du Roi & de fes
troupes. Quand un corps doit marcher , on peut lui doqner , ime petite
augmentation de folde. Les Intendans avertis de là marche, font trouver des
vivres for là route. Le peuple porte toujours avec em-preflement fes denrées
où il peut les vendre davantage.. |
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DE S*.
GERMAIN. 235 |
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Des Cazernes. |
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Les troupes ne devroient habiter les Cazemes que pendant
l’hiver; elles devroient camper l’été & être employées à des travaux
publics ou particuliers, après avoir donné chaque année un tems convenable
aux exercices. Des détache-mens compofés des plus vieux Soldats fuffiroient
pour garder les places pendant l’été. Rien n’amollit & n’énerve plus
les troupes que l’oifiveté & le féjour des villes. L’homme eft né
pour l’aétion & le travail Le repos le détériore, & l’oi-fiveté
le perd. Un Soldat doit être un homme fain, robufte, vigoureux
& durci à la peine. Comment peut-il être tel, condamné comme il
l’eft à palier fes jours dans une molle inaétion? Comment peut-il conferverfa
fanté, entaffé qu’il eft dans des Cazemes & expofé (ans ceflè à tous
les maux qu’entraîne le libertinage fi commun dans les villes? Les campe-mens
des troupes ne feroient pas fort |
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coûteux au Roi, fi Ton favoit s’y bien prendre;
& d’ailleurs le Roi regagneroit bien abondamment les dépenfes qu’ils
pourroiént occafionner. Conferver les hommes & former une armée
d’hommes robuftes & endurcis au travail & aux fatigues font
des avantages qui méritent bien d’être achetés. |
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Divifion île Tarmée. |
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L’armée devroit être partagée en divi-fions pendant la paix,
à-peu-près comme elle l’eft pendant la guerre. Chaque divi-fîon devroit avoir
fes Officiers généraux, qui ferviroient alternativement le tems de quatre
mois & feroient payés pour le tems feulement de leurs fervices.
C’eft un objet de dépenfe, il eft vrai; mais il n’eft pas néceflàire qu’ils
vivent en ïyba-rites & qu’ils foient les aubergiftes d’une ville: le
militaire doit Vivre militairement, c’eft-à-dire ïbbrement. Chaque état doit
avoir & : conferver foigneufement les |
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DE ST. GERMAIN. 237 mœurs qui lui
conviennent, & c’eft en cela qu’il doit mettre là gloire. Il
réful-teroit de grands avantages de cet établis-lement; les troupes feraient
mieux fur-veillées; la dilcipline & l’ordre s’y eon-ïèrveroient plus
exactement; les Officiers généraux refteroient dans l’exercice habituel de leur métier; ils
aprendroient à connoître les troupes qui aprendroient à les connoître
également &c. ces Officiel? généraux pourroient être en même tems les
vrais Commandans dans les provinces & dans les forterèffes; &,
pour diminuer les dépenfés qu’ils occafionneroient, on pourroit fuprimer
beaucoup de places d’Etat major & de commandemens dans . les ■
villes & ■ dans les; provinces qui ne font bonnes qu’à charger
le tréfor du Roifafls procurer un grand bien aux Officiers qui les occupent.
Tout doit être tourné dp coté.de l’utilité .& du,bien eflèntiel de
l’Etat. ' . ’ |
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Tout le fyftême militaite doit être compofé, arrangé
& conftiiué de façon que les armées fiaient toujours en .état |
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238 MÉMOIRES bu COMTE |
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d’entrer en campagne au premier ordre & du jour au
lendemain, fans occafionner une grande augmentation de dépenfes Prévenir fon
ennemi fût & fera toujours l’un des meilleurs moyens pour le
vaincre. C’eft Ce moyen furtout qui a fàuvé le Roi de PruïTe dans la dernière
guerre. Quand tout eft bien & fagement ordonné, il en coûte moins
d’avoir unebonne armée toujours prête à agir que d’en avoir une mauvaise qui
n’eft telle que parce que l’ignorance ou les confidérations & les
vues particulières, fources de déprédation & de fàuffes dépenfes,
ont pré-fidé à là formation & dirigé fon .gouvernement |
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Je n’ai pas dit tout ce qu’il y auroit à dire; mars je crois
cependant avoir indiqué les principaux moyens & les plus propres
pour former une bonne armée, |
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Je n’ai pas cru devoir entrer dans le "Sérail des
apointemens de tous les individus qui doivent la compofet, mais j’o-ferois
aflùrer que la dépenfe de celle que j’ai propofée, fa voir, de 180,000 hom- |
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DE S*.
GERMAIN. 239 mes d'infanterie, 30,000 chevaux,
15 à 16,000 homriies d’artilleri'e, & un corps proportionné
d’Ingénieurs avec l’entretien ordinaire des fôrterefl&, n’excédera pas de
beaucoup la fommé de trente ;millions4 |
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: - De Pùfütée^h Campagne. ! - |
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Les mœmpùbliques &ednf^^ , foutenues forment les hommés,
&, félon qu’elles font bonnes où mauvaiféâ, ■ les rendent utiles ou
inùtites.. La.reli-, gion & ufiedifcipline févére'&^fbutenue
doivent concourir h rendre. ^ militaire É vertueux -& à loi’, infpirer 'des mœurs ^ -dignes
& refpe&àCïes qui le-portent à • remplir avec zele^
affeérion&.diftinc-r tion les devoirs de là profeffion. Une fi armée corrompue
par les vices eft un i corps fans âme dont on ne doit ries ^ attendre. • |
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,$ Pour contribuer autant qu’il-eft pos* U fible à entretenir
de bonnes mœurs dans |
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240 MÉMOIRES DU COMTE l’armée, il feroit
néceflàire d’y avoir ih aumônier fupérieur, homme rdpeâabk, qui eût autorité
& infpeétion fur les au-môniers particuliers des .corps, qui eût
foin de les contenir & de leur faire remplir leurs devoirs. Il eft
inutile que je m’étende fur l’importance de cet emploi. Les hommes qui
penfent & qui ont vu ce qui fe paflè, conviendront de fâ né*
ceflité. |
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Il ne devroit point être permis au Général de l’armée de
changer à là volonté l’ordre du fervice de campagne; une ordonnance du Roi
doit le. régler invariablement; le Général feulement doit pouvoir y ajouter
dans les cas non prévus & pour une plus grande utilité. Sans cette
précaution tout eft arbitraire; per-- forme ; ne peut être jnftruit,
& chaque «ampagné c’eft un nouveau ferviçe; l’es-iprit de l’homme ne
fe pMe point à toutes «as mutations ; il en réfulte toujours du mécontentement,
de la confufion & du |
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Des Campement |
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11 eft établi que les armées campent fur deux lignes, l’Infanterie dans le cem tre, la Cavalerie fur les ailes
avec le même front à-peu-près qu’elles occu* poient étant en bataille. Cette
méthode eft aflùrément vicieufe : il eft étonnant qu’il n’y ait pas eu encore
d’hommes affez entreprenans pour tomber pendant la nuit, ou à la pointe du
jour, fur une aile de cavalerie que cinq cens huflàrds pour-roient détruire,
s’ils favoient affez bien manœuvrer pour la furprendre. Dans le camp la
cavalerie eft fans défenfe; à la moindre alerte tout court pour feller fon
cheval, làuver fon équipage ; la tête tourne, & il ne refte perfonne
pour s’o-pofer à l’ennemi. Il feroit plus militaire & plus fûr de
camper fur trois lignes: la cavalerie fur une ligne entre les deux de
l’infanterie. Dès qu’elle eft une fois à cheval, elle peut fe porter
légèrement partout où U eft befoin, & la fécondé |
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Q |
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ligne d’infanterie occupe enfuite aifômenti là place. Le Parc
d’artillerie doit camper derrière la fécondé ligne d’infanterie à portée des
débouchés faciles & préparés. Le camp doit enfin être affuré
& fermé fur lès derrières par quelques brigade; d’infanterie ou par
les troupes légères. Si l’armée eft nombreufe & qu’elle doive faire
un long lëjour dans le même camp, on doit alors mettre un grand efpace entre
les lignes. Le camp ainli établi, doit être entouré en tqps fens par de
petits corps de garde éloignés de 4 à 500 pas des camps. Il feroit bon que
chaque corps de garde eût une redoute ou au moins un redan; le Soldat doit
pouvoir fe promener librement pour prendre l’air dans l’elpace qui eft entre
le camp & les redoutes; mais il doit y être configné
& concentré. Les latrines doivent être pla* cées de façon que les
vents n’en portent pas l’odeur dans le camp & qu’elles n’empêchent
pas la foreie facile de far- । mée & fon débouchement. <; |
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Le Général ou les Généraux & lef |
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DE &. GERMAIN. «43 |
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Officiers de jour doivent camper dans le centre de la première
ligne d’infanterie; ils ne doivent jamais s’abfenter tous enfemble. Le corps
d’artillerie doit voi-turer, planter & élever leurs tentes, avec
quelques baraques de Soldats pour leurs domeftiques & pour toutes
les ordonnances, qui, au lieu d’être au quartier général, doivent refter
auprès du Générai de jour. Le Général de l’armée lui envoie par un Aide de
camp, & par écrit autant qu’il eft poffible, fes différons ordres
que le Général de jour fait enfuite porter & diftribuer par le moyen
des ordonnances. Toutes les batteries de l’armée comme la générale &c.
doivent commencer d’après fon ordre par les Régiment qui campent à côté de
lui. Ce doit être également le canon d’un de ces régimens qui félon fes
ordres tirera le coup de retraite & les coups d’alarme, s’il eft
ainfi ordonné par le Général dé farinée. |
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Q * |
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Du mot ou de la parole. |
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Le mot doit toujours être donné à la même heure & au
quartier général, où le Générai de jour doit fe rendre pour le recevoir; fi
le Général de l’armée ne pouvoit pas s’y trouver pour le donner lui-même, il
le fera donner par le Général du jour. Il eft inutile de dire qu’il ne doit
être diftribué aux troupes & aux gardes qu’après la retraite. Les
marches d’armée ne devroient être connues & annoncées que par la
générale & jamais autrement. |
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Des Gardes extérieures ou grand* gardes. |
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Il me paroît que c’eft une bien mau-vaife méthode que celle de
former les gardes du camp par des contingens mêlés de tous les corps d’une
armée. Cet ulàge aéhiellement établi n’eft pas ancien. Sans m’arrêter à en
détailler & prouver les |
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DE S*.
GERMAIN. 245 îraconvéniens & les vices,
qui font allez connus, je confèillerois d’en revenir à L’ancienne pratique, beaucoup meilleure, beaucoup plus fûre
& plus commode; c’eïl de former les gardes par Régimens ou
par Brigades félon la force de l’armée. Cette
méthode eft fimple: les Officiers généraux, attachés aux brigades, feront de jour, quand leurs brigades
feront de garde. S’il arrive quelque défordre, on fait du moins à qui s’en
prendre; c’eft une raifon de plus pour les empêcher. |
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Comme les gardes ne font point proprement deftinées pour
combattre, mais feulement pour obfèrver & avertir, elles doivent
être le moins nombreufes qu’il eft poffible afin de ne pas fatiguer
inutilement les troupes. Elles doivent être bien placées & de façon
qu’elles découvrent au loin fi elles aperçoivent l’ennemi ; elles font
incontinent avertir le Général de jour, qui doit être, comme je Tai dit,
campé au centre de la première ligne d’infanterie. C’eft de lui que toutes
les gardes dépendent. En attendant fes Q 3 |
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· *4$ MÉMOIRES
du ÇOMTE i ordres, fi elles font repouflées par l’en-nemi, elles fe replient
fucceflivement & lentement fur l’armée en combattant cependant, mais
avec l’attention de ne fe pas laifièr enveloper. |
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U eft d’ufage de placer pendant le jour |es gardes de cavalerie
à quelques cens pas en avant du camp, de les faire fbu-tenir félon le terrein
par quelques gardes d’infanterie placées en arriéré; ôc, quand la nuit
aproche, les gardes de l’infàntcrie fe reprochent du camp, & celles
de cavalerie fe replient derrière celles de l’infanterie ou à côté d’elles.
Un camp eft aflürément bien mal gardé en fuivant pareille méthode; il eft
évident que l’ennemi attaquant ces gardes, ^les culbutera dans le camp
& y arrivera auflitôt qu’elles. Quel détordre alors ! quelle
confu-fion ! & quel danger ne court pas l’armée entière! Qu’il foit
permis de propofer une autre méthode. Les gardes de cavalerie, peu
néceflàires pendant le jour, । devroient refter au piquet & tranquilles, ,
quelques cens pas. en avant du camp. |
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DE S». GERMAIN. 247 |
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Celles d’infanterie doivent être pouffées
fort en avant
& placées dans des terreins difficiles & coupés, de façon
qu’elles puis-fent obferver
& voir au loin, & fe retirer fans pouvoir être envelopées
par la cavalerie ennemie.
II fuffîroit de donner aux principales gardes d’infanterie fix hommes à
cheval pour reconnoître dans le befoin & avertir. Quand la nuit
tombe, alors les gardes de cavalerie qui fe font reposes pendant le jour,
doivent' être placées bien avant celles de l'Infanterie & pouffer
chacune devant elle un petit corps de garde que l’on releve chaque deux
heures, & qui, quand il eft relevé, va patrouiller encore un bon
quart de lieue en avant &, après avoir écouté & oblèrvé, rentre
enïùite au corps de garde, s’il n’a rien entendu ni aperçu. Toutes ces gardes
de cavalerie doivent être fort alertes pendant là nuit fans débrider leurs
chevaux. H feroit néceflàire de changer tous les jours, quand la nuit eft
tombée, les einplacemens de ces gardes de cavalerie, afin que l’ennemi ne |
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Q 4 |
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843 MÉMOIRES du COMTE puflè pas former le
projet de les enlever. Je crois qu’il n’y a que cette façon-là de fe bien
garder & d’être averti affez à tems pour pouvoir faire les
difpofitions convenables aux cirçonftances. L’ennemi i ne peut pas arriver
par les airs; il faut qu’il fuive des chemins ou qu’il marche । par des endroits
ouverts; ajnfi il n’y a qu’à placer les gardes en conféquence. |
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On doit peu compter fur les patrouilles; l’expérience a
démontré qu’elles font de peu de fecours. Si elles fe font la nuit, un ennemi
embufqué les entend de loin, les évite ou les enleve; fi elles fe font de
jour, l’ennemi les découvre facilement U n’en eft pas de même d’une troupe
poftée & attentive. Si elle eft bien placée, elle entend la nuit de
très-loin, & le jour elle voit de même; enfin les gardes doivent
être placées de façon qu’en avertis-fant de l’aproche de l’ennemi, elles donnent
au camp ou au corps qu’elles gardent, une heure ou deux de tems pour prendre,
les armes & faire fes difpofitions: fans cela la confufion fe met
partout $ tout eft- perdu. . |
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DE ST. GERMAIN. 249 |
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Des campement & des décampemens. |
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Des que la générale eft battue, tout eft en mouvement dans le
camp. Il n’y a plus de repos ni pour les hommes, ni pour les bêtes de fomme.
Si l’armée ne peut pas fe mettre en marche à l’heure défîgnée, comme il peut
fouvent arriver, elle eft fatiguée inutilement, & ilfaudroit au
contraire la ménager dans toutes les occafions autant qu’il eft poffible,
pour ménager fa fanté & fes forces afin de les trouver au befoin.
C’eft un des premiers talens dans un Général de fàvoir confer-ver fon armée:
avec une armée vigou-reufe il peut faire de grandes chofès; mais, s’il la
fatigue & l’épuife, il la détruira & ne fera rien. |
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H devroit être ftatué que l’armée marchera toujours une heure
& demie après la générale battue, & on ne doit jamais
s’écarter de cette réglé à moins d’une aproche fubite de l'ennemi, auquel cas
la générale battue avec un certain nombre de |
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Q 5 |
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coups de canons défignés annonceroit que l’armée doit prendre
for 1e champ tes armes & marcher. Hors de ces cas imprévus,
& qui arrivent rarement y une batterie particulière & faite exprès doit
annoncer l’aflèmblée des campemerts au lieu ordonné par le Général. Ils-
attendent là que l’on batte la générale, ' & alors fl fe mettent en
marche. J’ai déjà dit que les gardes du camp doivent fe'faire parRé-gimens ou
par Brigades. Ceux ou celles qui doivent donner les gardes du nouveau camp
marchent avec les campemeris, fous tes ordres du Général qui doit entrer de
jour , & ceux ou celles qui font de garde fe raflèmblent à la générale
aux ordres du Général qui fort de jour, & fontfarriere-garde du tout
Les équipages fuivent les colonnes dans lefquelles marchent leurs corps
refpeétifs. De cette façon tout eft Amplifié, tout eft en ordre,
& fordre vivifie tout - : |
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PE 3*. GERMAIN, ep |
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Des Galeres de terre. ' |
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La vie des hommes eft bien précieufe, & cependant,
dans l’état militaire furtout, on la leur ôte fouvent bien légèrement? c’eft détruire foi-même fes
propres forces, au lieu
de les conferver. Dans les ordonnances fin* les délits militaires les peines
font peu proportionnes aux délits; elles font trop feVeres. La peine de mort ne devroit être ftatuée que
fur les crimes atroces. Les “galeres dé* tore pour les délits moindres que
cês premiers, &, comme le François abhorre les coups de bâtons prefqu’à
Tégal de ta mort, voilà un grand moyen de le contenir fans le dér traire. Ils
pourvoient être infligés jüfqu’à un certain point pour les délits qui ne
méritent ni ta mort ni les galeres de terre. Mais <® allégué contre les
galeres de terre la grande dépenfe qu’elles oçcafio-neroient. |
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j’ofe dire que c’eft une erreur. H n*y a proprement d’autre
dépenfe à faire que |
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celle d'un premier éobliirement, qui font font bien légères.
Dans chaque grande ville où il y a de groffes garni fous; on peut prendre un
emplacement dans les cazernes que Ton arrange pour les efcla-ves. Des
châlits, des paillaflès, des couvertures & quelques uftenftiles de
terre pour cuire leur manger, leur luffilènt Un feul Officier intelligent
& à retraite eft chargé de leur direétion. On les di-vife par 6 ou
par 8, & fur chaque diw-fîon on met un bas Officier tiré des Invalides.
Les efclaves doivent être habillés d’un très-gros drap de différentes
couleurs, afin d’être plus aifément reconnus; par exemple, les manches
peuvent être d’une autre couleur que l’habit; ces efclaves doivent vivre
& être entretenus de leur propre travail; &, comme ils
travailleront à meilleur marché que les journaliers ordinaires, ils ne
manqueront pas de pratiques. Le prix de leur travail eft mis dans une caillé
fous la main de l’Officier qui les dirige, & c’eft de cette caiflè
qu’ils doivent êtçe entretenus à tous |
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EE ST. GERMAIN. 253 |
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égards. Si un bourgeois en demande un certain nombre pour
travailler, un de leurs bas-Officiers va avec eux pour les contenir
& les ramener quand leur travail eft fini. U me paroit inutile
d’entrer dans un plus grand détail J’ajoute feulement, que ces établiflèmens
bien adminiftrés ne doivent rien coûter au Roi, & je le dis d’après
l’expérience. |
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De la conduite d’une armée vi&orieufe dans le pays ennemi. |
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Le droit de vainqueur dans le pays ennemi, eft de s’aproprier
les revenus du Prince vaincu, & outre cela d’exiger la fubfiftance
de ion armée, autant que le pays peut la fournir. Si le vainqueur veut
conferver le pays, ne pas l’écrafèr afin de pouvoir continuer la guerre, il
doit exiger en argent les revenus, & ce qui eft néceflàire pour
l’eiïtretien de fon armée, taxer enfuite toutes les denrées & les
fournitures, & payer argent comp- |
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gloire. Si en les pratiquant on ne réufllt pas, on a du moins
la douce confolation de n’avoir rien à fe reprocher & d’avoir mérité
l’eftime des honnêtes gens; & cette confolation vaut autant que la
fortune pour un homme qui fait penfer. Mais que ne doit pas efpérer la jeune
nobleflè de fon aplication, de fbn travail & de fa bonne conduite
fous l’empire du plus digne des Rois, qui eft en même tems le meilleur des
hommes; & fous des Miniftres qui par leurs talens & leurs
vertus ont mérité fa confiance & en même tems le refpeft
& l’amour de la nation? Jamais un homme voluptueux, frivole
& inapliqué ne devint un homme fupérieur & véritablement
eftimable. Cette vérité doit faire la réflexion de toute la vie. |
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AVIS |
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DE S». GERMAIN. 15? |
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AVIS |
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de- |
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L-È D I T E U R. |
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Dans l'immenfité des papiers de M. le Comte de Saint Germain
qu'on nous a confiés, nous avons trouvé un grand nombre de lettres d’un
Officier général qui paroît avoir été dans une liaifon & dans une
correspondance particulière avec ce Miniftre; ces lettres nous ont paru
d'autant plus curieufes & intérefiànteS qu'elles roulent en grande
partie fur fon adminiftration, & que dans la même liaffe qui les
renfermoit étoient attachées à chacune les minutes des réponfes faites par M.
le Comte de Saint Germain; & H n’y a pas de doute qu’elles ne foient
de lui-même, puilque toutes font écrites de là propre main. Nous avons donc |
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|
R |
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$58 MÉMOIRES du COMTE |
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penfë que Ce fèroit ajouter un intérêt dë plus à l’ouvrage que
nous publions, d’y joindre cette correipondance, qui d’ailleurs ne renferme
rien qui puiffe nuire à celui qui les a écrites, ni bleflèr qui que ce (bit.
Nous ignorons parfaitement de qui elles font, n’étant pas Cgnéès; fans cela
nous en aurions préalablement demandé la permiffion à l’Auteur. |
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. r .Premier^ lettre, |
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. . ‘ '
^ 25 yw« 1776.
■ । |
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Vous m’avez ordonné, Monfieur le Çomtç, au moment de mon
départ, de ; vous écrire auffi librement que je vous । parfois quand vous me faifiez l’honneur ! de me confulter
fur quelques objets de I v^m-adminiftration, Ce défit de votre 1 part prouve votre
amour pour le bien que vous ne pouvez ftire, quelques ta- : lens que vous
ayiez, j& quelque habile i que vous foyez, fi le menfonge & la |
flatterie vous environnent. Pans toute- ' |
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DE ST. GERMAIN. *59 adminiftration,
ôcfurtout dans celle de l’état militaire de France qui eft fi éten-. due
&, dont, les'.refibrts font fi. multipliés , il n’eft pas poffible de
voir tout par vous-même; il faut donc néceflàire-ment que fur beaucoup de
chofes les yeux des autres vous éclairent. Vous, avez dans votre département
la toute-puiflànce,. & vous êtes à bien des égards dans , la
pofition malheureufe des. Rois que l’ambition, la paffion, la haine *&
l’intérêt de ceux qui les entourent * trom» pent & égarent fins
ceflè ; & c’eft très» mal à propos qu’on leur impute des in»
juftices & des .oprcffibns dont ils n’au» roient jamais été
coupables » s’ils n’a» voient, été fêduits & trompés. Les loix,
Monfieurle Comte, ..décernent des pu» nitibps .& des fiiplices contre
ceux qui confpirent & aflàflinent. Ces punitions & ces ruplices
devraient être bien plus lëvvKs contre cetix qui trompent les Rois, eûtes.
Miniftres, qui eft la même chofe, parce que ce font là de vrais aflàffins,
puiïqu’ils font les aflàflins des |
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|
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nations. Je me fouviens d’avoir entendu conter à M. Diderot, à
fon retour de Ruflie, une converfation qu’il ait un jour avec la Souveraine
qui gouverne avec tant de gloire & d’éclat ce varie-Empire. Après
avoir difcuté fur plu-fieurs points de philofophie & de morale, ia
converfation amena naturellement la queftion du ciel & de l’enfer.
M. Diderot en paria plus en philifophe qu’en cafuifte; mais il finit par dire
que, fu-pofé qu’il n’y eût point d’enfer , il faudrait qu’on en inventât im
pour ceux qui ofent mentir aux Souverains. Je pén-fe bien comme hii; vous
pouvez donc, Monfieurle Comte, vous attendre de ma part aux vérités les plus
hardies. Quand vous ferez fatigué de les entendre, vous m’avertirez;
& je me vouerai au plus profond filence. . . . . ' .... ? |
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Je perfîfte à penfer; M.leJ Comte, que vous avez mal entamé,
l’ouvrée de la grande réformation que .tous avez entreprife, & tous
vos embarras aduds ne proviennent que de cette première |
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DE &. GERMAIN. 261 |
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faute. Il n’y a aucune liaifon, aucun en-femble dans votre
édifice; tout y eft fi dé-coufu, que vos plus excellentes institutions
perdent par-là tous leurs avantages; malheureufement, ce mal dans ce moment-ci eft fans remede. Dans le pays
où vous êtes, on ne
rentre plus dans là route quand on s’eft laifTé jeter dehors. Je vois avec beaucoup de regrets
que vous foufirez qu’on vous entraîne à des variations qui dégraderont encore
le peu de bien que vous avez fait. Vos éclairciflèmens joints aux ordonnances
de conftitution, étoient inutiles. Ils deviennent même nuifibles par
l’interprétation peu raifbnnable qu’ils donnent à l’article qui concerne les
Aides-Majors de Cavalerie & de Dragons. Vous auriez dû vous fouvenir
que le motif qui vous avoit déterminé à propofer au Roi de leur affîgner le
rang que leur donne leur cominifiion, avoit pour objet de con-feryer en
activité ces Officiers fi inftruits, que dans les difcufiions particulières
qu/ nous avons eues dans votre cabinet à ce fujet, il m’a paru qu’on étoit
unanime-; |
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|
|
ment convenu que la confervation de ces Officiers étoit un
point bien capital pour le fuccès de l’inftruétion & de la
discipline; je crains bien que ce ne foit quelque intérêt particulier qui ait
prévalu fur la juftice & fur l’intérêt général. Je vous çonjure de
nouveau, Monfieur le Comte , de vous mettre en garde & de vous
défendre contre toutes ces queftions infi-dieufès, prefque toujours diftées
par l’espérance de vous entraîner dans des erreurs & dans des
variations qui nuiront plus à votre ouvrage & à votre réputation que
les fautes même que vous pourriez faire. Cette nation eft fi habile
& fi ingé-pieufe à donner des ridicules, & l’expérience ne
prouve que trop qu’un ridicule eft plus dangereux qu’un tort; l’un peut fe
réparer, l’autre refte, avilit & dégrade, Nous avons les plus
fâcheux exemples dé cette vérité. Un Mîniftre, quoi qu’il pnifTe être, qui
n’a pas l’avantage de foi pinion publique, ne peut jamais- rendre fon adminiftration
ni utile ni éclatante; il fera privé de tous les feeours, &Ü |
|
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|
DE ST. GERMAIN. 03 éprouvera descontradictions qu’il n’aura pas la
force derepouflèn , . . |
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|
Je ne dois pas vous parler, Mon-fieur le Comte,, de ma revue du
Régi*-mçnt de Royal Pologne, cavalerie: la loi veut que ces fortes de détails
ne vous parviennent que par le chef de la divir fion, & cette loi
eft fi fage, fi bien vue; elle fimplifie & abrège fi fort le ; travail, que vous
êtes ? plus intérelfé que,perfora ne à la maintenir dans toute û forcer
L’habitude fera des tentatives pour s’y fouftraire. Si donc une feule fois
vouj répondez à une lettre d’un Mgréchaldç camp ou d’un Colonel, qui voudra
vpu; rendre des comptes ou vous faire des demandes directes; fi vous leur
adreffez le moindre ordre & .que tout ne leur parvienne pas. par le
chef de divifion, .vous vous replongez dans le labirinthe des écritures; dès
lors la chaîne fera rompue; votre édifice croulera,
& vous.-perpétuerez l’infu-bordinagion ^cl’jndüciplino Cette
admini-ftra&op, la .feulg vraiment militaire, une fois foüdqmçnj établie,
tout le monde en |
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|
|
fentira les avantages, & l’erreur de ceux qui font
d’une opinion contraire ne durera pas. |
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Je ne prétens pas me fbuftraire à cette loi, Monfieur le Comte,
en vous parlant des corps que j’ài vus; c’eft une affaire particulière entre
vous & moi, & qui eft une fuite néceflàire des ordres que
vous m’avez donné de vous communiquer mes obfervations. Je vous dirai en
conféquence que j’ai été fingulie-rement content du Régiment de Royal
Pologne, du bon efprit qui y régné, du bon ton des Officiers & de
leur foumis-fioii aux volontés & aux ordres du Roi. Il eft vrai qu’As
ont à leur tête MM. les Comtes de MaiHy & de Vogué qui font deux
hommes d’un vrai mérite, bien en état d’encourager & d’animer tout
par leur exemple; ils font parfaitement fécondés par les chefs d’Êfcadrons,
là plu-» part d’une ancienneté refoeétable, & aufli diftingués par
leur noiflànce que par leurs fervices. C’eft fur de tels hommes que votre
attention doit porter; mais je vous en demande une toute par- |
|
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-DE M GÉ'R M AÏn: 265 ticufîere pour Mi '-de la Braffiere. H y
a 54 ans qu’il fat dans le même corps, qu’il s’y fait remarquer par fon
exactitude, par fà valeur & par fon zele, qu’il femble communiqua: à
tout ce qui l’environne. C’eft véritablement un Officier dù meilleur exemple,
& en le traitant avec l’attention qu’il mérite, il en ré-fultera un
excellent effet pour l’émulation; quand même dans ce moment-ci vous ne
pourriez rien faire pour lui. Une lettre de la part du Roi,- qui puiffe faire
cônnoîtrë à M. de la Braffiere que les -fervices ne font pas ignorés de Sa
Majesté, feroit peut-être fur les opinions la même împreflion avantageufè
qu’une grâce marquée. Car telle eft l’ex-cellence de cette nation qu’on
l’anime & là vivifie préfquë plus par des paroles flatteufes que
'par des récompenfès utiles; & je fuis toujours étonné, Monfïeur lé
Comtej, que lés Miniftres ne faffent pas plus d’ufage dé cette monnoye qui
coûte fi peu. M. lé Duc de Choifeuil eft le feul qui. ait' eu l’art dé
l’employer |
|
|
|
àr^vanc^ge du ferviçp ^SaMajmté; auffi avoit-il excité un tel
zele daps^us les Officiers» qu’il w a. réfulté Ja »p£us grande inftruétion.
On ne peut, pas fe diffimuler que, jufqu’à l’époque de fon miniftere, il y
avoit à peine dans qn Régiment un Aide-Major qui fût en état de le faire
manœuvrer ; &, lorsqu’il a quitté ce .département, il n’y avoit, pas un
Caporal ni un Brigadier qui ne fût en état d’être chef de Bataillon ou chef
d’Rfcadron. H encourageoit, il animoit tous les talens, & je fens
par moi^ême que, fi j’ai pu valoir quelque chofe, je valois infiniment plus
alors que depuis que fes fuccefleurs, par leur foibleflè, leur ignorance ou
leur indifférence, nous ont jetés dans la dangereufe apathie où nous fommes;
il ne tient qu’à vous de ramener ce tems briUaut & heureux du
militaire françois.
; |
|
|
|
: Par le compte qnej’pi rendu au Lieutenant général, de mp diyifiG^, je 1’.# pré* venu que ks
Régin^n^de Cav^lejje & de DragQqs que j’^VJ»,: n’ont aucune |
|
|
|
: DE Fi C ER MAIN. 267 |
|
|
|
fonds pour fe procurer du fotirage, pour recruter, ni pour
faire leurs remontes. Us font tous dans le plus grand embarras. Si vous n’y
pourvoyez promptement, il en réfultera des inconvéniens dont le blâme
retombera fur vous. Rapélez-vous donc combien je vous ai conjuré de préparer,
de combiner & de calculer vos moyens, avant de publier les nouvelles
loix. H eft fi efientiel, pour leur con-ferver le refpeft qu’on leur doit, de
ne pas oppofer, ftutê de ces précautions, une impoffibililé évidente de s’y
conformer. H s’eft gliffé auffi une erreur dans l’impreflion de l’ordonnance
des Dragons fur leur folde, qu’U ftilt rectifier. J’ai rafluré les eïprits,
parce què je connois vos intentions; mais je n’ai pu donner aucune folutiofl
aux troupes fur nombre d’obfturités & de contradictions qui fe
trouvent dans le réglement, & qui demandent à être rectifiées. |
|
|
|
J’ai été très -côritent du régnent de Culte, furtOût dé
Texaétitude, de la force de fa difeipline, & dé fondre dé |
|
|
|
fon adminiftration, qui eft faite pour lèr-.vir d’exemple à
toutes les troupes. JM. de Cuftine me paroît un très-bon Colonel Si tous les
corps avoient de tels chefs, on n’auroit pas la douleur de voir ce
relâchement nuifible, ni d’entendre ces clameurs indécentes & ces
propos féditieux qui produifent des effets fi dangereux. Mais il fera facile
au Roi de détruire ce mal dans fon principe, fi Sa Majesté veut fe déterminer
à punir & | à récompenfer avec la juftice & la fermeté qu’elle
manifefte.
j |
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|
Première lettre de M. le Comte de Saint Germain en répon/è à la
précédente. |
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|
Du s Juillet 1776. |
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|
J’ai voulu» Monfieur, lire au Roi avant de vous répondre, la
lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire après votre revue du
Régiment de Royal Pologne. Sa Majesté a été très-fatis-ôite du compte que
vous en rendes, dç |
|
|
|
DE S*. GERMAIN. 269 |
|
|
|
même que de votre zele pour le bien de fon fervice. J’ai écrit
par lès ordres au Colonel & au Capitaine dont vous faites l’éloge;
le Roi ne penfe cependant pas qu’il foit néceffaire de remercier un Officier
parce qu’il a rempli fes devoirs ; mais il eft bien détenniné à punir ceux,
qui s’en.difpenferont. . |
|
|
|
On a fait païfer des fonds aux Régiments pour fe procurer des
fourages, & même pour recruter; du moins les ordres en ont été
expédiés. Quant aux remontes cela fera plus difficile, & les
Régiments ne doivent s’en procurer qu’en proportion des fommês qu’on leur
fournira; Vous connoiffez tout ceci; chaque pas coûte des combats. J’en fins
à mes Bureaux, à l’arrangement des finances, & tout combat contre
l’ordre. Ayez la bonté de faire dès notes fur les contradiétions que vous
trouvez dans le réglement & fur toutes les autres matières. Les Dr»;
gnns doivent avoir les 8 deniers d’augmen^ z tation comme la cavalerie & l’infanterie*
& s’il s’eft gliflé là-deffus une erreur, elle |
|
|
|
ü/o mémoires au- comte |
|
|
|
fera rectifiée. Je fais que M. le Comte de Cuftine eft l’un des
meilleurs Officiers fiipérieurs des troupes du Roi, & je vois avec
plaiflr que vous le trouvez tel, & que vous lui rendez la juftice
qu’il mérite. Avec le tems, patience & fermeté tout viendra a bien
malgré les malveillans qui font en affez grand nombre. |
|
|
|
. Seconde lettre.
. |
|
|
|
. Du 15 juillet 1775. |
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|
|
Tout ce que j’aprens, Monfieur le Comte, des différentes
divifions, me peine 1 |
|
|
|
· &
m’afflige d’autant plus que je vois que ; dans la plupart les loix
& les ordonnances j ne font en- aucune manière relpeétées. 1 &n$- accufer
perfonne, j’ai raflèmblé dons le cayer ci-joint toutes les contra-liftions
dont j’ai euconnoiflance. Vous jugerez vous-même des dangereux effets qui
doivent-en réfîilter. Hfhudra donc déformais, avant de promulguer des loix,
que fe Roi confulte fon année pour fa^ |
|
|
|
DE S1. GERMAlk «71 |
|
|
|
voir 8*0 lui plaira de les agréer. Ce fe-voit lüre de nos
troupes des Gardes pré-toriennes ou desjaniflàires. Il eft im-poflible, fi 8a
Majesté ne fè déter-7 mine pas à des exemples d’une grande févérité, que jamais: la difcipline
puiflè fè rétablir. Ceux qui réclament le plus contré., feroient bien
êmbarraflës, di l’on autônïbit dans leurs fubordoftnés la même ' indépendance
jdont
ils prétendent jouir; cependant cela' ferait Jüfte, car la loï doit être
égale. -Au refte, Monfiéur le Comte, tout eft d’autant plus facile, que 4é
Soldat ftançôis eft de la meilleure efpece poffible; 11 eft plein de
courage,’ de volonté, d’intelligence, naturellement porté à la foumiffion
& à l’obéiflànce ;-&, quand le contraire exifte, c’eft tou-jouis
là faute des Officiers qui, par leurs1 dlfcours & leur exemple, les y provo^ quent Tout
-eii;adminiftre
la preuÿç Examinez fétat aétud de la difcipline* des différens corps , - vous
en verrez bit les loix font dans toute leur force, où’ élles ont été établies
fans oppbfition ni |
|
|
|
réclamation; & d’autres, au contraire, dans lefquds il
exifte le plus coupable relâchement C’eft-là le thermomètre qui peut vous
guider le plus furement dans l’opinion que vous devez prendre des différens
chefs de corps» Je vous citerai pour exemple, M. leMarquis de Vï-braye,
Colonel du Régiment Dauphin, Cavalerie. C’eft un Officier d’un mérite rare
& diftingué. Tout s’eft établi dans le Régiment qu’il commande, fans
mur- । mure ni
réclamation, parce qu’il y a mis le ton & la fermeté qui conviennent
| Voilà les hommes qu’il faut diftinguer, (
pour encourager les autres. Si toutes les
divifions avoient des chefs comme Meffieurs de Beauveau, de Vogué
& de Wurmfer, tout iroit bien. Leur ton , leur exactitude, leur
fageïfe & leur bon exemple infpirent à tous leurs fubordon-nés le
defir de leur plaire & de les imiter. Auffi tout va à merveille dans
cette pro-yince,,& vous devez vous être aperçu tju’pn ne, vous a fait
aucune, queftion cap-tieufe ÿ ridicule., Il me paroît que vous |
|
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|
en |
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DE ST. GERMAIN. 273 |
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en êtes accablé; j’en juge par les
lettres interprétatives que nous recevons journellement Vous n’avez donc pas
voulu, Monfieur le Comte, vous mettre en garde contre ces dangereux piégés.
Je vois avec douleur, qu’on vous y a entraîné , & j’en ai bien plus
encore quand j’envifage les conféquences dangereufes qui en réfulteront Je
vous conjure donc de nouveau, à genoux, n’écrivez point de lettres
interprétatives; attendez le retour des chefs de divifions; rafTemblez-les
enfuite; écoutez leurs obfervations; pefez-les, difcutez-les avec eux,
& rectifiez les loix, fi vous jugez qu’elles peuvent ai avoir
befoin: mais ne les dégradez pas, & n’aviliflèz pas non plus votre
autorité par cette foule d’interprétations & de contradictions. |
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Troifieme lettre. |
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Du 7 yfoût i77<î. |
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Je viens d’être témoin, Monfieur le Çomte, d’une choie bien
étrange. M. le |
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S |
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274 MÉMOIRES du COMTE |
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Marquis de Vogué a fait monter à cheval les deux R piments du
Colonel- générai cavalerie & Dragons. Avant de les faire monœuvrer,
il avoit ordonné à celui de la cavalerie d’ouvrir les rangs , parce qu’il
vouloir y paffer pour voir les hommes & les chevaux en détail; mais
le Lieutenant-Colonel qui commandoit le corps, lui a opofé la défenfb du
Colonel-général d’obéir à de femblables ordres. M. de Vogué n’a pas cru
devoir ufer d’autorité, pour ne pas le compromettre; & la faute de
cette efpece de pufillanimité, qui n’.eft pas dans, fon caraftere, en eft à
vous, Monfieur le Comte, puîfque, fur d’autres difficultés qui fe font déjà
précédemment élevées, vous avez jusqu’à préfent gardé un filence inquiétant.
Je vous avoue que je n’aurois pas été capable de la-même circonfpeâiQm. Il y
a une loi générale qui donne à tout Officier qui commande, le droit
d’examiner l’état des troupes à fes ordres, & il n’y en a aucune
qtfi l’intérdife. Le fervice de Sa Majesté y eft même |
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|
|
DÈ ^. GÈkMAÎN. *75 fi éffèiïtiélièment intéreiTé, qu’il êftim*
poflïble qùll puillby exifter des côrps qui né foient pas fournis à cette
loi. Quel eft l'homme qui voudrait ainfîeX-pofer aü hôzard {ôn honneur
& fa réputation? Êt fi fon admettait dans un état militaire une
troupe quelconque, qui, fourtiifè à une autorité particulière, fût
indépendante de l’autorité principale, ce ferait une abfbrdité contraire à
tout priri* cipe, qü’il faudrait détruire. Ici tout amour propre, tout
intérêt perfbnnel doivent céder au bien général. J’ai une telle opinion du
Roi, .Monfieur le Comte, que, fi vous voulez faire connoître à Sa Majesté lès
confëqUencês dange-reufes qui peuvent , en réfliltèraü détriment de fon
fervice, je fuis perîùadé qu’elle n’héfitera pas de profcrire de prétendus
privilèges qui ne font fondés que que fur des ufages anciens
& abufive-ment établis, qui dérangent tout ordre & laiflMt
iUbfifter des traces d’une barbarie qui hé peut plus être pardonnable
aujôurtThuL Mais,- Comme le Roi eft |
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S & |
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276 MÉMOIRES du COMTE |
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bien le maître de faire de Tes troupes ce qui lui plaît, qu’il
y eft le plus inté-reflë, tant du côté de fa gloire que de là puiflànce ; fi,
par des motifs que nous devons refpeéter, il veut laiffer fubfifter ces abus,
il faudrait du moins qu’ils fuiTent autorifés par une loi,
& que.cette loi fût connue; mais il fera en,même tems de lafagefTe
du Roi, dans la dilpqfition de fes.troupes, d’envoyer ces Régimens à
privilèges, qui offenfent ôc humilient les autres corps, dans des garnirons
-ou quartiers où ils foient feuls. |
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Seconde Lettre de M. le Comte de Saint - Germain en répon/è aux
deux précédentes. |
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Du 15 Août 177& |
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. Je connois, Monfieur, tous les maux que vous me détaillez
dans phifieurs de vos lettres. Il eft plus aifé de les con-noître que d’y
remédier. J’ai luau Roi le Mémoire que vous m’ayez envoyé. |
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|
;. DË ST. GER'MAIN.'- h? tSccMt d’après
cela que j’ai écrit,“par lès ordres, la lettre circulaire à MM. les Chefs de
Divifions, de laquelle il ne peut réfulter qu’un bon effet Je lui lirai auffi
au. premier travail votre, lettre fur l’événement arrivé à M. de'Vogué; mais
Je doute qu’elle faflè Un - grand effet, parce que M. le’*** foûtient cétie
fatale infubordination; Je batailfetattant que je pourrai. L’état de la
financé mi-litaireeft actuellement bien. Mes bureaux avoient fecrétement
travàfllë à m’embarraflèr par cet endroit; mais ils en font la dupe. Je les
ai enfin purgés , & ils font très - bien compofés actuellement,
c’eft-à-dire auffi bien que cela fe peut dans ce pays-ci. Continuez à me
faire part de vos obfervations, & foyez aflùré qu’il ne tiendra pas
à moi que les chofes n’aillent mieux. Il ne finit pas cependant fe flatter de
les conduire à la perfection;: elle ne fera jamais fur la |
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I |
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Quatrième Lettre; |
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Du 19 .Août i?75. |
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J’ai »vu, Monfieur le Comte, la lettre circulaires que vous avez écrite par or-dre du Roi. Elle ne
produira aucun effqt, &; vous me permettrez de vous obferver que ce n’eft
pas par dçs lettres qubn rétablit l’ordre, mais bien par des exemples,
bailleurs., vous confondez par-là j’irçnoccnt. avec .te coupable. Je pe vois
te pas. quçl .intérêt cm peut avoir de bien frire* Il y a bientôt 40 ans que.
je fers; j’ai;fait deux guerres; j’ai- paffé par tous, les grades; j’ai été à
porté® .de tout voir, de tout examiner; j’ai lq^ étudié des volumes
d’ordonnan-çea, toutes excdkntes & âges; mais je n’^n ai. jamais VU
aucune littéralement Suivie ; pi un prévaricateur .pujffint. puni. D’après
cela il ne faut pas s’étonner fi des 22 divifions il n’y en a pas la moitié
où les loix ibient dans toute leur vk |
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|
DE ST. GËHHAINi '2^ gueut E^îfteroit-ii
donc eh France unie im-poffibilîté pbyfiqüe & morale de faire le bien?1 Et par quelle
fatalité, Moniteur -Je Comte, fous un-Roi doué de tarit de vertus, dans
lequel 8 n’y avoit aü-eunepaffion à combattre, tout éprouve-t-il tant
d’obftacles ? Seroit-ce la foibles-■fè, l’i&âfféfeoee ou la
timidité des ad# wiftrateurs qui en feroit b caufe î Je ne peux non plus me
le perfùader; & je vous avoue que ma raifon s’y perd.' On défobéit
impunément; chacun trouve lé moyen de fe fouftraire à la loi. Tout eft
engourdi; tout languit; rien ne va: plus cle dix objets importans reftent en
fouffrance; &, fi vous n’y prenez garde, il en réfutera un cahos égayant.
Vous vous biffez trop intimider par la force que vous fupofez aux protecteurs
puifïàns; il en réfüke que prefque toujours - lés protégés ineptes
& ignorans Uftirpent les grâces; vous faites par-là uh mal
irréparable par le découragement iÿie vous jetez dans toutes les âmes.
Auriez-vous oublié les charmes de Lau- |
|
|
|
terbach, ou en feriez-vous dégoûté? Dans ce cas-là je vous
avertis. Mon-fleur le Comte, que le vrai moyen d’y retourner dépouillé de
toute votre réputation & de toute votre gloire, eft celui que vous
prenez. Vous vous laiflèz trop intimider par la protection de la Reine; mais
fongez donc que c’eft une Prin-ceffe douée de toutes les vertus, pleine
d’amabilité, de grâces, de fimplicité & de bonté ; qu’il n’eft pas
étonnant fl ion caraétere de bienfailànce l’entraîne à protéger, & quelquefois
fans examen. Soyez certain que, quand vous voudrez mettre vis-à-vis de cette
Princeflè les formes d’attention & de relpeCt qui lui font dus;
quand d’un côté vous lui montrerez le bien & de l’autre le mal,
jamais elle ne vous fera aucune violence. H y a donc à cet égard infiniment
plus de reflburces avec la Reine, qu’avec une autre perfonne puiflànte qui
n’a pas un intérêt aufli direct pour faire le bien, parce qu’elle ne peut pas
fe diflîmuler que fa gloire & celle du Roi ne foient inféparables. |
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|
|
DE ^.GERMAIN. s8t |
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Nous aprochons, Monfieur le Comte, du moment de l’expiration de
nos lettres de fervice, &, comme le premier Octobre nous n’avons plus
aucun commandement, je me perfuade que nous pouvons partir farts avoir befoin
de nouveaux ordres. Mais laifferez-vous les troupes, pendant trois mois, fans
chefs, fans Of-ciers généraux, & fans qu’elles fâchent à qui elles
doivent s’adreflèr dans les différons événemens qui peuvent exifter? je le
penfe d’autant moins, que ce feroit laper les fôndemens de votre édifice
& donner lieu -aux plus dangereux désordres. Je ne crois pas non
plus que votre projet puiffe être de remplacer ceux qui font inftruits par
d’autres qui ne le font pas, qui ne. Croient aucun bien, mais beaucoup de mal
& défbleroient les troupes; il. vaudrait prefque mieux renoncer aux
principes adoptés & rétablir les Ins-pefteurs.
: |
|
|
|
En même tems que je fuis perfuadé, Monfieur le Comte, qu’il ne
peut exister d’armée folidement conflituée, qu’au* |
|
|
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5h MÉMOIRES »ü COMTE |
|
|
|
tant qu’^e fera formée en divifions, je penfe qu’elles ne
peuvent ni ne doivent exifter que dans les provinces militaires
& que toutes les autres troupes placées dans les païs méridionaux 6c
dans les provinces de l'intérieur, difperi&s, éloignées les unes des
autres, pourraient être eonfidérées comme détachées r & quT ferait poffibte de fe borner pour elles i de
fimples iiWpeétions faites par des O tiers généraux avec lefquels elfes
conti-hueraient à avoir une relation par écrit, feuf à changer ces Officiers
généraux fui-vant qu'on le jugerait néceflaire au bien du fervice. Ce fyftême
très-économique, s’il étok adopté, réduiroit les divifions i 12, favoir, Deux en Flandres & dans
le Hainaut; une en
Picardie & Artois: Deux dans les Evêchés ; une en Lorraine y Deux enAliàce; une en Franche-Comté-& Bourgogne; une en Bretagne
& Normandie; une en Dauphiné & Provence; enfin une ph Corfe. En ‘r^ant enfuitê
le fervice dé maniéré àemployèr trois Maréchaux de camp dans cbaèune de ces
dîvalons. |
|
|
|
U en péfulterbit qu’A y suroît 1 a Lieu-tenans généraux
& 36 Maréchaux de camp dans une activité réelle & utile.
Quant à ceux qu’en chargerait de fins-peéHon des troupes non endivifionées,
deux Lîeutènahs généraux & quatre Maréchaux de camp y IbffiraienL De
ce 1er vice, à la vérité moins inftruétif, mais qui leur taifleroit cependant
une affez grande relation avec les- troupes, ils pas-feroient, s’ils’ le
méritoient par leur zélé & par leurs fetens, aux places qui va-î
queroient dans-les divifions <^& feraient remplacés par-d'autres thés
de la claffe de ceux qui nWroient pû être employés. |
|
|
|
Mais, ëoi&foè l’objet- principal de la formation dès? divifions doit être
le ras-fèmblement dés troupes, afin de les habituer à mantétivrer en grand,; je meper-foade ques vous vous
déterminerez- à rétablir dans, le réglemënt te droit qu’on av^cru nëcefeite
dé donHenaux Lieu-terians généraux j de réunir leurs divifions dans des
eahtonnemens, du vingt Août au vingt Septembre de chaque «méer |
|
|
|
& les troupes de la même province tous les deux ans aux
mêmes, époques, fans qu’il foit nécefiaire de leur expédier d’autres ordres.
En donnant enfuite pendant ce mois d’exercice , des lettres de fer vice, fans
apointemens, à ceux des Maréchaux de camp qui les defireront, en quelque
nombre qu’ils foient, & en les employant pour ce moment-là près de
ces divifions , vous leur procurerez le moyen de s’inftruire fans qu’il en
coûte rien au Roi, & vous feriez auffî à même de juger de leur
aptitude au fervice; mais il faudroit. leur défendre toute efpece de dépenfe.
Le Général commandant en chef feroit chargé de les nourrir. |
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Après vous avoir ainfi communiqué mon opinion, Monfieur le
Comte, fans autre intérêt que le bien & le fuccès de vos
entreprifes,j’ofe prendre la liberté de vous faire une queftion qui me
regarde perfon-neUement, & fur laquelle il m’importe infiniment que
vous ayez la bonté de me répondre ppfitiyement, pour que je puiffe prendre
mes anangemens en conféquençe. |
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DE ST. GERMAIN. 285 |
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J’ai fait une dépenfe allez confîdérable pour monter une maiïbn
& acheter des chevaux; fi en partant d’ici je ne fuis pas infiruit
de ma deftination pour l’année prochaine, je ne fàurai quel parti prendre
relativement à mes équipages; fi je les laifle dans ce païs-ci
& qu’enfiiite je ne fois point employé, ou que ma deftination me
porte ailleurs, je me verrai très-èmbàrrafl& -Si, au contraire, dans
cétte incertitude, je les envoyé à Paris, & que les ordres du Roi me
ramènent en Alfàce, je ferai expofé à des dépenfes& à des fiais que vous
pourriez m’éviter, & qui d’ailleurs dérangeroient ma fitua-tion;
mais la moindre ignorance fur ce point me rendroit la grâce que le Roi m’a
faite trës-ruineufe: il feroit donc dé votre bonté & de votre
juftice de me prévenir affez à tems pour que je ne Ibis’ pas expofé-à ces
inconvéhiens ; je vôü$ promets le plus fidele fecret, fi vous le jugez
nécefiàire. |
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^6 MÉMOIRES »u COMTE |
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Troifieme Lettré de M. le Comte de Saint Germain, en réponse à
la précédente. |
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Du 4 Septttüte i^. |
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Vous me marquez toujours» Mon* fleur, qu’il y a des divifions
où les ordonnances ne s’obfervent pas; mais il ferait bon de les nommer, car
je ne puis remédier à un mal dont je ne connois pas pas les auteurs; vous
pouvez compter fur toute ma difcrétion. Vous avez un ouvrage ou des mémoires
fur les délits & les peines, voudriez-vous avoir la bonté de me
l’envoyer. |
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Je tâcherai de vous employer encore & à-peu-près où
vous êtes; mais, comme le travail, n’eft pas encore fait» & qu’il
faut toujours confulter laiwarfe, je ne puis encore vous rien marquer de |
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DE S». GERMAIN. 287 |
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CinquiemeLettre en répliqué à la prit cémente. |
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Dn.w Stpttmbrt
177#. |
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Ce que j’ai eu l’honneur de vous mander, Moûfieur le Comte,
n’eft fondé que fiir tes bruits publies; mais j’en aurois h certitude
& plus évidente que je ne vous nommerais jamais perfonne. Il n’eft,
ni dans ma façon de penfer, ni dans mes principes, d’être un dénonciateur.
Vous pouvez employer tout autre moyen pour découvrir la vérité/ fi vous la
cherchez, & fi en effet vous' croyez avoir la force & le
pouvoir de punir. Mais il faudrait en même tems aufli diftinguer ceux qui font
bien, & jufqu’ici rien ne nous annonce que vous vous occupiez de ce
foin. Si vous ignorez le mal, vous favez du moins le bien, de la diftinétion
de ceux qui ont mérité qu’on en dife d’eux, ferait peut*’ être un
avertiflèment pour tes autres. |
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Il eft vrai, Monfieur le Comte, qué j’ai travaillé fur les
délits & les peiottv |
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Je crois mon ouvrage bien fait & dans vos principes;
mais il ne feroit pas du goût de tout le monde, & on le
déna-tureroit encore comme on a fait de mes autres ouvrages; il en
réfblteroit un nouveau monftre. On a trop d’habileté à vous entraîner dans
l’erreur fous le fpé-cieux prétexte du mieux, qui eft toujours l’ennemi du
bien; &, en vous écartant ainfi de toute méthode, on vous empêche de
parvenir à votre objet C’eft vous tromper lâchement, Moniteur le Comte, que
de vous dire que le Roi a une armée; par les moyens que l’on prend il n’aura
qu’une infanterie foible & aucune cavalerie. Vous ne croirez pas
cette vérité: on vous dira que je vois noir; mais elle vous fera démontrée
par les effets, & il ne, fera plus tems alors d’y remédier. .
Détruire fans ceflè des loix fagement promulguées par des lettres, c’eft les
dégrader, & affaiblir Je refpeâ: qu’on leur doit D ne faut pas
répéter à tout moment la pas-qpigade des Aide-Majors de cavalerie & |
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DÈ ^ GERMAIN* 589 |
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& de Dragons qu’on a d’abord dépouillés des droits que leur
donnoit l’ordonnance, & rétablis enfuite, parce que cette derniere
décifion intérelToit le fort du frere d’un commis des bureaux. Cette
obfervation n’a échapé à perfonne, & j’en ai été affligé pour vous. |
|
|
|
Si je ne reçois pas de nouveaux ordres , Monfieur le Comte, je
partirai d’ici le premier Octobre, parce que ce jour-là mon activité ceflè;
mais j’y lais-ferai mes équipages , puifque vous voulez bien me faire efpérer
d’y être employé. Je vous prie de vous fouvenir que je déliré de relier Ibus
les ordres de M. le Prince de Beauveau, qui, de tous les Lieutenans généraux
qüe vous avez employés, mérite le plus votre reconnoilTance par les Ibins
qu’A a pris pour ftire obferver les loix de faire res-peûer l’autorité du
Roi. |
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T |
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OBSERVATION. |
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Il y ft aparence qu’il n’y a point eu de réponfe à cette
lettre; du moins nous n’en-avons trouvé'aucune minute. Nous n’avons pas
trouvé non plus dans les papiers qui nous ont été confiés, celle à laquelle
la lettre d'e:
M le Comte de Saint Germain qui fuit paroît répondre, |
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Qfâtvjew fyt???. de M. le Comte de |
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En date du 13 Septembre ift6. |
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jJ^éga malheureux de la finance, Mon-£1^ a été la feule çaufç
qui a Jàk ftiprimer pouruntems les compagnie auxiliaires.. Banmere t’a K6e-
dans te plus grand défordrç,ôç il,.feu?: quelque» tems pour la remettre. Je
ne puis pas même, par la même raifon, continuer la quantité de remontes qu’il
m’avoit alluré que je pouvois faire. L’armée |
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Ï)E St GERMAIN. 291 |
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fera - augmentée de 18 à loôôo hommes; c’eft tout ce que l’on
petit opérer cette année ; on verra de mieux faire dans la fuite j mais il
faut de l’argent. Vous n’avez vu d’autres variations que celles que la
finance a forcé de faire j & de ce côté-là on m’a joué tous les
mauvais tours poffibles; mais à préfent j’ai un homme fûr & du
premier mérite, & nous ne marcherons plus que la balance à la main.
Vous donnez trop d’importance à des bagatelles. La compagnie auxiliaire ne
fait pas la conftitu-tion; elle y eft très^acceffoire, & n’eft
proprement néeeflàire qu’eri tems de guerre. 11 faut de préférence augmenter
l’armée; &, dans un cas de befoin, j’ai en mains de quoi former tout d’un
coup les compagnies auxiliaires. |
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Pendant que j’étois à Paris la Reine écrivit de main propre au
Prince de Montbarey pour demander Arras pour le Régiment de.......... il ne
put le lui refufer. Nous avançons toujours , mais pas ,à .pas & à
travers les ronces. |
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‘ T 2 |
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292 MÉMOIRES du COMTE |
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Vous croyez dans vos provinces qu’il n’y a qu’à dire: fiat lux & fafta eft lux; il n’en eft afTiirément pas ainfî. Je reçois toujours vos
lettres avec plaifir. |
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Sixième Lettre écrite de Betfort. |
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En date du 25 Septembre
1176. |
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Je fuis venu ici, Monfieur le Comte, avec M. le Prince de
Beauveau qui y a reçu fà lettre de rapel, ainfi que M. le Duc d’Ayen.
J’ignore encore qud fera mon fort, je le (aurai vraifemblablement à mon
retour à Seleftadt; mais, quel qu’il puifle être, il m’eft impofiible de vous
cacher que les ennemis du bien vous ont porté à admettre une méthode abfurde
& deftruétive de toute émulation. Je n’y reconnois ni votre
fagacité, ni vos lumières. Quelle confiance voulez-vous que les troupes
prennent dans des Officiers généraux qifi ne font que des aparitions,
& qu’on remplace l’in-ftant d’après par d’autres qui fouvent |
|
|
|
DE St
GERMAIN: 293 n’ont ni les mômes connoiflànces, ni le même zde? C’eft les
expofer à un ba-1 otage défolant pour elles; c’eft en un mot anéantir toute
leur confîftance. Il femble en vérité qu’on ait confpiré la ruine du
militaire françois ; mais je remets au moment où j’aurai l’honneur de vous
voir, à vous parler avec plus de vérité & de franchife encore. |
|
|
|
Je vois avec une extrême douleur, Monfieur le Comte, que
l’intrigue & la faveur prévalent plus que jamais fur les droits que
peuvent donner les fer-vices; que ces monftres que le Maréchal Dumuy avoit
enchaînés avec tant de courage, font de nouveau en liberté; qu’ils
envahiflènt les récompenfes & les grâces, & que nous fommes
ramenés aux tems malheureux où il y avoit plus à gagner à valter dans les
antichambres de Verfailles, à ramper , aux pieds des Grands, qu’à efluyer des
coups de fu-fils & à fervir utilement. Vous venez de montrer , à
tous les militaires que les décorations font le prix de l’ineptie. Ah! |
|
|
|
Monfieur le Comte, ce n’eft pas fous votre miniftere qu’on
devoit craindre un fi dangereux exemple & une complai-fance fi
deftruftive de toute émulation. Vous n’aviez que l’intérêt de la juftice
& de votre gloire, & c’eft celui-là que vous abandonnez
pour accélérer votre perte. Tout le monde vous cache peut-être ces vérités;
mais mon attachement me force à vous les dire. Si je penfbis moins noblement,
moins loyalement, je vous les cacherais auffi, & mon intérêt pourroit
s’y trouver; mais tout ce qui m’eft perfonnel doit céder au bien pour lequel
je ferai fiirement encore longtems des vœux impuifTans. Je vous fuplie de
regarder tout ce que je prends la liberté de vous dire, comme le dernier
efibrt de mon courage & de mon amitié, dont je vous ai donné des
preuves non fufpeftes dans toutes les fituations de votre vie. |
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DE - ST; (ÆKMA» à$$ |
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|
CmçaKnig Lettre deM. le Comté de St. Germain, en réponfe à la
précédente. |
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· • En doit du sp Septembre iTjG. |
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|
je vois, Monfieur, par vos différentes lettres,
& fùrtoüt par celte du £$, que vous ne doutez pas que Dieu ne vous
ait fait feul & unique dépofitaire de toute la prudence
& de toute l’habi» leté humaine. Malgré cette haute pré* tendon,
permettez-moi de vous donner un confeil; le voici* La fàgefiè modeste,
véritable apanage de l’homme fupé-rieur, & qui fera toujours la
marque du vrai mérite, veut que l’on rempliffe avec diftinftion les devoirs
dont on eft chargé , permet même des avis quand ôn les demande; mais défend
la démangeaiïbn de fe mêler de tout fans vocation, & iur-tout celle
de s’ériger de ià propre autorité en ariftarque amer de fes fupérieurs
& de tout le genre humain* |
|
|
|
Septième Lettre en répliqué à la fré* çèdente. |
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|
|
En date du 6 Oftqhre 177®. |
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|
|
H ne faut pas, Monfieur le Comte, avoir un grand mérite ni
<tes talens bien brillans pour être vivement affeété des opérations fi
deftruflives de toute émulation & de tout bien. Mais il faut un
grand devoument au bonheur de & patrie pour avoir le courage de dire
tant de vérités; & U faut au moins autant de yertus pour |es écouter
avec bonté & patience, en faire fon profit, & échaper par
ce moyen au danger de l'adulation & de la flatterie, qui érigent des
autels aux injuftices & temiflent toutes les réputations. Vous me
démontrez, Monfieur le Comte, d’une maniéré très-évidente que Dieu ne m'a pas
départi toute la prudence ni toute l’habileté humaine, & que fnrtout
je peux quelquefois me tromper fur l’opinion que méritent les boni’ mes ;
aufli autant que jufqu’à préfent je vous ai été importun, mais quelquefois |
|
|
|
DE S’. GERMAIN. 297 utile & très-utile,
autant je prétens être déformais dilcret & inutile. Je veux fur-tout me borner à l’apanage que
vous as-fignez à la iàgefle modefte, & dont heureufement je fuis en
poffdEon depuis près de 40 ans que j’ai l’honneur de fer-vir le Roi. C’eft une de ces propriétés
qu’aucune autorité ni aucune puiffince ne peuvent me ravir & que furement vous ne me conteftez
pas. |
|
|
|
OBSERVATION, |
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|
|
Il parolt par la date des autres lettres & celle des
njinutes des réponfes de M. le Comte de Saint Germain, qu’après çe choc
violent la correlpondance entre cet Officier général & ce miniftre
s’eft ralentie, puifque, depuis le fix Octobre, date de la précédente,
julqu’au vingt Novembre, nous n’avons trouvé aucune lettre de part ni
d’autre; quoiqu’il pa-roiffe par une réponfe à une lettre de recommandation
que la colere de M. de Saint Germain fût apaifée. |
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T 5 |
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|
Huitième Lettre» |
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|
Du 20 Novembre
ij^ |
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|
M. le Baron de Béthune d’Hesdt-gneul,
Moniteur le Comte, qui aura l’honneur de vous préfenter cette lettre, étoit
Officier des Gendarmes de la Garde & a perdu ion état par la
réduction de ce corps. C’eft une jeune homme auffi
intéreflànt par là naiflànçe que par ion mérite,
& que je vous ai vu l’année dernière très-difpofé à remplacer
promptement. On parie d’un mouvement prochain, & je viens réclamer
vos bontés pour lui. |
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|
Sixième Lettre de M. le Comte de St. Germain, en réponfe à la
précédente. |
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Du 29 Novembre Ift6. |
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Ce fera avec, bien du plaifir, Moniteur, & de
l’eropreiTement, que je travaillerai à faire employer M. le Baron |
|
|
|
de Béthune d’Hesdigneul. L’intérêt que vous y prenez eft pour
moi une raifon bien forte pour ne le pas perdre de vue. Je vous prie d’en
être aufli perfoadé que, du fincere & inviolable attachement,
&c. |
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|
Neuvième Lettre. |
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Du a Décembre 177$. |
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|
Je pente, Monfieur le Comte, que je vous oblige & vous
rends fervice en mettant fous vos yeux fefituation inquiétante où te trouve
M; de Guelb, votre compagnon d’armes, votre ami fidele dans toutes les
circonftancés de votre vie. Vous connoifféz mieux que perfon-ne tes talens
pour la guerre dont vous avez fi fouvent fait un ufàge utile; vous connoiflèz
aufli fà loyauté & fon défin-téreflèment; vous ne pouvez pas non
plus ignorer le malheur & la détreflè dans lefquels il languit
depuis fi longtems. Je fais que vous avez fouvent blâmé les |
|
|
|
Minières, vos prédécefleurs, de l’oubli qu’ils failbient d’un
Officier de ce mérite. Aujourd’hui que le fuprême pouvoir eft dans vos mains,
vous expoferez-vous aux mêmes reproches? vous feriez dans ce cas-là mille
fois plus coupable qu’eux. J’ai trop bonne opinion de votre cœur pour le
craindre. Mais, Moniteur le Comte, comme dans la multitude des détails dont
vous êtes iàns ceffe accablé, les intérêts de votre ami peuvent vous échaper,
je dois vous en faire ibuvenir. Vous ne fongerez furement pas fans effroi
que, s’il arrivent malheur à cet honnête homme, fà veuve & fes
enfàns feroient dans le cas de demander l’aumône; vous imprimeriez par-là fur
votre vie une tache ineffaçable; vous pouvez à très-bon ' marché diffiper
cette crainte & donner à |
|
|
|
M. de Guelb la plus douce coniblation en augmentant fon
traitement de 3000 », & en le rendant reyerfible fur à femme
& fur fes enfans, tout le monde aplau-dira à cette grâce; &,
comme cet Officier général a près de vous un avantage |
|
|
|
DE S*.
GERMAIN. 301 qu’il n’aura jamais près d’aucun de
vos fucceffeurs, qui eft, que vous pouvez attefter tout le bien que vous
direz au Roi ex vifay
il feroit bien difficile, avec les fentimens de juftice & de
bienfaifance qui font dans le cœur de Sa Majesté, qu’elle s’y reftifât. Je
penfe, au contraire, que tout ce que vous ferez dans le cas de dire dans
cette occafion vous honorera autant que M. de Guelb même. Je regarde comme un
de vos devoirs les plus eïfentiels de juger les hommes fans intérêt,
fanspaffion, fans prévention, & d’en donner au maître l’opinion
qu’il doit en avoir. Ce feroit une véritable grâce que vous me feriez a
moi-même en me donnant le plaifir d’anoncer une fi bonne nouvelle à M. de
Guelb, qui ignora parfaitement la démarche que je me fuis permis de faire
près de vous. |
|
|
|
Septième Lettre de M. lè Çofçte de Saint Germai» en répenfe à
la précédente. |
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|
Du ii Décembre 1776. |
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Je ne luis pas ici, Monfieur, pouf fuivre les penchans de mon
cœur, payer aux dépens du Roi mes amitiés particulières ,
& favorifer les unes & les autres félon mon goût
& arbitrairement; j’y dois remplir des devoirs aufteres, & c’eft
la flûte du ferment que j’ai fait au Roi. M. de Guelb que j’aime tendrement
& efti-me beaucoup, ne s’en eft pas retourné comme il eft venu; il a
été payé d’une ancienne prétention, à la vérité jufte, qu’il follicitoit
depuis longtems inutilement Il éprouvera encore dans la flûte de dans
l’occafion des preuves de lafatis-faftion que le Roi a de fes fervices,
& cela non parce que je l’aime, mais parce qu’il a bien fervi
& qu’il eft en état de bien fervir encore. |
|
|
|
DE S*; CERMAIK 303 |
|
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|
JDixieme Lettre en réplique à la précédente^ |
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· - Dm i^^Décmbrf 17701 |
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|
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Je refpeâ», Moniteur le Comte» vos principes & le
feraient que vous avez, fait au Rqç. Je fuis, feulement- affligé de voir que
vous vous: y foumettez avec une févérité- déplacée* lorlqu’il eft ques* tion
de vos amis ou de vos païens ; mais que vous oubliez & vos
principes, & votre ferment, quand il s’agit d’une per-fonne
puiffante ou puiflamment protégée. Quelque choie que vous euffiez fait pour
M. de Guelb, vous n’auriez, manqué ni à l’un im à l’autre II eft dans une
teHq fîtuation & il a des fervices qui partent, fi fortement pour
lin, que fi fon enpemk étoit chargé du département de la-guerre»;
& qu’il fflt jatte, il feroit forcé de feire. ce que je vous ai
demandé pour cet Officier général. Au refte, il m’eft bien difficile,
Monfieur le Comte, quapdje jette un coup d’oeil , fur le tableau/des |
|
|
|
grâces qui ont été distribuées, d’y trou* ver aucune trace de
ces principes ; mais les Minières croyent qu’ils fe juflifîent par la volonté
du maître. Us fe trompent, parce que tout le monde eft auffi convaincu que
moi, que fi jamais la vérité à ofé-_aprocher des Rois, c’eft notre jeune
Monarque qui eft capable d’en donner l’exemple. Toutes les vertus qui forment
les grands Princes, font dans fon ame, & il me femble que, fi
j’étois en fitua-tion d’être interrogé par lui, j’auroisplus de courage à lui
dire la vérité qu’à un fimple particulier. Je ne puis même vous cacher,
Monfieur le Comte, que ce fontiment pour ce Prince eft fi bien gravé dans
tous les cœurs, & cette opinion fi fortement imprimée dans toutes
les têtes, que, loriqu’on voit des effets qui les contrarient, on accule la
pulillani-mité & la foiblelfe des adminiftrâteurs. On les foupçonne
violemment d’être trop fervilement attachés à leur exiften-ce,
& furement vous ne voulez pas mériter ce foupçon. . |
|
|
|
OBSERVATION. |
|
|
|
DE S1. G‘ERMAIN. 305 |
|
|
|
O B S E R V A T I O N. |
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|
|
il paroît que cette correipondance a été de nouveau interrompue
par cettè lettre. On ne trouve aucune minute de réponfè, ni même aucune autre
lettre écrite depuis le dix huit-Décembre 1776, date de celle-ci, julqu’au
douze Avril 1777, Qui eft fins doute la derniere, & à laquelle
vraiièmblablement on n’a fait aucune réponfe. Nous allons donc finir cet
ouvrage par cette lettre fameu-fe. Nous avons trouvé auffi nombre d’autres
lettres particulières qui ont été écrites à M. le Comte de Saint Germain dans
le cours de fon miniftere par d’autres Officiers généraux ou Officiers
fiipé-rieurs; mais elles font en général fi peu intéreflàntes
& renferment des vues fi peu utiles, que nous n’avons pas cru devoir
les raporter ici. Il y en a d’ailleurs quelques-unes qui pourroient humilier,
offenfer ou bleffer des perfonnes |
|
|
|
qu’on doit refpeéter. Nous penfons qu’on n’improuvera pas cette
modération & cette circonfpe&ion. |
|
|
|
Onzième Lettre à M. le Comte de Saint Germain. |
|
|
|
Du la Avril 1777. |
|
|
|
L’intérêt que je prends encore, Mon-fieur le Comte, non à votre
exiftence dans la place pénible que vous occupez, mais à votre réputation,
m’enhardît de nouveau, fans m’effrayer du danger même de vous déplaire, à
mettre fous vos yeux des vérités que peut-être tout le monde vous cache,
& qu’il n’apartient qu’à un attachement courageux de vous révéler.
Je vous fuplie feulement de faire attention que je parle à vous feul,
& j’es-pere de votre probité le fecret le plus inviolable. |
|
|
|
Vous êtes arrivé, Monfieur le Comte, avec une réputation
édatante que cinquante années de vertus & de talens conftatées vous
avoient méritée. La Fran- |
|
|
|
DE ST. GERMAIN. 30? |
|
|
|
ce vous regardoit comme Ton Ange tuté* laire, & ‘le
militaire efpéroit de vous tout ce que dévoient naturellement lui promettre
vos fervices diftingués, vos lumières & votre longue expérience. Les
opinions vous étoient fi favorables, qu’il n’y avoit pas un fèul individu qui
ofât feulement penfer à opofer la moindre réfiftance à vos volontés,
tellement on étoit perfuadé de l’excellence & de l’utilité de vos
principes, de votre caractère ferme & invariable. Ces principes qui
ont fait le fujet de mon admiration, étoient confîgnés dans votre mémoire,
d’après la lefture duquel le Roi vous avoit apelé près de lui; les
imaginations françoifes, toujours vives & ardentes, alloient
au-devant de la grande révolution qu’elles attendoient; chacun avoit formé
fon plan, fans que cependant le vôtre pût être deviné, & jamais rien
n’auroit été connu, fi vous n’aviez pas commencé votre réformation en détail.
C’étoit fonner le tocfin & avertir tous les mal-intentionés de fe
liguer pour la con- |
|
|
|
trader. Vous n’avez pas voulu fentir, Monfieur le Comte, que
cette grande opération demandoit à être conduite avec le même fècret
& la même habileté, que la profcription des Jéfuites en Efpagne.
Tout auroit infailliblement alors fécondé vos vœux & vos defïrs;
vous auriez étonné. Le refpeft, le filence & la fou-million en
auroient été les effets. Cependant cette erreur & ce défaut de
méthode dans votre marche, vous prépa-roient de grands embarras & de
terribles obftacles à vaincre, dont à la vérité votre courage n’auroit pas dû
être effrayé, fi ce noble défintéreflèment qu’on croyoit dans votre ame,
avoit pu vous porter au fàcrifice d’une exiftence qui ne pouvoir avoir plus
rien de fatisfaifant à vos yeux', dès qu’il vous étoit impoffible d’arriver à
votre objet. Quoi qu’il en foit, le premier mal s’eft manifefté par votre
'opération fur la maifon du Roi. Mais ce mal eft devenu bien plus grand par
l’effet qu’il a produit fur la Gendarmerie, les Carabiniers & le^
autres corps |
|
|
|
privilégiés. Les fenfàtions de cette incon-féquence dans votre
conduite fur les opinions , alloient toutes à la defiruftion de votre
réputation. Quelqu’-affligeante que fût dès lors votre pofition, il étoit
poflïble d’y remédier encore,.fi ce même jour vous n’aviez eu la foibleffe de
vous aflb-cier un homme élevé dans des préjugés contraires à vos vues,
& dont le principal objet devoir être de fe former un parti affez
puiffant pour l’élever un jour à votre place. Mais le plus grand mal que ce choix
a produit, c’eft d’avoir aporté un obfta-cle invincible à la création du
Confeil de guerre dans le tems que vous-même, dans le premier principe de
votre grand mémoire, vous en établifliez la néceffité indifpenfable en
France, & qu’en effet il n’y avoit que ce moyen d’imprimer de la
fiabilité à tout ce que vous vous pro-pofiez de faire, & de raffurer
tous les militaires fatigués & rebutés des perpétuels changemens
dont ils n’ont ceffé d’être tourmentés depuis plus de 30 ans. Cette certitude
feule fuffifoit pour con- |
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3io MÉMOIRES nu COMTE |
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foler ceux qui y auroient perdu leur exi-ftence & leur
état. Cette contradiction avec vous-même, Monfieur le Comte, a dû
néçeflàiremeQt jeter dans le cœur du'Roi une défiance très-dangereufe
& très - nuifible; & je me rapelle parfaitement que, dès
cette époque, Sa Majesté s’eft mife en garde contre toutes vos propofitions :
& moi, j’ai dès lors defefperé de vos fuccès. L’irrégularité / de
votre marche nous a donc plongés I dans le cahos où. nous fommes,
& notre | fituation eft d’autant plus effrayante que l’indifcipline
& l’infubprdination font parvenues à leur comble; qu’il n’y a plus । aucune autorité aétive;
que les punitions font dénaturées; que le vice eft triom- I phant
& impuni ; que la vertu eft opri-mée & languit fans
récompenfe; que ' plus ce militaire qui vous refpeftoit, avoit droit
d’attendre de vous, plus il eft defefperé & révolté de fe voir
trompé dans fes elpérances. Il en réfulte que le dégoût eft fi univerfel, que
tous les Officiers, même les plus zélés, cher* |
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îCJi' DE S’. GERMAIN. 311 |
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penchent à fe fouftraire à leurs férvices, ck qu’ils inventent
& propofent toutes fortes ii.de moyens d’abandonner un métier qui
fe; leur déplaît, parce qu’il ne leur préfente E que des humiliations & rien de fatisfai-;;;fant; que ce même ,
dégoût le commu-ç, nique d’eux aux Soldats, qu’on ne peut K plus parvenir à les
rengager, & qu’on ^ éprouve même les plus grands obftacleS ^ à
recruter les corps. L’armée qu’on es-j péroit donc de vos foins, n’exiftera
que j. dans vos ordonnances, & dans la réalité le |
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■ Roi n’en aura point. Les freres de Sa . Majesté qui
vont voyager, verront par eux-mêmes ce tableau effrayant, & les •
Courtifàns qui les fui vent, ne feront que |
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, trop empreflës à le leur faire remarquer |
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& à en groflïr les objets. Il eft aifé de voir, Monfieur le
Comte, quelles feront les conféquences dangereufes qui en ré* fulteront pour
votre gloire, votre réputation & votre exiftence. Je lais que ce
dernier point vous intérêt peu; mais il n’eft pas poffible que vous foyez
aufïï indifférent fur le premier. |
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Après vous avoir peint tous les maux qui accablent dans ce
moment-ci le militaire françois, en adouciflànt ce récit fâcheux autant que
j’ai pu le faire fans affaiblir la vérité, permettez-moi de vous propofer les
moyens de faire disparaître tous ces maux. Ils font fi fim-ples, fi fort dans
vos principes, qu’il me paroît impoflible que vous vous y refufiez. |
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Chargez trois perlbnnes bien inftrui-tes, Monfieur le Comte,
bien fideles, dévouées à votre gloire & au bien, de s’occuper dés
cet inftant dans le plus grand fecret & le plus profond filençe, à
raflèmbler dans un Code toutes les Ordonnances, Réglemens, Edits,
Déclarations & Lettres interprétatives concernant les gens de
guerre, d’après le plan qu’ils vous propoferont, ou que Vous aurez dreflë
vous-même. Dans cette nouvelle rédaction des ordonnances on élaguera tous les
articles prouvés vicieux ou impraticables; on y ajoutera ce qui peut avoir
été oublié, & on modifiera les loix qu’on jugera en avoir |
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beibm. Par ce moyen vous imprimerez à votre conftitution le
fceau de la fta-bilité ; & enfuite, en ne fouffrant plus ni
queftions, ni infractions, ni exceptions, ni interprétations, vous impofe-rez
un filence profond à tous ceux qui avec tant de railbn ie plaignent
aujourd’hui, & crient au defordre & à l’in-conféquence.
Mais, Monfieur le Comte, prouvez en même tems au Roi, & vous le
pouvez, par un état bien détaillé & bien rationné, qu’avec les mêmes
fond que vos prédéceflèurs, vous faites le fervice du département de la
guerre, quoique vous ayez augmenté les apoin-temens des Officiers, la folde
du Soldat & l’armée de plus de 18000 hommes, & qu’en outre
vous procurez par vos opérations un foulagement de près de quatre millions au
Tréfor royal. Cette vérité que peu de perfonnes lavent, a été prouvée
& démontrée à M. Necker qui n’a pu en difeonvenir. Par ces divers
moyens vous difliperez une cabale puis-fànte & aétive qui s’acharne
à votre perte & à la deffruCtion de votre réputation. |
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Songez fuitout que vous n’avez pas un inftant à perdre,
& qu’il eft eflèntiel que vous traitiez direétement vis-à-vis du
Roi, ces grands objets. Voilà mon dernier mot, Monfieur le Comte, mèn dernier
vœu ; il m’eft inipiré par le plus 'ardent defir du bien. Je n’y ai aucun
intérêt perfonnel; je ne prétends pas même à la gloire d’y coopérer. Je me
contenterai de celle d’avoir relevé votre courage trop abattu, & de
jouir avec tous les militaires des avantages qui en réfulteront. Peu m’importe
d’où puiflè partir le bien, pourvu que le bien fe faflè. Jamais la haine,
l’amitié, la paffion ni la prévention n’ont eu aucun empire fur mon opinion,
quand elle pouvoit intéreflèr le- fervice du Roi. - Si vous dédaignez donc
d’écouter ma courageufe vérité, je me bornerai vis-à-vis de vous au plus
abïblu filence; mais faites bien attention du moins que fi le défordre aétuel
fiib-fifte, vous n’aurez pas même la reflbur-ce de l’affligeante
juftification de vos pré-fléceflèurs, d’avoir ignoré la
vérité, puis* que je n’ai ceifô de vous la dire.
F in. |
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T A B L E. |
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ALPHABETIQUE DES MATIERES. |
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A. |
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Armée. Proportions qu’il doit y avoir entre la cavalerie
& l’infanterie dont elle eft compofée," p. 173. On doit
toujours avoir en réferve des hommes, des chevaux &c. pour remplir les
vuides qui s’y font néceflàirement, 182. Avantages d’une armée complette fur
celle qui ne l’eft pas, ibid. Elle doit former des divifions en tems de paix comme en tems
de guerre, 236; être toujours prête à entrer en campagne au premier ordre,
237. Trente millions fuffiroient pour l’entretien d’une armée de 225000
hommes, infanterie, cavalerie, &c. 238. Les mau-vaifes mœurs
& l’itreligion en doivent être proscrites. 239. Un moyen d’y
entretenir les bonnes mœurs. .240. Conduite qu’elle doit tenir dans le pays
ennemi quand elle eft viftorieufe. 253. |
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Au b an (M. de St.) avec des talens & de l’expérience
eft trop attaché aux anciens ufages, 56. |
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Aumôniers. Pour en avoir de bons, il faut leur faire un bon
traitement, 42.. Ils devroient avoir à leur tête un fupérieur qui veillât à
leur conduite, 240.
. |
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A y en (le Duc d’) un des huit Maréchaux de camp le plus en
état de bien remplir une des places affectées à ce grade dans le Confeil de
guer-te s 11&
,
, . . . |
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B B. |
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anniere a laiffé la finance dans le plus grand défordre, 290. |
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Bas-Officiers (les) perdent de leur ccnfidé-ration pour être
trop multipliés, 75. Leur médiocrité vient de la même caufe, ibid. |
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Beauveau(1cPrince de)devroitêtrechoifipour Préfident du Confeil
de guerre, 110. Ses qualités éminentes, ibid. On peut pour cela le faire Maréchal de france, fans faire
des mécontens, 111. |
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Brassière (M. de la) Officier d’un rare mérite & d’une
expérience confommée, 265. |
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Brigadiers. C’eft parmi eux qu’on doit choi-fir des Maréchaux
de camp, 123. |
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Brogl ie (le Comte de) eft un homme à grand caraûere, 112 £f jiiiv. le fait haït des lâches
& des ignorans qu’il nomme par leurs noms, 113. |
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Bureaux (les) font bien compofés; la plupart des chefs font des
hommes de mérite, 58. |
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p C |
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Vampemens. Méthode vicieufe dans la
maniéré ordinaire de camper ,241. Autre méthode plus militaire
& plus fûre, ibid. & fuiv. |
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Camp y. (M. de) M. de St. Germain en fait une diftinétion
marquée, 58. |
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Capitaines; Les commiffions de Capitaines en finance aviliffent
ce grade, jj. De grands Seigneurs ont fervi en cette qualité fous M. de
Turenne ,72. |
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Castries (M. de) excellent pour être membre du.Confeil de
guerre, 119. Ses grandes qualités, ibid. & fuiv. |
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Cavalerie, (la) Le moyen de l’avoir excellente, c’eft qu’elle
foit compofée d’un même nombre d’hommes & de chevaux, en tems de
paix comme en tems de guerre, 7(5. Le Roi n’en aura point qu’il ne change fa
méthode de nommer aux compagnies, 77. Tous les régi-mens doivent être
également compofés, 179. X/eicadron ne doit former qu’une troupe fous un
chef, 181. Il féroit bon qu’il y eût dans chaque régiment une compagnie
auxiliaire, 182. Com-pofition de l’Etat major, 191. De la compagnie ou
efcadron colonel, 192; de la compagnie ordinaire, 193. Changemens à faire
dans les armes de la cavalerie, 203 & fuiv. |
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Cazernes. Les Soldats ne devraient les habiter que l’hiver,
235. Ils perdent de leur vigueur d’être ainfi entaffés. ibid. |
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Chamissot (lé Comte de) horriblement calomnié
& perfécuté pour avoir eu le courage de propofer le plan qu’on fuit
aujourd’hui dans les vivres, 31. |
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Chasseurs, fubftitués aux troupes légères, 176. Chaque régiment
doit avoir une compagnie de ChafTeurs affujettis à la même difcipline que les
troupes réglées, 177. |
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Choiseuil. (le Duc de) Ses grands talens pour exciter le zele
des Officiers, 265. Le militaire plus inftruit fous fon miniftere que fous
ceux de fes prédéceffeurs & fucceffeurs, 266. |
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Colonels. On ne peut être trop févere & trop impartial
fur leur choix, 45. Il y a plus de dé- |
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|
bouchés de Colonels dans la nouvelle que dans l’ancienne
conftitution, 87. L'emploi de Colonel en fécond eft un noviciat, 180. Le
Colonel commandant ne doit point avoir de compagnie ni d’efeadron, 182. Son
pofte un jour de bataille, 183. La bonne ou mauvaife difeipline des régimens
eft la marque la plus fûre du degré de mérite des Colonels, 272. |
|
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Conseil de Guerre, fuppofé impoffible en France par les
détracteurs de tout ordre, 59. Premier projet de fon établiflement, 89-97.
Second projet, 98-109. Membres dont il doit être compofé, 92. Traitement
qu’il convient de leur faire, ioj. Un Confeil de guerre eût paré à tous les
maux qu’effuya la france au déclin de l’âge de Louis XIV, 119. Cet Etat en a
befoin plus qu’aucun autre, 121. C’eft au Confeil de guerre à infliger toute
peine grave, 145. Il doit décider & régler tout à la pluralité des
voix, 155. Lui feul peut donner de la ftabilité à l’état militaire, 309. |
|
|
|
Courtisans (les) employent tous les refforts de l’intrigue pour
empêcher la réforme des Carabiniers & de la Gendarmerie, 28
& fuiv. Ils ne s’occupent qu’à tromper leur maître
& l’égarer pour fatisfaire leur cupidité & leur ambition,
35. Ils réuffîffent à indifpofer entièrement le - Roi contre M. de St.
Germain, en lui fuppofant • -malignement le deffein de rétablir les Jéfuites
en France,40; ne craignent pas d’intéreffer la bonté & la
fenfibilité du Roi pour faire nommer Co-* lonels des fujets proferits par la
loi même que |
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|
|
des MATIERES. 319 |
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Sa Majefté venoit de ligner, 47;
envahiffent toutes les places, les grâces &c, & les plus
corrompus y ont la meilleure part, 54. Ils font peu propres à des fondions oh
l’inftrudion eft néceffaire, J7- Les courtifans qui trompent les Rois ou leurs
Miniftres font les afîalfîns des nations, 259. |
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Custine (M. de) excellent Colonel, 268. |
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D. |
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Décampemens. Les troupes ne font pasaffez ménagées dans les
décampemens, 249. A moins d’une approche fubite de l’ennemi l’armée de-vroi.t
toujours marcher une heure & demie après la générale battue, ibid. & fuiv. Ordre de
la marche 250.. |
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Dètachemens (les) font l’école où l’Officier & le
Soldat apprennent à faire la guerre, 178. |
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E. |
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Ecole Militaire (!’) tient plus de l’often-tation que de
l’utilité, 153. L’éducation des éleves n’eft point adaptée à leur fituation, ibid. |
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Entrepreneurs. On peut fe paffer d’eux, ■ 208. Ils
jettent le Roi dans des dépenfes immen-fes, 209; livrent des marchandifes de
mauvaife qualité, ibid.
Les fournitures pour les cazernes coûtent des fommes énormes, 211 ; ainfi que
les entreprifes pour les hôpitaux, 212. |
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Etapes (les) ne font bonnes qu’à enrichir quelques
particuliers, 234. U vaudroit mieux aug- |
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Sîo
TABLE ALPHABÉTIQUE |
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menter un peu la folde du Soldat, quand il eft en route, ibid. |
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Etat Major de l’armée. C’eft au Général à le former, 230. Il ne
doit être compofé que d’hommes qui aient de grands talens & de Fer*
périence, 231. |
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Etat Major des fortereffes (F) doit être peu nombreux dans les
grandes, & un Major fuffit dans les petites, 215. |
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Etat Militaire. Ses qualités & fes fins, 128.' C’eft à
la législation à l’animer & le vivifier, ibid. Il doit avoir des réglés fages & fixes, 130. Point
de moyen plus fûr pour le bien diriger qu’un Confeil de guerre, 131. Les
moeurs & la. religion font des objets trop négligés dans l’état
militaire, 132. C’eft du choix des Officiers que réfulte le bien ou le mal,
133 & fuiv. L’avancement ne doit pas dépendre de l’ancienneté
feulement, 134. Rien de plus pernicieux que la vénalité des emplois
militaires, 135. Diftindion abufive de la grande & petite nobleffe,
136. Les honneurs & la considération doivent être la principale
récompenfe du vertueux militaire, 139. Aux penfions qui doivent , être
abolies, doivent être fubftituées des gratifications modérées, 140. C’eft par
l’avancement . que doivent être récompenfées les aûions d’éclat, 141. Point
de retraite aux Officiers qui veulent quitter le fervice, 142. Traitement
qu’on doit à ceux qui ont épuifé leurs forces & leur fanté au
fervice, 143. Sort qu’on doit faire aux |
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|
Soldats |
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dbs MATIERES. 321 |
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Soldats qu’ils continuent à fervir après un pre» . . mier, un
fécond, un troifieme engagement, & à la fin de leurs fervices, ibid & fuiv. Le fore du
militaire doit être alfuré dès qu’il remplit lès devoirs, 145. Le pouvoir des
Commandans pour punir doit être limité, ibid. C’eft en occupant l’Officier & le Soldat qu’on les
empêche de donner dans tous les travers, 148. Une troupe bien dirigée n’a pas
befoin de vivriers, 149. Abus affreux des titres k 150. Dans l’état militaire toute fuperfluité doit
êtreprofcrite, 151 ; & toute oftentation, 153. La profeffion
militaire exige de l’étude & de l’application, 171. |
|
|
|
Exercices (les) trop multipliés & fujets à trop de
variations, 219. Le maniement des armes, quoique peu important, ne doit pas
être négligé, 220. Le point principal eft l’article du feu, 22 r.
Inftruftions à ce fujet, 222-227. Il eft effen-ciel que le Soldat marche
leftement, 228. Comment on doit l’y exercer, ibid. |
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T? |
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T ortïficatîons (les) font èn trop grand
nombre, 213. On hè dévroit jamais permettre de conftruirè de nouveaux
ouvrages fans utle néceffîté bien coûftatée, 214. |
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|
p |
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vJàleRes de terre (les) doivent être la peine des délits
graves» non atroces, 2ji. L’établis-fement en eft peu dispendieux»
& les efclaves vivront de leur travail, 252. |
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3» TABLÉ ALPHABÉTIQUE |
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Gardes extérieures, ou grand’ gardes. C’eft un mauvais ufagè de
les former de piquets de cous les corps de l’armée, 244. Il feroit plus fûr
& plus commode de les former par régimens ou |
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· ■
par brigades, 245. Leur deftinatidn eft d’ob-ferver
& avertir, ibid. Ce qu’elles doivent faire |
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|
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· ■
B elfes font attaquées, 246. Un camp eft mal gardé de la
maniéré qu’on les diftribue, ibid. Méthode qu’on devroit fuivre, ibid
& fuiv. |
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Général de l’armée (le) doit être libre de choifir fes
coopérateurs, 230. Il eft défigné par l’eftime & la confiance des
troupes, 232. Il ne doit pas être maître de changer l’ordre général du
fervice de campagne', 240- Un de fes principaux talens eft de favoir
conferver fon armée, 249.
. |
|
|
|
Généraux. (Officiers) Qualités qui leur font indifpenfablement
néceflàires, 232. Il faut fe garder dé trop multiplier dans une armée les
Généraux particuliers, 233. |
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Germain, (le Comte de St.) Son ftoïcifmedans l’infortune, 5 & fuiv. L’ambition
n’entre pour rien dans l’acceptation qu’il fait du miniftere de la guerre, 6.
Des contradictions fans nombre lui font préférer le repos, 7. Il confacre fon
loifir à rendre compte du plan de fon administration, ibid. avoue qu’il a. eu tort de
fe décourager, 9. Son accueil à la cour quand il eft appelé au miniftere, 10;
eft tenté de fe démettre dès fes premiers entretiens avec. M. de Maure-pas, 12. Les excellentes qualité» du Roi l’em- |
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|
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d E « MATIERES. 313 pêchent de lé faite, ibid. 11 commence inal le grand ouvrage de la réformation qu’il
méditait» ■parce qu’il eft - trop confiant, 13. On fe fait un jeu de
divulguer fes vues & de lui préparer de# obftacles, ibid & fuivv Trompé de
ceux qui l’environnent, il appelle près de lui un Officier général d’un rare
mérite, 14, Après un long entretien; avec cet officier, il lui demande fon
avis par. écrit fur lé projet de réforme qu’il mé» dite, 15. Plan qu’il en
reçoit, 16-24» .Réfolu de le fuivre, il trouve des oppofitions de toutes
parts, 26. L’auteur même du plan lui confeille d’y renoncer, 27. Inconvéniens
qui réfultent de fon manque de fermeté, 28» Riçn ne' lui coûte
plus'd’embarr^. que l’arrangement .des Vi* vres, 29» Il nappe, le marçhé des
finir âges, 33» C’eft- au moyen des changemens qu’il fait dans ces deux
parties qu’il procuré aux troupes "Une augmentation de folde, 34. U foie
rendre au Roi uàe ordonnance qui fupprime les Infpeûeurs, 38» L’école des
aumônier s Yert de prétexte à fes ennemis pour perfuaderà Sa Majeûé. qu’il
favorite leà Jéfuitesr 4©» Proteftations Contre cette calomnie, ' 41» Ne fâchant
comment d^* brouiller le cahos des Colonels, il en.abandonne le foin au
Prince de Montbarey, 44 & fuiv.. Le choix des Colonels lui attire
des reproches fans nombre , 47. H confie l’arrangement de l’Artil-lerie-à-M.
de Gribauval, 55. C’eft au corps.du Génie qu’il voudroit que fuffent
affignéeslesfonc-«ions des états majors, de l’armée, 57» Il s’ap» |
|
|
|
X a |
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3H TABLE ALPHABÉTIQUE |
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plaudit beaucoup de l'arrangement & de la com*
pofition des bureaux, 58 ; il fe repent vivement de n’avoir pas formé un
Confeil de guerre, 59. Changement utile dans les Invalides, 60. Il vouloit
qu’on pourvût à la fubliftance des femmes & des enfans des invalides
mariés, 62. Son projet pour les hôpitaux étoic différent de celui qu’il a
fuivi, 63. Son arrangement pour faire un fort aux veuves des Officiers eft
rejeté, 64. Moyen qu’il propofe pour avoir un dépôt de 30000 chevaux toujours
prêts, 65. Sa réponfe à un
mémoire d’un Officier général qui prétendoit que la compofition de la
cavalerie étoit la meilleure, parce qu’elle employait plus d’officiers,
68-79. U démontre l’ignorance ou la mau-vaife foi de ceux qui difent que le
Roi n’a plus d’armée après les changemens qu’il a faits, & que la
noblelfe a moins de débouchés, 79-87. C’eft à lui qu’eft due la profcription
de la peine de mort contre les déferteurs, 87. Il a éteint les dettes dé fes
prédéceffeurs & laiffé près de .fix millions dans les cailles, ibid & fuiv. Il eft
d’avis de créer un Confeil de guerre, 88. Projets en conféquence, 89-108. 11
défigne nommément les membres de ce tribunal, no4 fuiv. Ce qu’il penfe de M.
leC. deBroglie, na; de M. le Mis. de Voyer, 114; de M. le Bon. de Wurmfer, ibid. Pourquoi il n’a pas débuté par l’établiflèment.du Confeil de
guerre, 124 & fuiv. Il fe laiffe entraîner à la demande d’un
Directeur, 12J. Mémoire qui décida le Roi à |
|
|
|
le nommer Secrétaire d’Etat du département de la guerre ,
128-254. Confeils qu’il donne à la jeune nobleffe qui fe deftine à la
profeffion des armes, 254-255. Il fe laiffe trop intimider par la proteâion
de la Reine, 280. La France le regardoit comme fon ange tutélaire, 307. La
grande révolution qu’on attendait de lui n’a pas lieu, parce qu’il commence
la réformation en détail, ibid. Cette erreur, toute grande qu’elle étoit, pouvoit fe réparer
avec du courage, 308. Le premier mal eft fa manière d’opérer fur la jnaifon
du Roi, mal qui s'aggrave prodigieufe-inent par fon effet fur les corps
privilégiés, ibid. Foibleffe
qu’il a eue de s’affocier un homme élevé dans des vues contraires aux
tiennes, 309. Effets funeftes de ce choix, ibid & fuiv. Marche fîmple qu’il doit fuivre pour
remédier à tout lé mal, |
|
|
|
■Gouvernèrent intérieur des régimens.- Chaque corps de
troupes doit former une famille, & fournir lui- même à tous fes
befpins, 194; avoir fa caiffe particulière^ 195 i faire des réfer-ves, 197 ;
& pourquoi, 198. |
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Gribauval (M. de} auteur de l’arrangement de l’Artillerie, 55 ;
indifpenfablement néceffaire dans le Confeil de guerre, 120, |
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Guelb (M. de} un des officiers généraux qui manifefte plus de
talons diftingués, 122. |
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Guider t (M. de) a le courage, malgré le danger qui en réfulte
pour lui,de propofer le plan.qu’on fuit aujourd’hui pour les vivres, 30. |
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*3 |
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GuiKtr (lé Duc dé) eft Un des huit Maréchaux de camp le plus
capables de remplir avec fuccès Une place dans le Conleil de guerre, né. |
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H. |
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JEIaussonvie.ee 0e Comte d’) remplira avec fuccès une place de Maréchal de camp
dans le Confeil de guérré, il6. |
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Hôpitaux militaires (les) coûtent prodigieufe-ment, 211. Dans
les greffes garnirons, au lieu d’entrepreneurs qui pçnfent d’abord à faire
leur fortune,.on devrait prendre un eccléfiaftique ou un religieux pour
adminiftrateurs, 2x2. Dans les pétiteé, les régimens peuvent eux-mêmes
foigùer leurs malades ,213, |
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|
Impératrice-Reine (F) remplace le Maré-. |
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|
‘ chai Dàun, par M. de Lafby, fans plaintes ni - réclamations,
quoiqu’il ne fût pas à portée d’être Feld-Maréchal, in. Elle tire de la
Hongrie des elfains de' troupes légères, auxquelles elle eft obligée
d’oppofér d’autres troupes-de la même efpeçe pour îes'téprimer, 175. |
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Infanterie (les régimens d’) né doiv’ent être que de deux
bataillons, 178. Avantages de cette réduction, ibid. Leur compofition, 185. La compagnie de Grenadiers, ibid. La compagnie |
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' Colonelle, ’X87; la compagnie ordinaire, i8p; la compagnie
des ChafTeurs, xpo; la compagnie auxiliaire,'iàid.
.
. |
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Inspecteurs. Leur principale fonction eft , lors • de leur
revue, de régler avec les Colonels & les Officiers de l’état major
les changemens & rem-placetnens d’Officiers qu’il convient de faire,
146 ; ils doivent auffi examiner l’état des cailles & de leurs
geftions pour en rendre compte au Miniftre de la guerre, 196. |
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Invalides (les) trouvoient à l’hôtel la mifere
& l’opprobre au lieu de I4 CQuTolation que l’Etat doit à leurs
fervices, 60. C’eft l’oftentation plus que la bienfaifance qui leur a bâti ce
fuperbe édifice, 153. |
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|
L. |
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JL a M b e r t (le Marquis de) déügné un des premiers pour être
Maréchal de camp, 123. |
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Lettres intéreflàntes d’un Officier général, relatives à
l’adminiftration militaire, avec les minutes des réponfes, trouvées dans les
papiers de M. le Comte de St. Germain, 258-314. |
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Loix (les) doivent être bien combinées avant d’être
promulguées, 267.. II. n’eft pas poffible de les faire refpecher, fi on peut
leur oppofer une impoffibilité évidente de s-’y conformer, ibid. Le . peu de cas ,qu’on en
fait dans la plupart des . divifions, 270. La difcipHne ne peut fe rétablir
.f^ns quelque grand exemple de féyérité, 271. |
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Louis XIV. avoit pour Miniftres des hommes de robe, &.fon
régné.fut brillant, 118. Un ÇonÇeil de guerre eût paré aux incqnvépiqps de
l’aff^fe-.. ment où il tomba les dçrpjeres^ggées de fon "X4............. |
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régné, 119. Il mettoit plus de magnificence que d’utilité dans
fes étabüffemens, 153. |
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Louis XVI. Qualités adorables de ce Prince, 12. On abufe de fa
bonté pour lui feire facrifier le bien de fon fervice, peut-être la gloire de
fon régné, aux avantages de quelques iudividus particuliers, 13. Son
intention eft de réformer les Carabiniers & la Gendarmerie,
& on l’en détourne, 28. Les malveillans lui donnent des impres-fions
défavorables de M. de St. Germain, 29, Ce Miniftre lui propofe envain de
fupprimer les grandes charges de la cavalerie,après lui en avoir démontré les
abus, 35. R ai fon de foi) refus, ibid. Il jette à peine un coup d’œil fur un mémoire raifonné
touchant cette fbppreffion, & perfîfte plus fortement dans fon
refus, 36. Après avoir examiné & approuvé une ordonnance qui
détrur-foit les abus des charges attachées à ees grandes places, il ordonne
de ta fuf|)endre le jour qu’elle devoit être diftribuée, & la
fuprime enfuite d’autorité, 37. H rend une ordonnance qui fuppritne les
Infpefteurs, 38; On réufiit à lui perfuader que M. de St. Germain penfe au
rétabtiftement des Jéïbites en France, 40. Par fon autorité absolue il fait
rétablir les officiers des Gendarmes de la garde & des
Chevaux-légers, fupprimés un an auparavant, 54. 11 devroit pour le bien de
fon fervice ne plus exclure les Lieutenans de cavalerie & de Dragons
du grade de Capitaine, 77. II eft le plus digne des Rois & le
meilleur des gommes, 2jé. Un mot de fe beu- |
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chc ou deux lignes écrites de fa main
fuffi. roient pour exciter le: plus grand zele dans fes officiers, 265. Il ne croit pas
qu’il foit néceffaire de remercier un officier de ce qu’il a bien rempli fes
devoirs, 269. Point de pallions à combattre en lui, 279. Toutes les vertus qui forment les grands Princes,
font dans fon ame, 304. |
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J. o u v o 1 s. (M. de) C’eft fous fon
minifiere que la France
a eu la meilleure difcipline dans le militaire, & les plus glorieux
fuccès, 118. Lanaturq çft avare d’auffi grands hommes, 119, |
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' M, |
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.K^aillï. (le Comte de) Meption honorable qu’on, fait de lui,
264. |
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Maurepas. (Iç Comte de) Portrait que foit de lui M. de St.
Germain, 11. |
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Melin. (M.) Mention diftinguée qu’en fait M, de St. Germain,
58. |
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Milices, Pourquoi établies, 166. Comment on les doit'employer,
167. |
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Ministres (les) trouvent fans ceffe des obfta’ clés au bien
qu’ils défirent foire, 8. Ils devroient fe roidir contre les difficultés, ÿ.
Ils ont trop à foire pour
voir tout par leurs yeux, 259, Egarés fans ceffe par les haines
& les pallions de ceux qui les environnent, les injuftices qu’ils
font ne doivent pas leur être imputées, ibid. Vue faute eft de moindre copféquençe pour un |
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çjjo TABLE ALPHABÉTIQUE |
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^iaiAre qu’un ridicule, 262. Son adminiftratioa ne peut être
utile ni éclatante fans, l’avantage de l’ppinion pqblique, #id. Un des
devoirs effentiels . d’un Mi#rç éft de juger , les hommes fins pas* fion ni,
prévention, pour en donner au maître l’opinion qu'il en, doit avoir ,301. |
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M1 r a n, (le Marquis de) Maréchal dç camp, remplira avec
fucçès. dans le Confeil dç .guerre les . fçpdion^ affectées à fon grade, 116. |
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,M on tb.&ps y (le Prince de) eft chargé du choix des
Colonel?, 46 ; fait Directeur du.département de la guerre, 126. Danger que
court M. de St. Germain en fe l’affociant, 309. |
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Mot. (le) Oh, quand, & par qui fl doit être donné,
244. |
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Musique militaire. Pourquoi introduite, 184. Abus à cet égard, ibid. Les inftrumens-doivent
être très-bruyans, très-aigus & de différentes efpeces, 185. |
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N. |
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arbonne ^ritelard (M. de) a mani-. -fefté des talenç
diftingués, 122. |
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Noblesse. Diftinétion pernicieufe entre celle de. la. Cour
& celle des Provinces, 45. Celle-ci n’a rien, quelque chofe qu’elle,
mérite; tandis ,que l’autre a tout, fans rien mériter, ibid. Con-feijs à .la jeune nobleffe qui fe deftine(au fervice. |
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Ü esM A T I
E R E S. 331 |
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0. |
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Officiers. Le nombre en étoit trop grand avant la nouvelle
conftitution, 68. Il n’en faut que pour conduire & faire agir les
troupes, 69. Le grade
d’Officier perd de fa confédération pour être trop commun ,71. On n’eft pas
allez difficile en France fur le choix, ibid. Du tems de M. de Turenne de grands Seigneurs étoient fim. ■pies Capitaines, 72. La
multitude d’Officiers eft venue de la vénalité des emplois militaires, 73. Combien il
eft effentiel de les bien choifir, 134. Qualités qu’ils doivent avoir, ibid. Dans leur état tout eft
capital, 171. On ne devient bon Officier que par h pratique, 231. C'eft par la faute
& le mauvais exemple des Officiers que Je
Soldat s’écarte dé fon devoir, 271, |
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P- |
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Patrovuli! (les) f°nt de peu de fecours* 248. |
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Paul (M. de St.) de tous les chefs des bureaux le plus
diftingué, réunit en- fa faveur tous les fuffrages du publics de Farinée, 58. |
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psziï (M. de) homme d’efprit,! intriguant ÿ dangereux, abufe.de
6 feveur pouTrembarrafler toutes les opérations qu’il tfapprQuye<pasa 32. |
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Président du Confeil de guerre (le) doit être un militaire
confommé, 155. Il n’a qu’une voix excepté dans le cas où elles fe
trouveroient également partagées, ibid. travaille avec le Roi, ibid. a droit de régler les jours où le Confeil <Joit
s’affembler, & peut même le convoquer quand il le juge néceffaire,
162. Après l’avis du Confeil il préfente au Roi les papiers qui concernent
les affaires qui doiveqt être portées à fa décifion, 1^4, |
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Prusse, (le Roi de) Ses armées n’ont une fi grande fupériorité
fur celles de l’Europe que parce que fa çonftitution militaire eft la même
depuis foixante ans,52. Comment il fupplée à la foiblefie de fon infanterie,
173. C’eft en prévenant fon ennpmi qu’il a eu des avantages dans la derniere
guerre, 238. |
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|
Puysegur (M. de) un des huit Maréchaux de camp le plus capable
de remplir avec fuccès une des places affrétées à, ce grade dans le Confeil
de guerre, nff. |
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Réformes. Maniéré de les faire, 174.. C’eft un grand abus de
réformer des corps envers, ibid. |
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Régi mens à privilèges (les) devroientavoir des garnifons Où
ils fuflfent feuls, 276. |
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Reine (la) fon caraâere de bienfaifance l’entral-- ne à
protéger, & quelquefois fais examen, 2.80. •Sa, gloire
& celle du Roj foatinféparables, ibid,. |
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Rochambeau, (M. de) homme plein d’honneur, de probité &c,
feroit d’une reffource pré-cieufe dans le Confeil de guerre, 121. C’eft fur
lui qu’on devrait jeter les yeux, fi l’on vou-loit prendre dans le militaire
un Secrétaire d’Etac raporteur, ibid. |
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Russes (les) ont des moulins & des fours portatifs
très-commodes, 209. |
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S. |
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S A ij s (le Baron de) chargé par M. de
-St. Germain de rédiger l’ordonnance du fervice des places, eft jugé feul
capable de donner une forme avantageufe à cet ouvrage important, 43. On
devrait l’élever au grade de Maréchal de camp, ■ 123. |
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Sarsfield (M. de) doit être choifi pour être un des huit
Maréchaux de camp du Confeil de guerre, 116. |
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S® vin. (M. de) M. de St. Germain fait de lui une diftinélion
marquée, 58. Si le Confeil de guerre eût eu lieu, il l’aurait deftiné à être
un des raporteurs du travail des bureaux, 59. . |
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|
|
Soldat, (le) s’il n’eft furveillé, fe libertine, donne dans
toute forte d’excès & périt ou défera te,. 169 & fuiv. Le
prix de l’enrôlement doit être fixé, 201. Dans fon habillement on doit-avoir
furtout fa confervation en vue, 202. if faut exercer beaucoup fes jambes,
228. Le repos le détériore & l’oifiveté le perd, 235. Il oe devroit
être cazerné qu’en hiver, ibid. Il eft |
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· 334- TABLE ALPHABETIQUE naturellement plein de courage, de bonne-volon* té,
d’intelligence, 271. |
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Staïnville (le Comte de) à beaucoup d’ex* périence
& de lumières, joint des talens qui doivent un jour le -conduire au
commandement des armées, 120. Severe, mais jufte, il feroit un excellent
membre du confeil de guerre, ibùL |
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T. |
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Troüpïs légères (les) devaftent la terre, embarraffent,
affament les armées, 175. La France n’en peut avoir, ni autant, ni d’auffi
bonnes que fes ennemis, ibid, Elles font inutiles les
Jours de bataille, 176. |
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Turenne. (M. de) L’époque la plus brillantedu i militaire
françois eft lorfqu’il étoit à la tête des I armées de France, 72. |
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· V. |
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· V.ce-Président du Confeil de
guerre (le) doit être un homme de loi, 156. Ses- fonctions, ibid. |
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Violmenil (le Baron de) a des taleaa difon-gués & a
bien fait la guerre, 122. |
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Vogué, (le Comte de) mention honorable qu’on en fait, 264. Son
autorité méconnue, 274. |
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Voyer, (le Marquis de) homme à grand caractère,
éclairé, brave, intrépide même, doit- un jour
jouer un grand rôle, indépendamment de tout ce qu’on dit de fa morale, 114. |
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dss MATIERES. 335 |
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W. |
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W imîfïn, un des Maréchaux- de camp dé-fignés pour remplir avec fuccès une des huit
places affectées à ce grade dans le Confeil de guerre, n(5. |
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Wursmer fie Baron de) joint a beaucoup d’ex- • périence une
valeur brillante & conftatée par beaucoup de faits, 114. De tous les
Officiers-généraux il eft le plus propre au gouvernement d’une grande
province, 115. Sa religion n’y doit pas être un obftacle, ibid. |
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E |
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Page 30 |
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31 |
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80 |
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n< |
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CATALOGUÉ;' |
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CînipV» du Maréchal de Maillebois en Weftphalie, l’an 1741
& 174a. Celle des Maréchaux de.Broglie & de Belle-Ifle- en
Bohême &en Bavière, en 1741, 1742, i?43» & celle du Maréchal de
Broglie feui en Bavière, en 1743. Contenant les Lettres de ces Maréchaux
& celles de plufieurs autres Officiers-Généraux, au Roi & à
Mrs. de Breteuil & d’Argenfon, Miniftres au Département de la Guerre
: Recueil très-intéreffant & d’autant plus digne de l’attention du
Public, qu’il a été formé fur les Origi-hsux, qui fe trouvent au Dépôt de la
Guerrè de la Cour de France. 12. 10 vol. Amf. 1773. à / 12- 10-0 d’Hollande. |
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|
■ ----Duc de Noailles en Allemagne, l’an 1743* Contenant
les Lettres de ce Maréchal & celles de plu-fleurs autres
Officiers-Généraux, au Roi & à Mr. d’Argenfon, Mtniftre au
Département de la Guerre. 12. 2 vol. ibid. 1760. à
/2-100 |
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|
................ > ■ de Coigny, en 1743, 1744,
ôte. |
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|
12. 8 vol* ibid, 1761.
/
8 - 0-0 |
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, ......... .
1 r de Villars en Allemagne, l’an
1703. |
|
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|
12. 2 vol, ibid* 1762. à
jT
a - 10-0 |
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- ——....... ■— de Marfln en Allemagne, du Duc |
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de Villeroy, & du Marquis de Bedma en Flandres, l’an
1704 » 3 vol, ibid. 1762.
à
/
3 - 0 ; 0 |
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|
— de Taillard en Allemagne , 1 an |
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1704. 12. 2 vol. ibid. 1763. À
.
^2"
Vi”-® |
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|
Hiftoire de la Guerre des Baiaves & des Romains, d
après Céfar» Corneille Tacite, &c. avec les Planches d’Otto Vænius,
gravées par A. Tempelta, mort en 1630. Rédigée par le Marquis de St. Simon
& accompagnée de Plans & de Cartes nouvelles, fol* 1 vol» fig» ibid. 1770. à
/
25-0-0 |
|
|
|
Hiftoire de la Guerre des Alpes, ou Campagne de 1744, par les
Armées combinées d’Efpagne & de France, commandées par S. A. R.
l’Infant Don Philippe & S. A. s. le Prince de Conti; où l’on a joint
l’Hiftoire de Conti, depuis fa fondation, en xiao, jusqu’à préfenc, par Mr.
le Marquis de St. Simon.Aide de Camp, de S. A. S. le Prince de Conti. 4.1 vol. fig. ibid. 1772. à f 6 - o - o Les Lyonnoifes
protectrices des Etats Souverains & confervatrices du Genre-Humain,
ou Traité d’une Découverte importante & nouvelle fur la Science
Militaire & Politique. Dédié aux Rois & aux Princes, par Z. de Pazai Bonneville $ avec 10
Planches en taille douce. 8. 1 yol. 1771. à
/
3 - ô - o |
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|
Mémoires fur les Campagne d’Italie en 1745 & 1746,
auxquels on a joint un journal des mêmes Campagnes, tenu dans le Bureau de M.
le Maréchal de Maillebois avec une explication de tous les paCages
& cols du Dauphiné Verfants en Savoye & en Pie* mont, grand
in douze, 1 yol. Amfi.
1777. à /1 1 iq. |
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On trouve chez MaRd-Michel Rey, Libraire
à Amllerdami Phiftoire de la Campagne en 1769
entre les Rulfes & les Turcs* travaillée fur les Mémoires très
authentiques; les Cartes & Plans font des copies exactes
& fidelles de ceux-mêmes qui ont été dreifés alors fur les lieux par
ordre du Chef commandant de l’Armée. 8vo. 1 vol. 1774. à / 6 : - |
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|
Recueil de Lettres de S. M. le Roi de Prufle, pour fervir à
l’Histoire de la Guerre derniere. On y a joint une Relation de la Bataille de
Rosbach, & pluGeurs autres Pièces qui n’ont jamais paru. Le tout
enrichi de Notes , par un Officier-Général ail Service de la Maifon
d’Autriche# 12. 2 parties 1773. à / 1 - o - 0 |
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R |
R A |
T |
A. |
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Ligne 24 |
d’une |
lizez |
d’un.- |
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13 |
devoir |
-—* |
d’avoir. |
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11 |
qu’ils |
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qu’iL |
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18 |
en |
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eft. |
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